Kasper Hjulmand n’a finalement pas signé au Sporting: “J’avais un accord personnel avec Anderlecht"
Kasper Hjulmand explique pourquoi il n’a finalement pas (encore ?) réalisé son rêve de signer au Sporting.
- Publié le 27-02-2019 à 06h40
- Mis à jour le 27-02-2019 à 08h13
Kasper Hjulmand explique pourquoi il n’a finalement pas (encore ?) réalisé son rêve de signer au Sporting. Ce n’est pas Fred Rutten, mais bien Kasper Hjulmand (46 ans) qui aurait dû prendre la succession de Hein Vanhaezebrouck comme entraîneur d’Anderlecht. Après le refus de Philip Cocu, c’est lui qui était le numéro 1 sur la liste du duo Arnesen - Verschueren. Finalement, le deal ne s’est pas fait.
Mais qui donc est ce Kasper Hjulmand, qui est aussi inconnu en Belgique que René Weiler avant qu’il ne débarque à Anderlecht ? Et Hjulmand, qui ne resignera pas dans son club danois actuel, Nordsjaelland, ne viendrait-il pas à Anderlecht la saison prochaine, si Rutten ne qualifie pas les Mauves pour l’Europe ?
La DH est allée le trouver à Copenhague. Lars, notre photographe danois, nous avait avertis : "Vous ne trouverez pas plus sympa que lui." Et en effet, Hjulmand a tout d’un homme bien éduqué, sociable et honnête. En plus de cela, il est intelligent et son discours a du sens. Même s’il claque la porte à Nordsjaelland, le club au seul terrain synthétique de la Superliga le considère comme un héros.
Kasper Hjulmand, pourquoi n’êtes-vous pas coach à Anderlecht ?
" (Il soupire) À cause d’une méthode de travail différente à Anderlecht par rapport à celle de Nordsjaelland. Le samedi 5 janvier, j’étais à Bruxelles pour négocier avec Michael Verschueren et Frank Arnesen. Anderlecht a contacté mon club et voulait une réponse immédiate. Mais Nordsjaelland a décidé de se réunir le dimanche midi. Anderlecht n’a pas attendu cette réunion et a désigné Rutten comme T1. (NdlR : Rutten n’avait pas de club et était donc gratuit, Hjulmand aurait coûté un peu moins d’1 million) ."
Vous étiez très déçu ?
"Oui, je pensais vraiment pouvoir partir en stage avec Anderlecht, le lundi."
Vous aviez un accord personnel avec Anderlecht ?
"Oui. Mais vu que les clubs n’ont pas trouvé d’accord, mon accord n’avait pas de valeur."
On entend que beaucoup de clubs vous veulent. D’où vient votre préférence pour Anderlecht ?
"Il y a plusieurs raisons. Depuis que je suis jeune, je suis fasciné par Anderlecht parce que beaucoup de joueurs danois y étaient actifs. Il y avait Olsen, Arnesen, Andersen, Nielsen, Brylle… Et puis, il y a cette culture de la victoire et du beau jeu. Je sais que les fans sont très exigeants, mais j’adore cela. Certains clubs n’ont pas vraiment de style de jeu typique. Quel est le goût des fans, quelle est l’identité du club ? À Anderlecht, c’est clair."
Les fans sifflent quand ça ne tourne pas, Kasper !
"C’est normal ! Je vous donne un exemple. Fabio Capello a gagné le titre avec le Real Madrid en 2007, mais il s’est fait virer parce que le football n’était pas assez attrayant. Bravo ! J’aime cela ! Nous, coaches et entraîneurs, sommes là pour donner aux gens ce qu’ils désirent."
Cela n’aurait pas été un cadeau empoisonné d’aller à Anderlecht dans la situation actuelle ?
"Je n’ai pas travaillé avec les joueurs, donc je ne sais pas s’ils auraient assimilé directement mes idées. Cela prend un certain temps. Je suis un coach qui sait exactement ce qu’il veut. Je suis très exigeant. Donc certains joueurs savent me suivre, d’autres n’en sont pas capables."
Vous connaissez les joueurs ?
"Oui. Il y a beaucoup de potentiel dans le groupe actuel. Et l’académie est top. Elle a déjà formé beaucoup de joueurs. Cela aurait été un grand défi, parce que cela fait un certain temps qu’Anderlecht a du mal à développer son jeu. Normalement, il me faudrait une campagne de préparation pour mettre tout au point. Je n’ai jamais repris une équipe dans le courant d’une saison et je ne suis pas fan de cela. Mais je n’aurais pas dit non cette fois-ci."
Vous qui aimez travailler avec les jeunes, vous avez dû être charmé par Verschaeren.
"Je suis très impressionné, oui. J’ai vu ses débuts, lorsqu’il opérait depuis le flanc. Je suis les matchs d’Anderlecht de près. Quand j’ai le temps, je vois les 90 minutes. Sinon, je dispose d’une plateforme qui me permet de voir les moments forts ou les automatismes de l’équipe. Mais je ne suis pas qu’Anderlecht, aussi le reste de votre championnat. Surtout depuis que mon compatriote Thorup est à Gand."
Êtes-vous candidat si Rutten se fait virer en fin de saison ?
"Je ne pense pas à cela. Anderlecht a un coach, Rutten est un collègue et j’espère qu’il réalisera une campagne fantastique à Anderlecht, avec d’excellents résultats. J’espère qu’Anderlecht sera dans le top 6, et votre formule permet de remonter dans le classement pendant les playoffs."
Si Anderlecht garde Rutten et qu’un autre grand club belge vous fait une proposition, accepteriez-vous ?
