Jeunes, productifs et 100 % belges: Vanhaezebrouck semble avoir trouvé son trio offensif
Après avoir tenté plusieurs formules, Vanhaezebrouck semble avoir trouvé l’équilibre offensif avec Gerkens, Dimata et Bakkali en pointe de son 3-4-3.
- Publié le 23-10-2018 à 06h48
- Mis à jour le 23-10-2018 à 09h42
Après avoir tenté plusieurs formules, Vanhaezebrouck semble avoir trouvé l’équilibre offensif avec Gerkens, Dimata et Bakkali en pointe de son 3-4-3. Un trio complémentaire, jeune (22 ans de moyenne d’âge) et 100 % belge. Une bizarrerie dans un championnat où l’on se tourne d’abord vers l’étranger pour recruter ses attaquants. Ce week-end, le RSCA était d’ailleurs le seul club dans ce cas...
L’astucieux bouche-trou
Pieter Gerkens (23 ans) est toujours aussi précieux tactiquement mais commence à soigner ses stats
Il est bien parti pour faire mieux, beaucoup mieux même. La saison passée, Pieter Gerkens avait marqué 4 buts et donné 6 assists, toutes compétitions confondues. Un bilan de 10 actions décisives qui pouvait laisser sur sa faim vu le temps de jeu conséquent accordé au Limbourgeois.
En 2018-2019, Gerkens a déjà atteint la moitié de ce bilan : 5 actions décisives après 11 rencontres, dont 3 sur les 2 derniers matches. "Pourvu que ça dure", sourit le toujours très pondéré attaquant. "Je considérais la saison passée, ma première à Anderlecht, comme une année d’adaptation. Maintenant, je dois apporter plus. Peu importe qui marque mais il est clair que je dois aussi être décisif vu mon rôle sur le terrain."
Son rôle, justement. Pieter Gerkens n’est pas un véritable attaquant. Ce n’est pas non plus un ailier. Ni même un vrai milieu offensif. Sa position ne se résume pas à un nom. Il va là où son intelligence tactique lui dicte d’aller. Une sorte d’astucieux bouche-trou.
En Allemagne, ils ont trouvé un nom pour ça : raumdeuter. Un mot qu’on pourrait traduire par interprète d’espace et qui a été créé il y a quelques années pour définir le poste de Thomas Müller au Bayern Munich.
Même s’il n’est pas un joueur spectaculaire, Gerkens est le joueur le plus utilisé par Vanhaezebrouck depuis son arrivée il y a un peu plus d’un an. Avec son volume de jeu et son altruisme, le Limbourgeois est une bénédiction pour un entraîneur. Il accepte de se sacrifier et ne râle pas de voir la lumière sur ses collègues. Au contraire, il préfère l’ombre. Peut-être un héritage de l’excellente éducation qu’il a reçue.
Mais qui sait ? Si Gerkens continue sur son rythme, on verra peut-être bientôt des maillots floqués de son numéro 8 dans les tribunes du stade Constant Vanden Stock.
Le finisseur fan de séries
Landry Dimata (21 ans) alterne les périodes fastes avec les trous d’air mais il s’est imposé en pointe.
Si on devait dessiner un graphique avec les statistiques de buts de Landry Dimata, on obtiendrait des montagnes russes qu’aucun parc d’attractions n’oserait imaginer. Même pas sur la Foire d’octobre à Liège.
L’attaquant est un fan de séries. Depuis le début de sa carrière pro, il alterne les périodes où tout rentre avec les trous d’air. À Ostende, il restait 5 matches sans marquer puis claquait 6 buts en 6 rencontres. Puis un creux. Puis un moment faste. Puis… Bref, vous avez compris.
La saison passée à Wolfsburg était plus facile à résumer : Dimata n’a pas marqué un seul but. Un seul petit assist (contre le Bayer Leverkusen).
Une année pourrie qui, selon l’entourage du joueur, s’explique par différents facteurs : "Il était en général déporté sur un flanc et il est tombé dans une année compliquée pour le club, avec plusieurs changements de coach et donc plusieurs changements de philosophie. C’était compliqué de s’exprimer, d’autant plus pour un jeune joueur de 20 ans qui vivait sa première expérience à l’étranger."
Cette saison, Dimata a retrouvé de la stabilité à Anderlecht. Mais sa tendance ‘montagnes russes’ n’a pas disparu. Après avoir marqué 5 buts lors ses 4 premières apparitions, il est resté muet pendant 8 rencontres. Trop long pour un attaquant d’Anderlecht.
Malheureusement pour lui , son triplé contre le Cercle restera provisoirement sans suite. Une blessure aux ischios va le priver des prochains matches, au minimum. "Mais Landry est conscient qu’il doit progresser au niveau de la régularité."
Désigné par Romelu Lukaku comme son successeur, Dimata doit aussi composer avec un traitement de faveur des défenses adverses. S’il parvenait à marquer face aux grands du Royaume lors de sa saison à Ostende (il avait scoré contre le Standard, Genk, Bruges et Anderlecht), il n’y est pas encore parvenu au RSCA, se contentant de faire souffrir les plus petits jusqu’à présent. "N’oubliez pas son jeune âge. J’ai confiance en lui car c’est un attaquant qui a envie de progresser", tempère Vanhaezebrouck.
L’ouvre-boîtes tant désiré
Zakaria Bakkali (22 ans) n’est pas encore à 100 % physiquement mais est déjà devenu indispensable par son profil unique au RSCA
Il n’a fallu que quelques matches mais cela n’a surpris personne : Zakaria Bakkali est déjà le chouchou des supporters anderlechtois. Les maillots frappés du numéro 99 fleurissent dans le stade. Avec sa technique de haut vol et de sa capacité de dribble, le Liégeois possède l’ADN que l’on exige depuis toujours au RSCA.
Vanhaezebrouck, lui, pense autrement. Il place l’équilibre indispensable à son système bien au-dessus de toutes les frivolités qui font frissonner le public. Au départ, il voyait Bakkali comme un amuseur de galerie incapable de se fondre dans un collectif. Puis, les deux hommes ont réussi à s’apprivoiser. Et aujourd’hui, ils s’adorent.
HVH a compris qu’il avait besoin de Bakkali pour terminer son puzzle anderlechtois. Sans lui, il manquait toujours cette pièce qui donne tout son charme au tableau. Celui qui peut attirer plusieurs adversaires dans un périmètre réduit, offrant par la force des choses beaucoup d’espace ailleurs. Un coup de rein et un profil unique dans le noyau actuel du RSCA.
Bakkali est surveillé de près par les défenseurs et risque donc d’avoir les statistiques les moins impressionnantes du trio. Jusqu’à présent, il a marqué un but et donné un assist en 470 minutes de jeu. Pas mal mais il est capable de faire mieux. Le rendre plus décisif sera d’ailleurs l’une des missions de Vanhaezebrouck.
Le coach est conscient également qu’il faudra un peu épargner Bakkali. Actuellement, il n’est pas encore à 100 % de ses possibilités physiques. Le risque de blessure est bien là dans cette période dense de la saison. Le staff doit jongler entre l’amour et la raison. Une blessure de l’ouvre-boîtes serait une catastrophe dans une saison où les résultats n’ont pas encore réussi à asseoir totalement la réputation de Vanhaezebrouck.