Kompany, son idole Hazard, les Diables, son pote Evenepoel, ses statistiques vierges: Yari Verschaeren se confie sur son début de saison au RSCA
Yari Verschaeren connaît un début de saison assez compliqué : "Les gens attendent plus de moi."
- Publié le 21-09-2019 à 06h58
- Mis à jour le 23-09-2019 à 09h58
Yari Verschaeren connaît un début de saison assez compliqué : "Les gens attendent plus de moi." Le petit Yari Verschaeren (18 ans) était la seule lueur dans l’obscurité de la seconde partie de la dernière saison. Avec ses deux buts et quatre assists, ses pirouettes, ses dribbles, crochets et ses petites accélérations, il parvenait à rendre le sourire aux supporters dépités par la crise sportive du club.
Cette saison, les choses tournent moins bien pour le jeune homme de Kruibeke, une commune de 16 000 habitants près de Saint-Nicolas, en Flandre orientale. Il éprouve du mal à s’imposer et son compteur reste bloqué à zéro but et zéro assist après sept matchs.
Ce bulletin vierge vous préoccupe-t-il, Yari ?
"Oui, énormément. Les gens attendent plus de moi que l’année passée. Je ne joue pas vraiment mal, mais je ne suis pas décisif ; c’est ce que les gens demandent. Je suis déçu en rentrant à la maison après un match comme contre l’Antwerp. Oui, j’en dors mal. Je veux aider l’équipe avec des buts et des assists et je n’y parviens pas."
Comment expliquez-vous cette baisse de régime ?
"La saison passée, personne ne me connaissait. Depuis cette saison, les entraîneurs adverses me mettent un joueur sur le dos, qui me donne peu d’espace. C’est embêtant, parce que j’aime toucher le ballon."
Dimanche, votre chien de garde était Steven Defour.
"Oui. Je pensais bien que j’aurais droit à un marquage strict contre l’Antwerp. La saison passée, c’était Haroun qui m’avait suivi partout. Des gars d’expérience comme Defour ou Vormer savent comment ils doivent défendre face à moi. Ils ne me donnent pas de coups de pied, mais ils m’empêchent de recevoir le ballon et de me retourner. C’est frustrant."
Une autre explication pourrait être le nouveau système de jeu.
"J’ai dû m’adapter à ce football. Il faut tenir compte de tellement de détails ! Jusqu’à présent, je dois trop réfléchir pour réaliser ce que le coach veut. Après un certain temps, cela se fera automatiquement. Quand l’équipe va se mettre à tourner, ce sera plus facile pour moi. On est de bonne volonté et on est déjà dominants, mais il faut qu’on soit plus dangereux dans le rectangle adverse. Mais je crois en ce football! Il va finir par payer."
La pression ne vous paralyse pas ?
"La pression a augmenté, parce que tout le monde attend des résultats. Mais les supporters continuent à nous soutenir, vu que le football est meilleur que la saison passée."
Et quand quelqu’un comme Kompany hausse la voix après le match contre l’Antwerp, cela ne vous fait pas peur ?
"Non, j’ai connu la même chose quand Vanhaezebrouck ou Rutten se fâchaient… (Petit sourire) Kompany me corrige souvent, mais Nasri s’occupe aussi de moi. Vu qu’il connaît bien le système, il me coache beaucoup."
Cherchons encore une explication : un problème physique suite à vos vacances très courtes ?
"Non. Au début de la saison, j’avais un retard physique parce que ma préparation n’a duré qu’une semaine et demie. Maintenant, quand je regarde mes kilomètres parcourus par match, je réalise les mêmes résultats que la saison passée."
Mais les deuxièmes mi-temps d’Anderlecht sont souvent dramatiques.
"Je crois que c’est plus un problème de concentration qu’un problème physique."
Vous êtes prêt pour le déplacement dans l’enfer de Bruges ?
"Oui ! Je ne vais pas à Bruges avec la peur au ventre, et surtout pas en me disant qu’on va perdre. On y va pour gagner. Bien sûr que j’étais impressionné par l’ambiance, la saison passée. C’est comme au Standard. Les supporters vous provoquent. Mais je m’en fiche. Cela me fait même un peu rire. Je réponds avec les pieds."
Sur le terrain, Bruges a quelques joueurs rusés qui sont salopards quand il le faut. On a l’impression qu’un Verschaeren ne pourra jamais être un salopard.
"Peut-être que parfois, les jeunes d’Anderlecht devraient être plus expérimentés. Par exemple en se plaignant auprès de l’arbitre. Ce n’est pas parce qu’on est jeunes qu’on doit se laisser faire. Quand je suis sûr de mon coup, j’ose le dire à l’arbitre. Pas avec des vilains mots, mais en levant la voix."
