Kompany, Vercauteren, son prix, l'équipe nationale: les confidences de Michel Vlap
Michel Vlap, l’homme de 8 millions, connaît la raison du petit creux : "Kompany a raison, je voulais trop faire."
- Publié le 19-10-2019 à 08h30
- Mis à jour le 19-10-2019 à 14h12
Michel Vlap, l’homme de 8 millions, connaît la raison du petit creux : "Kompany a raison, je voulais trop faire." Avec ses 8 millions, il est le deuxième joueur le plus cher de l’histoire du club, après Nicolae Stanciu (10 millions). Mais contrairement au Roumain, Michel Vlap n’a rien d’une star. Une vedette aurait annulé l’interview, vu qu’il se sentait un peu malade et ne s’est pas entraîné. Et une vedette n’aurait pas attendu pendant dix minutes notre photographe, qui s’était perdue dans les catacombes du Lotto Park.
Sa gentillesse a failli lui coûter une contravention, parce qu’il était garé dans la rue en face du stade, alors que la politique de stationnement de la commune ne le permet pas. Vlap a pu remercier la patronne de la taverne Green Park de l’avoir averti tout juste à temps. "Je ne connaissais pas ce règlement", s’excuse Vlap.
Et pour le reste, vous vous adaptez à la Belgique ?
"Oui. Je vis dans le centre de Bruxelles. Les gens me reconnaissent déjà, avec mes cheveux blonds. Quel changement par rapport à la Frise, où c’est le calme plat. J’avais 15 ans et j’étais supporter de Heerenveen quand Sven Kums y était le patron de l’entrejeu. Au début de cette saison, il m’a dit : ‘Chouette club, Heerenveen, mais qu’est-ce que c’est mort en Frise !’ Il a raison. (Rires) J’aime Bruxelles. Même si Claire, ma compagne, doit se lever à 6 h 30 pour être à temps à ses cours à Malines, à cause du trafic."
Quid de vos leçons de français?
"Quelle langue difficile, avec toutes ces liaisons ! Je maîtrise déjà ‘au revoir’ , ‘merci’, ‘ça va’ et ‘un petit peu’ . Mais pour le reste... J’ai un professeur privé qui vient une heure et demie par semaine chez moi à la maison. Si je ne fais vraiment pas de progrès, il faudra que tout le monde à Anderlecht apprenne le néerlandais (Rires) ."
Et le foot ?
"C’est autre chose qu’aux Pays-Bas. J’en rigolais avec Van Crombrugge. Il disait : ‘En Hollande, l’objectif est de marquer un but en plus que l’adversaire.’ J’ai ajouté : ‘Et en Belgique, l’objectif est d’encaisser un but en moins que l’adversaire.’ Dans le championnat hollandais, un attaquant ou un médian offensif a au moins deux occasions de but par match. Ici, il y a parfois trois ou quatre occasions par match. Par équipe."
Cela explique votre bilan moyen de deux buts, dont un penalty ?
"Plus un but annulé, ici contre Ostende. J’ai une petite vidéo amusante où mes amis fêtent mon but, alors qu’il avait déjà été refusé (Rires). C’est clair que deux buts, c’est trop peu. Mais je vise encore les quinze buts, comme je l’ai dit en début de saison. (NdlR : il en a marqué seize à Heerenveen) J’ai passé une période compliquée. En fait, je voulais trop. Je voulais être partout, alors que je devais rester en position pour faire la différence. Au lieu de faire 80 appels en profondeur, je dois en faire quatre, mais au bon moment."
Vous vous mettez trop la pression pour justifier vos 8 millions ?
"Huit millions, je n’y crois pas, mais c’est la réalité du marché. Le PSG a bien payé 200 millions pour Neymar… Les temps ont changé. Quand je vois que Barcelone avait acheté le grand Cruyff pour 6 millions de florins (2,7 millions d’euros) . Ce n’est pas moi qui ai choisi de coûter 8 millions. Les attentes sont élevées et c’est normal. J’essaie de faire de mon mieux, mais ce n’est pas facile dans une équipe qui ne tourne pas."
En plus, vous étiez parfois un des plus âgés de l’équipe, avec vos 22 ans.
"J’ai dû m’habituer à ce statut de ‘joueur expérimenté’. Je n’avais joué qu’une saison complète en D1 hollandaise avant de venir ici. Je n’ai pas l’expérience d’un Chadli ou d’un Nasri."
