Le vrai Kums est de retour: vas-y Sven, lâche-toi!
Par Romain Van der Pluym
- Publié le 09-10-2018 à 08h05
- Mis à jour le 09-10-2018 à 10h21
Par Romain Van der Pluym
Sven Kums aurait-il lu La DH de ce samedi ? Dans celle-ci, Denis Odoi, qu’il a connu lors de sa formation à Anderlecht, disait : "Si j’étais à Anderlecht pour l’instant, je viendrais dire à Kums qu’il est le patron de cette équipe." Visiblement, les déclarations du joueur de Fulham ont retenti jusqu’au Gaverbeek où Sven Kums a livré un match plus que correct. Et ce n’était plus arrivé depuis longtemps si on excepte le déplacement à Trnava où il faisait partie des moins mauvais Bruxellois. On y a revu le Kums de certaines rencontres la saison passée. Il a été chercher les ballons très bas pour donner la première impulsion au collectif. Il a monopolisé pas mal de fois le cuir et l’a souvent porté pour créer le décalage. Kums a fait du Kums de base en soi. Donner le ballon, mettre du rythme et offrir des solutions. C’est une de ses forces : ne jamais rester sur place après une passe. Quand il lâche le cuir, il enchaîne avec un mouvement pour s’isoler. Quelques pas qui ne coûtent pas d’énergie mais qui offrent toujours une possibilité de passe.
Ce mouvement, c’est celui d’un Kums qui ne veut pas se cacher, qui veut reléguer Yevhenii Makarenko au rang de remplaçant et Adrien Trebel à celui de travailleur. Le Français disait que Kums et lui ont le même profil. Pas d’accord. Trebel est davantage dans le travail et le combat que Kums qui doit se comporter comme un esthète du football. Le réduire à un simple récupérateur n’est pas une bonne idée. Il doit certes se mettre au service du collectif par son travail en perte de balle, à son positionnement sous le cuir. Mais il doit surtout servir les autres par ses passes. Sven Kums doit devenir à Anderlecht ce qu’était un Steve Nash à ses franchises NBA : un distributeur hors pair à presque neuf assists par match au long de sa carrière qui n’oubliait pas pour autant son travail défensif. Nash volait des ballons comme personne (sept interceptions par match). Kums ne doit pas oublier cet aspect de son jeu.
On attend toutefois de lui qu’il se tourne surtout vers l’offensive. Il comprend mieux que personne le jeu d’Hein Vanhaezebrouck. À La Gantoise, il surgissait toujours de la deuxième ligne pour offrir un appui aux joueurs de flancs. En deux touches, il balançait une galette sur l’autre flanc. Exactement comme dimanche soir lorsqu’il a ouvert vers la droite un jeu bouché à gauche sur le deuxième but de son équipe. Doit-on lui donner les clés du jeu ? Du jeu de construction, oui. Il est parfaitement entouré avec Zakaria Bakkali qui sait faire la différence à coups de dribbles, Pieter Gerkens grâce à ses courses et Adrien Trebel par son travail et son abattage. Il n’a plus qu’à faire son truc, à se libérer et à les alimenter en bons ballons. Et pour cela il doit se lâcher. "J’essaie toujours d’attirer le ballon, de me montrer dominant", a-t-il dit après le match. Il faudra encore aller plus loin que ça car l’opposition ne se nommera pas toujours Zulte Waregem.
On émet deux réserves au sujet de l’importance du Dilbeekois. Il a montré beaucoup d’inconstance depuis qu’il est arrivé à Anderlecht. Ça n’allait clairement pas avec René Weiler et il ne s’en est jamais caché. Même l’arrivée d’Hein Vanhaezebrouck n’a pas su lui faire retrouver son niveau pré-Udinese. À Gand, même quand il était moins bien, il arrivait à aider son équipe. Ce n’est pas le cas depuis qu’il est à Anderlecht. Sans constance, il ne pourra pas réclamer le statut de leader. Il faudra aussi analyser l’impact que ça pourrait avoir sur Adrien Trebel. Anderlecht a fait de lui son leader technique, un statut auquel le Français n’aurait pas eu droit dans une équipe qui tourne. Trebel a une bonne vista et une bonne passe mais pas au niveau d’un Kums à 100 % de ses capacités et de sa confiance. Dimanche, le capitaine anderlechtois a dû s’effacer au profit du numéro 20. Hein Vanhaezebrouck dit que c’est avec eux deux qu’Anderlecht est le plus fort. Mais s’ils ne trouvent pas l’équilibre, l’un des deux devra se sacrifier au profit de l’autre. En fin de saison dernière, c’est Kums qui a travaillé pour Trebel. Le coach est-il prêt à inverser la tendance ?