Les confidences de Teo: "Les matches sans but me faisaient mal"
Lukasz Teodorczyk revient sur sa crise de confiance et son retour en grâce. "Je n’aurais pas une conversation comme celle-ci si je ne te faisais pas confiance."
- Publié le 30-03-2018 à 06h59
Lukasz Teodorczyk revient sur sa crise de confiance et son retour en grâce. "Je n’aurais pas une conversation comme celle-ci si je ne te faisais pas confiance." Lukasz Teodorczyk n’aime pas la presse. Aucun média belge n’a pu discuter avec lui en face-à-face. En Pologne peu le peuvent.
C’est le cas de Pawel Kapusta du média Wirtualna Polska qui nous a transmis son dernier entretien avec l’attaquant polonais. Best of.
Le retour en grâce de Lukasz Teodorczyk date de la rencontre face à Mouscron. "Quand j’ai inscrit mon hat-trick, j’ai ressenti une forme de soulagement mais je ne dirais pas que je me suis libéré d’un poids. Je suis simplement à nouveau sur le bon chemin. Comme si tout était redevenu normal. C’était une question de temps car l’an passé j’ai prouvé que je pouvais marquer même quand les situations étaient plus complexes."
Il n’explique pas le fait d’avoir retrouvé le chemin des filets. "Je n’ai pas changé mon comportement. Je fais exactement la même chose qu’avant. Jamais un entraîneur ne m’a appelé pour me dire ce que je pouvais et ne pouvais pas faire. Tous les attaquants connaissent des passes plus difficiles. Je n’ai rien modifié dans mon quotidien. Il y a juste des moments où tout tombe du bon côté. Je pouvais tirer à côté et ça rentrait quand même. Là, j’ai eu une période où le ballon touchait le poteau et ressortait."
Son entrevue avec Marc Coucke semble avoir porté ses fruits. "Il m’a donné de la confiance. Il m’a soutenu et félicité. Il a montré qu’il croyait en moi. Les fans ont aussi été très importants. Ils ne m’ont jamais lâché. Pareil pour les membres du club."
Il ne cache pas être soulagé d’avoir retrouvé le chemin des filets mais également du timing de son retour aux affaires. Vu la Coupe du Monde qui arrive, Teo préfère avoir connu un creux qu’être en plein dedans.
"Le plus important est que je sois revenu, que je marque à nouveau. Je suis aussi plus régulier qu’avant. Durant une longue période, on ne me craignait plus. Mon retour en forme est survenu à un moment idéal. En retrouvant le chemin des filets, j’ai également repris confiance en moi. Ce sera nécessaire pour obtenir un ticket pour la Coupe du Monde."
Il avait perdu cette confiance et commençait même à perdre patience. "Je suis ambitieux. Les matches sans but me faisaient mal. J’étais agacé que rien ne vienne."
S’il prend l’entière responsabilité de son long coup de mou, il affirme que les choses ont changé pour lui. "C’est devenu plus difficile", confesse-t-il. "J’ai deux, parfois trois défenseurs sur le dos. Nos adversaires savent ce que je peux faire. Ils veulent me faire sortir du match. Je concentre leur attention, ce qui laisse de la place à mes équipiers."
La déclaration : "Il y avait des offres cet hiver mais je n’en dirai pas plus car je n’ai pas quitté Anderlecht. Ce genre de chose ne me perturbe pas"
"Ma maman n’ose plus regarder mes matches"
Lukasz Teodorczyk l’affirme : "Je ne parlerai plus jamais de mon enfance".
"On pense souvent que je suis un robot mais cela ne m’affecte pas. Les gens qui me connaissent savent que je suis un gars joyeux avec un bon sens de l’humour. Je peux aussi être désagréable, oui. Tout ce qui compte, c’est l’image que je renvoie à mes proches."
Lukasz Teodorczyk résume en quelques mots ce que tout le monde pense de lui. C’est juste un mec qui se fiche de son image publique tant que son entourage et ceux qui comptent l’apprécient.
Sa communication vers l’extérieur est complètement absente. Les réseaux sociaux, les médias, les interviews : très peu pour lui. "Je n’ai pas besoin de tout ça pour être heureux. Je ne me battrai pas si on écrit des choses fausses à mon sujet. Je considère que je dois être jugé pour mon jeu, pas pour mon comportement au quotidien. Je n’ai pas besoin de montrer que je donne de l’argent à des orphelinats. Quand je le fais, je ne vais pas le dire aux médias."
Il nourrit même une haine vis-à-vis des journalistes depuis qu’un journal a révélé des moments de son passé, notamment sur son père alcoolique. "Quand l’article a été écrit, j’étais jeune et je débutais ma carrière. Je n’étais pas prêt à ce que certains faits de ma vie privée arrivent dans la sphère publique. Ma famille n’était pas prête non plus. J’ai été voir le journaliste avant la publication et je lui ai dit que je n’étais pas d’accord. Il nous a trompés en cachant son enregistreur quand il parlait à ma mère. Il a dit qu’il publierait avec ou sans mon accord. Je ne reviendrai plus jamais sur mon enfance difficile. Ce n’était pas le meilleur moment de ma vie et de celle de ma famille en général. On ne peut pas fuir le passé et ces années m’ont façonné en tant qu’être humain. Depuis, je sais que je donnerai toujours tout pour les miens."
Il a d’ailleurs plusieurs fois retardé son départ de Zuromin, sa ville. La raison ? "Je l’avais promis à ma mère. Je devais rester à ses côtés et l’aider le plus longtemps possible."
Depuis, le compte de Teo a vu des zéros s’ajouter à la banque. Il n’a pourtant pas changé d’entourage et clame avoir toujours les mêmes amis. "Se rapprocher de moi est difficile. J’ai dû mal à faire connaissance avec un étranger."
Il est resté proche de sa maman qu’il visite régulièrement. "Et ma sœur habite tout près. J’aime revenir à la maison."
Il est régulièrement en contact avec ses deux frères. "J’appelle ma maman après chaque match. Elle ne peut plus les regarder car elle stresse trop. Elle habite toujours dans la même maison. Je lui ai proposé d’en acheter une plus grande mais elle n’a pas accepté. Elle y est attachée."
La déclaration : “L’histoire du doigt d’honneur aux fans de Bruges ? Je l’ai fait en réaction au comportement de supporters adverses. Je me suis laissé provoquer. Les fans nous ont lancé des objets et de la bière. Et j’ai réagi. J’ai expliqué à René Weiler pourquoi je me suis comporté de la sorte et l’affaire était réglée”
L'équipe nationale : "Le combat est féroce"
Lukasz Teodorczyk a effectué son retour dans le groupe de la Pologne pour les deux dernières rencontres amicales de son équipe nationale. Il n’était toutefois, faute de matches de référence, pas repris pour les matches de novembre. "Avant que l’information ne me soit transmise, je me suis dit que ça pouvait arriver", dit-il. "Ça m’aurait fait mal de ne pas être appelé si à ce moment-là j’étais en forme et que j’enchaînais les buts. Mais vu la situation, c’était assez clair." Surtout vu la concurrence à son poste en pointe de l’attaque. "Le combat pour la Coupe du Monde est féroce. Cette trêve internationale ne décide pas de la liste. J’ai encore dix matches de championnat devant moi et tout peut encore arriver. On sent déjà une certaine ferveur. Dans les clubs, on commence à parler du Mondial. Beaucoup de nos équipiers disent que le groupe de la Pologne est le plus difficile. Il faudra respecter nos adversaires tout en sachant qu’on a de la qualité dans le groupe."