Guillaume Gillet: "Alexis, ne t’inquiète pas et sois patient"
Le statut d’Alexis Saelemaekers a changé avec l’arrivée de Fred Rutten : d’incontournable, il est devenu réserviste. Guillaume Gillet, ancien offensif reconverti back droit lui aussi, analyse sa situation.
- Publié le 06-03-2019 à 06h30
- Mis à jour le 06-03-2019 à 08h55
Le statut d’Alexis Saelemaekers a changé avec l’arrivée de Fred Rutten : d’incontournable, il est devenu réserviste. Guillaume Gillet, ancien offensif reconverti back droit lui aussi, analyse sa situation.
Alexis Saelemaekers était le joueur de champ le plus utilisé par Hein Vanhaezebrouck cette saison. Depuis l’arrivée de Fred Rutten début janvier, il a pratiquement disparu de la circulation.
Parmi les 22 joueurs de champ déjà alignés par l’entraîneur néerlandais en sept rencontres de championnat, Saelemaekers n’est que 15e au classement du temps de jeu avec 134 minutes cumulées. Derrière ses deux concurrents Andy Najar (427 minutes) et Dennis Appiah (180 minutes).
Comment expliquer un tel contraste pour l’un des espoirs les plus cotés du Sporting ? Analyse en compagnie de Guillaume Gillet, joueur offensif reconverti lui aussi au poste de back droit et, accessoirement, grand connaisseur de la maison mauve.
1. "La défense à quatre change tout pour un back"
C’est le changement le plus visible entre Vanhaezebrouck et Rutten : la défense est passée de cinq à quatre éléments. "Et ça fait une grosse différence pour les joueurs de couloir", explique Gillet. "Quand tu as trois joueurs dans l’axe, le back droit peut être plus offensif. Il y a plus de couverture derrière lui. À quatre derrière, tu dois avant tout penser à ton travail défensif. Il faut d’abord songer à couper les espaces entre le défenseur central droit et toi. Bref, c’est une autre philosophie de jeu et il doit s’y habituer. Même si j’ai toujours joué dans un système à quatre défenseurs quand j’étais back, je sais que ce n’est pas simple à assimiler pour un ancien offensif. Un back dans une défense à quatre monte moins mais il est plus surprenant quand il le fait. Alexis doit apprendre à choisir ses moments pour faire mal à l’adversaire."
2. "L’idéal, c’est de se fixer au poste de back droit"
Titulaire une seule fois avec Rutten (le 27 janvier contre Eupen), Saelemaekers était ailier droit ce jour-là, juste devant Najar. "Je ne sais pas à quel poste l’entraîneur voit Alexis. Je peux juste dire que c’est mieux de se fixer à une position pour la suite de sa carrière. Si Alexis est convaincu que son avenir est au poste de back droit, il doit y rester et tout faire pour progresser le plus possible en tant qu’ancien joueur offensif. Quand Leekens m’avait mis back droit à Gand, je m’étais plutôt bien amusé mais j’avais toujours la volonté de rejouer dans l’axe et un cran plus haut. Ce n’est pas l’idéal."
3. "Vu les résultats, le coach opte pour l’expérience"
Fred Rutten est arrivé à Anderlecht avec une mission claire : sauver la saison. Il doit accrocher les playoffs 1 puis une place européenne. Pas simple vu la qualité globale du noyau. "Comme ça arrive souvent dans ce genre de situation, l’entraîneur opte pour l’expérience. Il se dit que ce n’est pas le moment pour faire éclore plusieurs jeunes en même temps. Hormis le phénomène Verschaeren, je vois qu’il y a beaucoup moins de U21 dans le onze de base d’Anderlecht ces dernières semaines. Rutten veut de la rigueur et du métier pour réussir sa mission. C’est embêtant pour Alexis mais il n’y a rien d’anormal."
4. "Un nouveau statut qui n’est pas simple à gérer"
Selon certains supporters et observateurs, Saelemaekers aurait pris le gros cou en voyant sa cote qui grimpait en flèche, après avoir longtemps été remplaçant chez les jeunes. Dans son entourage, on nie avec force : "Alexis n’a pas changé", nous dit-on. "Ce qu’il ne faut pas négliger, c’est l’apprentissage du métier à haut niveau", intervient Gillet. "Quand tu es en équipe première d’Anderlecht et que tu es encore très jeune, la pression est forte. Ce n’est pas simple à gérer. Certains jeunes assimilent vite leur nouveau statut, comme Lukaku, Tielemans ou Dendoncker, d’autres ont besoin d’un peu de temps. À la fin de l’ère John van den Brom, Silvio (Proto), Oli (Deschacht) et moi devions gérer un vestiaire très jeune et ce n’était pas facile de faire entendre notre voix. C’est peut-être le même souci actuellement vu le nombre important de jeunes et le peu d’expérience dans le noyau. Le retour de Kara est quand même une bonne nouvelle à ce niveau-là."
5. "Najar, c’est un gros concurrent, ne l’oublions pas"
Même si le titulaire actuel au poste de back droit s’appelle Dennis Appiah, c’est Andy Najar qui a le plus joué depuis l’arrivée de Rutten. Actuellement blessé, il devrait être de retour pour les playoffs. "Et il n’y a rien de honteux pour Alexis. Andy, je le connais bien, et c’est un sacré concurrent. Il a de l’expérience, de la vitesse, de la technique et une belle vision du jeu. Ce n’est pas un joueur simple à déloger du onze de base. À mes yeux, Alexis ne doit pas s’inquiéter et doit juste être patient. J’imagine que ce n’est pas simple pour lui mais je suis certain qu’Anderlecht compte encore beaucoup sur lui. Et pas seulement à court terme."