" (Petit sourire) Disons que je n’ai pas encore décidé ce que je vais faire. Je suis coach à Nordsjaelland et j’ai beaucoup de travail ici. Je suis ravi d’avoir plusieurs opportunités (NdlR : dont Bröndby) pour la saison prochaine…"
"Parfois, je joue avec un seul défenseur"
Hjulmand confirme les quatre surnoms qu’il a au Danemark : voici son profil.
Selon quelques journalistes danois qui suivent Nordsjaelland de près, Hjulmand (qui a dû arrêter sa carrière de footballeur à 26 ans après neuf opérations aux genoux) se résume en quelques mots.
1. Un fou de foot
"Correct. Je suis obsédé parce que je veux faire bouger les choses. C’est une passion. C’est ma force, mais aussi ma faiblesse, parce que je néglige ma vie sociale. Je ne sais pas comment ma famille tient le coup avec moi, et je ne vois pas souvent mes amis. La première chose à laquelle je pense quand je me réveille, c’est le foot. Et la dernière chose avant que je ne m’endorme, c’est le foot."
2. Mister Perfect
"Oui, je suis un perfectionniste. J’ai de très grands rêves et d’énormes ambitions. Je ne peux les réaliser qu’en tenant compte de tous les détails possibles. Je ne suis jamais content. Je mets toujours mon staff et mes joueurs sous pression, même après une victoire. J’exagère peut-être, mais je veux toujours voir le match parfait. Et ce match parfait n’existe pas. Parfois, on se rapproche de la perfection, mais il y a toujours un petit quelque chose à améliorer."
3. Professeur de foot
"Je dirais plutôt que je suis un charpentier. J’essaie de façonner le football à ma façon. Le surnom Professeur, je le dois peut-être à mon désir d’essayer de nouvelles choses. Tous les grands entraîneurs n’ont pas peur d’expérimenter. Le week-end passé, nous avons joué avec… un seul défenseur. Cette idée est mûrie quand j’étais coach à Mayence. Le Bayern affrontait Leverkusen, et Guardiola ne jouait qu’avec deux défenseurs latéraux : Alaba et Lahm. Il n’y avait pas de défenseur central. Les gens se demandaient ce qui se passait. Moi, j’ai trouvé cela génial. Tout le monde part du principe qu’en défense, il faut de grands défenseurs robustes, qui savent un peu jouer au foot. Moi, je réponds : pourquoi pas deux petits rapides qui savent désamorcer des contre-attaques, et qui sont bons à la construction ? Moi, je veux toujours prouver que des théories ne sont pas nécessairement correctes. Le football scandinave est pourtant basé sur la bonne organisation, avec de grands joueurs physiques. C’est ainsi que le Danemark est devenu champion d’Europe en 1992. Olsen a introduit une autre philosophie, et je l’ai suivie. Au début, on disait que j’étais naïf : ‘Il pense qu’il est Barcelone ? Au Danemark, ce n’est pas possible !’ Dans ma première saison à Nordsjaelland, j’avais 7 sur 15, et les gens me déclaraient fou. Mais je n’ai pas changé mon approche. On a attaqué, j’ai gagné ce championnat et on a joué la Ligue des champions."
4. Instituteur
"C’est vrai que j’aime travailler avec les jeunes. La moyenne d’âge de mon équipe est inférieure à 21 ans. C’est l’équipe la plus jeune du football européen actuel et de la D1 danoise de tous les temps. Dans notre avant-dernier match, j’ai joué avec neuf U21 et U19. Donc, nous disons en rigolant que nous évoluons en D1 avec l’équipe A de l’Académie."
Ses huit mois à Mayence en Bundesliga: "Je n’ai pas été viré pour des raisons sportives"
Les mauvaises langues diront que Hjulmand a échoué à Mayence, en 2014. Il a été viré après huit mois. "C’est un sujet délicat, dit-il. Je peux juste dire que la raison de mon C4 n’a rien à voir avec le football ou avec mon job de coach. Beaucoup de choses se sont passées. Après huit matchs de championnat, je n’avais pas encore perdu un seul match. Nous étions troisièmes au classement. J’avais tout changé. Avant mon arrivée, Mayence avait la plus vieille équipe de Bundesliga. Sous mon règne, seulement une autre équipe était plus jeune." Hjulmand avait fait forte impression contre Dortmund et contre le Bayern. "On avait battu Dortmund 2-0. Et on a fait un terrible match contre le Bayern de Guardiola, qui nous a battus 2-1 en toute fin de match. C’était le 17e match du championnat, et le Bayern ne s’était pris que trois buts en seize matchs."
Mais au mois de février, Mayence était 14e. Hjulmand a été mis à la porte, et il est retourné à Nordsjaelland après une année sabbatique. "Après Mayence, j’aurais pu rester à l’étranger. Mais j’ai décidé de rentrer au pays pour des raisons privées. Maintenant, je suis ouvert à toute proposition à l’étranger."
Son grand exemple: "Morten Olsen m’a testé en équipe nationale"
Si Hjulmand signe un jour à Anderlecht, ce sera grâce à ses compatriotes Arnesen et… Olsen, qui a fait sa pub dans notre édition de samedi. "Morten a dit que je suis le meilleur du Danemark ?", sourit Hjulmand, légèrement embêté. "Alors, il s’oublie lui-même. (Rires) Morten signifie beaucoup pour moi. Quand j’étais un jeune coach, il m’a demandé de faire du scouting pour lui en équipe nationale. Je crois qu’il me testait. Il est la personne qui a le plus influencé le football danois. Il a été impliqué dans la moitié des matchs de l’histoire de l’équipe nationale, comme joueur et entraîneur. Il espère que je serai un jour coach de l’équipe nationale ? Ce serait un honneur."