Vous auriez pu être un joueur du Club Bruges.
"Quand j’avais 16 ans, le Club Bruges me voulait. On a été écouter ce qu’ils avaient à dire. Or, l’intérêt du PSV était plus concret. Mais je suis resté. Je n’avais pas de raisons de quitter Anderlecht. J’ai fait le bon choix."
“Je n’ai pas dit à Eden qu’il est mon idole”
Il a savouré ses dix jours et sa première cap en équipe nationale A. “Quel niveau !” Le 9 septembre 2019 est une date à ne jamais oublier pour Yari Verschaeren. Roberto Martinez lui a offert ses premières minutes en équipe nationale A, en Écosse. Huit minutes (dont quatre minutes d’arrêts de jeu) ont failli lui suffire pour tromper le gardien Marshall. Un but aurait été la cerise sur le gâteau d’une formidable semaine avec la meilleure équipe nationale au monde. Cette semaine avait commencé le mardi 3 septembre à Tubize. “Eden Hazard n’est pas resté longtemps, vu sa blessure, mais j’ai pu lui dire bonjour”, sourit Verschaeren. “Bien sûr qu’il est mon idole, mais je ne lui ai pas dit.”
Puis venait le moment du bizutage des nouveaux, Benito Raman et Yari. “J’ai chanté la chanson ‘Geen wonder dat ik ween’ de Paul Severs (NdlR : un chanteur populaire flamand, décédé en avril) , comme je l’avais fait en Espoirs. J’avais l’impression que peu de Diables rouges connaissaient la chanson, parce qu’il n’y avait pas beaucoup d’ambiance. Mais ils m’ont quand même applaudi quand j’ai fini.”
Verschaeren était content de pouvoir monter sur le terrain pour les entraînements. “C’était magnifique. Quelle différence de niveau. J’ai beaucoup appris.”
Ce qui l’a le plus impressionné : la prestation de Kevin De Bruyne en Écosse. “C’était le top absolu. J’ai été frappé par l’aisance avec laquelle il joue. Il est si calme et voit tout deux fois plus vite que les autres. J’espère un jour atteindre ce niveau, mais c’est difficile de juger si ce sera possible. Actuellement, l’écart est grand. Je me suis bien débrouillé aux entraînements, mais ce serait autre chose de jouer des matchs entiers.”
En juin, l’Euro 2020 est au programme. Verschaeren est l’un des dix Diables qui devront se battre pour une ou maximum deux places. “J’aimerais évidemment faire partie de la sélection. Mais pour cela, il faudra que je me montre à Anderlecht.”
Yari évoque…
... sa vie postscolaire: “Je vais apprendre l’espagnol”
Ayant obtenu son diplôme de secondaire à l’Institut Saint-Nicolas d’Anderlecht le 25 juin, Yari peut désormais se concentrer exclusivement sur le football. Il ne va pas faire d’études supérieures. “Au lieu d’aller à l’école, je profite de mon temps libre pour me reposer”, dit-il. “Quand je rentre chez moi après un entraînement, je dors parfois une heure. Mais je veux quand même encore suivre un cours de quelques heures par semaine. Je crois que je vais apprendre l’espagnol. Il faut que je m’informe sur les heures exactes des cours, mais je compte m’y mettre dans un mois.”
... ses potes: “Rik Vercauteren est mon meilleur pote, mais je félicite souvent Evenepoel”
Le meilleur ami de Verschaeren est le gardien des Espoirs, Rik Vercauteren. Pour éviter les malentendus, Rik n’appartient pas à la famille de Franky, un des monuments du club. Yari : “Rik a débuté avec moi à Kruibeke. On est partis ensemble à Beveren ; il m’a ensuite suivi à Anderlecht. À l’internat, je partageais la chambre avec lui.” Un autre pote est le champion Remco Evenepoel, qui a un an de plus que Yari, mais qu’il connaît de son époque au RSCA. “Avec lui, je n’ai pas de contact quotidien. Mais dès qu’il réalise quelque chose de grandiose, je le félicite et il me répond.”
... sa vie d'adulte: “J’ai mon permis temporaire”
Cela fait bizarre de voir arriver Yari au volant de son Audi sur le parking du stade. “En ce moment, je ne dispose que d’un permis temporaire”, explique-t-il. “La nouvelle règle stipule qu’il faut attendre neuf mois après l’obtention de son permis théorique. En décembre, je passe mon examen pratique.” Mais entre-temps, Yari devient un adulte. “Depuis le mois de juillet, je vis dans un appartement à Anderlecht. C’est moins épuisant. Quand j’habitais chez mes parents à Kruibeke, je devais me lever à six heures. Maintenant, je peux dormir jusqu’à huit heures. De temps en temps, ma petite copine passe chez moi. Et les repas, je les reçois au club.”