Kompany vous a mis trois fois sur le banc, et il vous a sorti à la mi-temps au Beerschot.
"J’étais très déçu et, évidemment, je n’étais pas d’accord avec ces décisions. Le lendemain, Vincent a vu ma déception et - images à l’appui - il m’a indiqué ce que je ne faisais pas bien. Et je dois dire, il avait raison. J’étais beaucoup plus calme et bien positionné lors du premier match contre Ostende qu’au Beerschot. Je le sentais à mes contrôles, à mes tentatives de but. Cet entretien m’a soulagé. Quelques jours plus tard, j’ai marqué deux fois en match amical, et j’ai fait une bonne première mi-temps contre Charleroi. Je suis relancé."
Comment est Michel Vlap à la maison après un match décevant ?
"Je me donne à fond et de tout mon cœur pour mon club, mais à la maison je me vide la tête. Peut-être que cela dérange les gens, mais on ne m’enlèvera jamais mon sourire (Rires)."
Vous avez aussi fait sourire les gens en déclarant - lors de votre présentation - que vous ne connaissiez pas Hans Vanaken.
"Ce n’était pas du tout de l’arrogance. Citez le nom d’un joueur de D1 belge à 50 joueurs néerlandais et ils ne connaîtront pas grand monde. Que les gens en aient fait un foin ne me dérange pas. C’est même rigolo. J’aime cette rivalité saine entre les clubs. Et depuis je connais Vanaken. C’est un joueur important. Dans ce match à Bruges, on a d’ailleurs été surclassés. On a été confrontés à la réalité."
Vlap au sujet de...
...Son découvreur: “Je veux montrer qu’Arnesen était bon”
Vlap est le principal (et seul) transfert de Frank Arnesen, le directeur sportif qui a été viré il y a deux semaines, à la veille de Charleroi – Anderlecht. “Son départ m’a fait mal”, dit Vlap. “Oui, je lui ai envoyé un message pour lui souhaiter bonne chance à l’avenir. C’est vraiment un homme fantastique, chaud et souriant. C’est embêtant qu’il ait été limogé. Je ne sais pas ce qui s’est passé en interne. La victoire à Charleroi est peut-être tombée un jour trop tard pour lui.”
Entre-temps, Arnesen restera dans les annales du club comme un échec total. Vlap : “À moins que Michel Vlap marque 16 buts d’ici la fin de la saison… (Rires)”
...Son clan: “Une sortie, de la bière et le foot”
Aucun joueur d’Anderlecht n’attire autant d’amis au Lotto Park que Vlap. Son clan est déjà bien connu dans la Tribune 1. Vlap : “Ils viennent de Sneek, ma ville située en Frise. Quand on joue le dimanche, ils font la navette le samedi. Ils sortent à Bruxelles et vont au match le lendemain. Et ils boivent leur bière. C’est vrai que quand j’ai marqué, ils étaient peut-être un peu trop enthousiastes. Un steward a dû leur demander de ne plus renverser de la bière sur les gens devant eux. Mais il n’y a pas vraiment eu d’incident. Ils seront encore là contre Gand. Patrick, mon frère, vient aussi. Il est DJ au nord des Pays-Bas. Quand mon programme me le permet, je vais à l’une de ses soirées”.
...Son équipe nationale: “Je suis curieux, contre Hazard à l’Euro”
Vu ses caps en équipe nationale U19 et en U21 des Pays-Bas, Vlap a le droit de rêver de l’équipe nationale A. “Ce serait un honneur”, dit-il. “Je suppose que mon nom est marqué à l’arrière d’un cahier. Mais pour le moment, ce n’est pas à l’ordre du jour. Je veux d’abord être important pour Anderlecht.” En juin, il sera supporter des Pays-Bas à l’Euro. “J’aimerais bien que ce soit Pays-Bas – Belgique, avec Verschaeren en 10.
(Rires) Je suis curieux de savoir qui gagnerait. Nous avons montré que nous sommes plus forts que l’Allemagne. Vous avez des grands noms comme Hazard et De Bruyne. Mais Van Dijck, De Ligt, De Jong et Depay, c’est un axe de niveau mondial. Et il y a du lourd qui va les rejoindre : Malen, Stengs, Boadu…”