Kompany auteur des plus mauvais débuts pour un coach d'Anderlecht ?
Herbert Neumann avait aussi tout voulu changer. Mais lui, il a été viré après trois défaites.
- Publié le 21-08-2019 à 07h02
- Mis à jour le 21-08-2019 à 11h17
Herbert Neumann avait aussi tout voulu changer. Mais lui, il a été viré après trois défaites. Vincent Kompany prône la patience et promet que les résultats vont finir par suivre, vu les périodes de beau football proposé. Mais entre-temps, les chiffres font mal. Avec 2 points sur 12, le bulletin du duo Kompany - Davies est évidemment parmi les plus mauvais de tous les entraîneurs de l’histoire d’Anderlecht.
Seulement quatre entraîneurs ont fait pire lors de leurs premiers matches au Sporting. Même René Vandereycken (3 sur 12 via une victoire au Lierse) et Arie Haan (qui avait remplacé Vandereycken dans le courant de la saison 1997-1998) avaient gagné un de leurs quatre premiers matchs. Voici les entraîneurs mauves qui ont signé des faux départs.
1. Lee Thomas en 1927-1928
Dans la période entre les deux Guerres mondiales, Anderlecht n’était pas une des grandes équipes du pays. Le Sporting balançait entre la première et la deuxième division. L’Anglais Lee Thomas avait obtenu la promotion en 1927, mais avait débuté le championnat avec quatre défaites de suite. Le Sporting s’était toutefois maintenu.
2. Florimont Plasch en 1929-1930
Le Belge Florimond Plasch a eu la même blague que son prédécesseur : quatre défaites consécutives. Mais lui aussi avait réalisé le maintien en 1929.
3. Hans Croon en 1975-1976
Même le grand Anderlecht de Rensenbrink, Van Binst et Haan a patiné en début de championnat. En 1975, le bulletin du Sporting était à pleurer après quatre journées : 2-0 à Waregem, 1-1 à La Louvière, 2-2 à domicile contre le Cercle et 0-1 à domicile contre le Lierse. Tout comme le RSCA de Kompany, les Mauves avaient pourtant un calendrier facile. À partir du 6e match (3-0 contre Berchem), Rensenbrink avait mis les points sur les i. À la fin du championnat, il avait inscrit 23 buts et Anderlecht avait terminé deuxième, à quatre points du Club Bruges de Ernst Happel. Cette année, l’équipe d’Hans Croon avait d’ailleurs remporté sa première Coupe d’Europe, en finale contre West Ham (4-2). Elle avait aussi gagné la Coupe de Belgique (4-0 en finale contre le Lierse).
4. Herbert Neumann en 1995-1996
L’Allemand avait voulu révolutionner Anderlecht, notamment en organisant des entraînements à 7 heures du matin. Mais après un 3-1 à Alost, un 0-2 contre Charleroi et un 0-1 contre les Hongrois du Ferencvaros, Michel Verschueren était allé lui dire qu’il était limogé. Il avait tenu le coup 52 jours. Raymond Goethals avait dépanné le Sporting pendant quelques matchs, et Johan Boskamp avait fait son grand retour, après ses trois titres consécutifs. Anderlecht avait terminé la saison à la deuxième place, à dix points de Bruges.
"À cause de l’affaire Scifo-Zetterberg”
En 1998, Anderlecht a connu le pire début de saison de son histoire : 2 points sur 15 ! Arie Haan, le coach, témoigne.
Le pire début de championnat mauve après 5 matchs date de 1998. À la mi-septembre, les joueurs d’Arie Haan, arrivé en cours de saison précédente, occupaient l’avant-dernière place, avec 2 points sur 15.
Que s’était-il passé, il y a 21 ans ? En mai, Haan s’était qualifié de justesse pour la Coupe d’Europe grâce à un but chanceux de Taument dans les arrêts de jeu à Beveren.
“Cinq des six décideurs du club – Constant, Michel Verschueren, Dockx et moi – avaient le même avis : Zetterberg devait partir, prétend Haan (70 ans). Nous estimions que Scifo et Zetterberg dans une équipe, cela ne fonctionnait pas. Seul Roger n’était pas d’accord. Et Zetterberg est resté. Ce mauvais début de championnat est dû à l’affaire Scifo – Zetterberg.”
Lors de son premier match, Anderlecht partage la mise contre Charleroi (1-1). À Beveren, l’exclusion de Dheedene est à la base de la défaite (2-1). Ensuite, Mouscron prend un point au Parc Astrid (1-1). “La crise ? Pas question ! Et pas question de virer Haan ! répond Michel Verschueren. Mais j’avoue que j’ai juré comme un tigre après le penalty pour Mouscron.”
Le 5 septembre 1998 est l’un des jours les plus noirs de l’histoire du club. Anderlecht s’incline 6-0 à Westerlo, Geoffrey Claeys se fait exclure. La seule excuse : les absents. Staelens, De Boeck, Radzinski et Scifo sont blessés, Zetterberg est parti en Suède pour un match contre l’Angleterre. Après le match, Haan descend ses joueurs. “Ils ne connaissent pas l’ABC du football.”
