Frank Arnesen revient sur ses rencontres dans le monde du foot: "Si Mourinho me croise, il ne me dira pas bonjour"
Frank Arnesen (62 ans) a passé son stage à marcher. Téléphone collé à l’oreille pour préparer le mercato. “Je n’ai plus couru depuis mes 43 ans. Mon genou est foutu.” Une manière de rester fit et de ne pas oublier un passé complètement fou semé de rencontres. Nous en avons sélectionné dix.
- Publié le 15-01-2019 à 07h03
- Mis à jour le 15-01-2019 à 12h31
Frank Arnesen (62 ans) a passé son stage à marcher. Téléphone collé à l’oreille pour préparer le mercato. “Je n’ai plus couru depuis mes 43 ans. Mon genou est foutu.” Une manière de rester fit et de ne pas oublier un passé complètement fou semé de rencontres. Nous en avons sélectionné dix. 1. Ronaldo: "Cinq millions pour Ronaldo plutôt que pour Edmundo le fou"
Frank Arnesen a fait venir Ronaldo au PSV et a lancé sa carrière en Europe. "Nous avons passé trois semaines au Brésil. C’était en 1993, je débutais et nous avions une liste de joueurs qui comprenait Ronaldo, Rivaldo, Roberto Carlos, etc. Beaucoup de très bons. J’ai été voir Edmundo et Rivaldo. Le premier était bon mais fou. Il a signé à la Fiorentina avec une clause pour revenir au Brésil pour le carnaval. Rivaldo coûtait 3,5 millions de dollars. C’était beaucoup pour nous. Durant les premières discussions, il y avait 11 personnes autour de la table dont deux journalistes. Nous avons abandonné la piste. Je suis rentré à la maison et Kees Ploegsma m’a proposé de passer via l’agent de Romario (NdlR : qui était au PSV à l’époque) pour atteindre Ronaldo qui n’avait pas signé à l’Inter, contrairement aux rumeurs. L’Ajax était aussi dessus. Il a pu aller à la Coupe du monde aux États-Unis et j’ai fixé rendez-vous à son entourage à San Francisco. Ils sont arrivés avec deux heures de retard. Nous l’avons finalement signé pour 5 millions."
2. Abramovitch: "Il a dit que j’avais pris 90 % de bonnes décisions"
"Ha, Roman, my big friend. Spasiba, spasiba ." Frank Arnesen a rencontré le big boss de Chelsea lorsqu’il travaillait à Tottenham. "Il voulait que je vienne chez lui mais j’avais un contrat de trois ans. Son projet me parlait bien. J’avais passé des années à faire des transferts et c’est assez lourd. À la base, Mourinho s’occupait de l’équipe A et moi des jeunes. Je devais tout mettre en place. Quand je suis parti après six ans, Abramovitch m’a dit que j’avais réussi 90 % de mes décisions. J’ai trouvé ça beau de sa part. Je pouvais rester mais je sentais qu’il ne fallait pas s’éterniser. J’avais travaillé trop longtemps au PSV; ça m’avait servi de leçon. J’ai signé à Hambourg en février et je suis parti en fin de saison. Il est passé à mon bureau quand il était en Allemagne pour des affaires. C’était un chouette président. Il était parfois impatient mais très humain."
3. Luc Nilis: "J’ai hésité à le faire signer au PSV"
"Oh Luc." L’évocation de son ancien joueur à l’époque du PSV fait sourire Frank Arnesen. "J’avais hésité à le faire venir au PSV. Il ne jouait plus très bien à Anderlecht. C’était effrayant. Il était si négatif. J’ai dit à Aad de Mos qu’il n’était pas heureux et qu’il tournait en rond. Comme s’il ne voulait plus jouer au football. Le coach m’a dit qu’il allait savoir en faire quelque chose et je ne l’ai jamais regretté. Il se sentait tellement apprécié. Il n’était plus considéré à sa juste valeur à Anderlecht. Tout le monde trouvait ça normal qu’il mette des ballons en lucarne à 20 mètres. Il le faisait tout le temps. Il est devenu un des meilleurs joueurs qu’a connu le PSV. Puis, quel travailleur. Son père le faisait bûcher. Il devait courir 100 mètres avant de frapper au but et il avait intérêt à cadrer. Chaque jour. Du gauche et du droit. Je n’avais presque jamais vu un joueur aussi doué des deux pieds."