Le Néerlandais déclarera, plus tard : “J’étais tellement gêné que je n’osais pas ouvrir les volets de ma maison.”
Haan se souvient : “Normalement, je défends toujours mes joueurs. Mais là, je les avais descendus. C’était contre ma nature.”
La révolte est totale après le 2-3 contre Bruges, le champion en titre. Haan sauve sa peau après le 0-3 à Ekeren, mais le 0-2 en Coupe d’Europe contre les Grasshoppers Zürich lui coûte la tête. “Je vous corrige, coupe Haan. C’est moi qui ai démissionné. Je n’aurais jamais dû revenir à Anderlecht. Je l’avais même dit à ma femme. Mais ce vieux renard de Michel Verschueren m’avait convaincu. Je connaissais Anderlecht comme une grande équipe. Puis, j’ai dû me débrouiller avec des joueurs moyens…”
Finalement, le duo Dockx – Vercauteren entame une course-poursuite impressionnante, notamment en allant battre le Standard (0-6) et Genk (2-5). Anderlecht termina à la 3e place.
“Entraîneur, j’étais aussi meilleur que mes joueurs, mais je n’aurais jamais joué !
Arie Haan suit Anderlecht à distance.
“Je regarde les résultats et le classement, mais je n’ai pas vu d’images, dit le Néerlandais, qui vit aux Pays-Bas et en Espagne. J’entends que le jeu est bon, mais que les résultats ne suivent pas. Si Kompany veut jouer un football offensif, c’est normal qu’il lui faille du temps. C’est beaucoup plus facile de mettre sur pied un système basé sur une bonne organisation. Il faut donc de la patience.”
Mais Haan est totalement contre la fonction de joueur-manager que Kompany occupe.
“Quand j’ai appris qu’il allait combiner les deux rôles, je me suis dit : ‘Jamais !’ Un coach doit avoir de l’autorité. Or, quand il commet une erreur en tant que joueur, il ne sait pas se critiquer lui-même. Non, je n’y crois pas. Il doit être le seul au monde à combiner les deux fonctions à ce niveau.”
Haan n’y a jamais songé.
“J’ai arrêté le football à 34 ans. J’ai entamé ma carrière d’entraîneur à l’Antwerp et ensuite à Anderlecht et à Stutt-gart. Tout comme Kompany, je jouais encore mieux que mes joueurs. Donc, je leur montrais aux entraînements comment faire. Mais jamais je n’ai envisagé de monter sur le terrain en match.”
Kompany a fait appel à une coach mental
Ellen Schouppe, à Anderlecht depuis deux ans, a parlé une première fois au groupe.
Pour la première fois depuis qu’il est à Anderlecht, Vincent Kompany a fait appel à Ellen Schouppe, la mental coach du club. Les joueurs étaient agréablement surpris par son discours.
Schouppe est à Anderlecht depuis 2017. Elle avait d’abord travaillé chez les U21 avec Nicolas Frutos. Puis, Hein Vanhaezebrouck l’a transférée vers le noyau A. Mais ni Fred Rutten, ni Karim Belhocine ne comptaient sur ses services. Par contre, elle a continué à faire du travail efficace avec les jeunes. Jean Kindermans, directeur de l’école des jeunes, est favorable à un(e) mental coach.
Samedi, aussi bien Kompany que Samir Nasri ont pointé du doigt la “faiblesse mentale” de l’équipe en seconde mi-temps. Lors de son débriefing du match, qui a toujours lieu le lundi, Kompany a donc donné la parole à Schouppe.
Schouppe n’est pas une inconnue dans le monde du sport. Elle est la coach mentale des Belgian Cats (basket-ball), et des Red Panthers (hockey). Elle s’occupe aussi de l’accompagnement mental de plusieurs sportifs individuels dans plusieurs sports, comme l’athlétisme (les Belgian Cheeta’s), le volley-ball, le tennis, le judo, le motocross et l’escrime.
Dans le passé, elle a assisté Daniel Goethals quand il était coach du club de basket-ball de Mons-Hainaut. Elle avait déclaré dans La DH : “Je travaille sur la concentration, la gestion des émotions, la gestion de la pression, de manière à pouvoir gérer tout cela pour améliorer la performance. Ça se fait via différentes techniques comme apprendre à développer des routines d’avant-match, à faire une analyse de l’adversaire tout en se préparant soi-même en fonction de ses forces et de ses faiblesses.”
Ce vendredi, on verra si Ellen Schouppe aura eu un effet positif sur la prestation de l’équipe. Franky Vercauteren est le premier à avoir embauché un coach mental à Anderlecht. John van den Brom, lui, avait ajouté John Troost à son staff. Contrairement à Schouppe, le Néerlandais n’était pas pris au sérieux par les joueurs.