4. Michel Verschueren: "Son fils est plus diplomate"
Michel Verschueren a eu du mal à cacher sa joie de voir Frank Arnesen nommé par son fils au poste de directeur technique. "Il m’a félicité et m’a rappelé qu’il m’avait fait venir à l’époque à Anderlecht. C’est un exemple pour moi. Un businessman, un peu comme Uli Hoeness (Bayern Munich) . Michel a fait un boulot fou avec Constant Vanden Stock. Michael et lui sont différents. Michael est plus diplomate, plus gentleman. Michel pouvait être dur et nous faire peur. Son fils est moins un homme de football que moi et c’est pour cela que nous formons un bon duo. Nous devons bien trouver notre place."
5. José Mourinho: "Il est entré en conflit avec tout le monde"
Frank Arnesen grimace quand on évoque José Mourinho. "C’est difficile. Après un an à Chelsea, Abramovich m’a demandé de gérer les transferts avec Mourinho. Cela ne me posait pas de soucis. Au début, tout allait bien mais je n’étais pas d’accord avec tout. Je donnais mon avis et notre relation s’est détériorée. À un moment, il s’est comporté comme il le fait toujours. Il est entré en conflit avec tout le monde. S’il me croise, il va passer devant moi sans me dire bonjour. Je ne suis pas rancunier. Je lui serre la main avec respect si je le croise. Il faut en avoir pour un coach qui a tant gagné."
6. Fred Rutten: "Il rend meilleurs les joueurs"
Leur passé commun a lié Frank Arnesen et Fred Rutten. Le premier a d’ailleurs fait venir le second au PSV. "Je pensais qu’il ne quitterait pas Twente. Je le voulais comme directeur de la formation. Il m’impressionnait. Il n’a fait qu’une saison à ce poste et dit qu’il aurait dû y rester davantage. Il a joué les assistants de Guus Hiddink puis est parti. Il rend meilleurs les joueurs. J’ai confiance en ses qualités. Il est bon et proche des joueurs. À sa manière. Il peut être dur mais a la capacité de rapidement connaître les gens. On avait besoin d’un coach de ce type."
7. Franky Vercauteren: "La meilleure équipe j'ai connue"
Durant ses deux saisons à Anderlecht, Frank Arnesen a côtoyé un autre Frank : Vercauteren. Les deux hommes ont vécu de grands moments avec Anderlecht : une finale de Coupe UEFA et un titre. "Cette finale (NdlR : en 1984, contre Tottenham aux tirs au but) … C’était incroyable. J’ai connu de belles équipes. Mais celle d’Anderlecht à cette époque-là était la plus belle après l’équipe nationale du Danemark. Nous avions tout : Vandenbergh et Czerniatinsky marquaient tout le temps, il y avait aussi Vandereyken, Scifo, Lozano, Frimann, Olsen, Peruzovic, Hofkens, Grunn, Andersen, De Groote, Munaron, etc. Nous laissions même des internationaux en tribune. C’était incroyable."
8. Ivan Leko: "Je lui ai dit que Bruges allait connaître des difficultés"
Ivan Leko, l’actuel coach du Club Bruges, a croisé la route de Frank Arnesen en 2015-16 au PAOK Salonique. "Il m’a directement fait bonne impression malgré des conditions de travail difficiles. Il était T2 et travaillait avec Igor Tudor. Au PAOK, concéder un nul équivaut à perdre la guerre. Je sais m’y faire mais ça n’allait pas. Nous faisions au mieux sans y parvenir. Quand j’ai compris que certaines personnes dans le club voulaient d’autres choses que moi, je suis parti. Mes coachs étaient mis sous pression. C’était injuste. Il m’a directement contacté lorsque j’ai été nommé à Anderlecht. Je lui ai dit qu’à partir de maintenant, le Club Bruges allait connaître des difficultés (rires)."
9. Mateja Kezman: "Son premier match était catastrophique"
Star du Partizan Belgrade, Mateja Kezman, grand attaquant serbe, peut remercier Frank Arnesen d’avoir lancé sa carrière au PSV en 2000. "Son premier match était pourtant catastrophique. Il avait des chaussures qui sortaient de leur boîte et les ballons volaient de tous les côtés. Mais je ne voulais pas voir le côté négatif. Je me concentrais sur ce qu’il savait faire. Il était tellement ambitieux qu’il n’avait peur de rien. Tout le monde me jugeait car nous avions eu des Romario, Ronaldo, Nilis ou Van Nistelrooy avant lui. Et Mateja n’avait marqué que deux buts le 6 décembre. Puis on gagne 0-4 à Heerenveen et il les marque tous. Il ne s’est plus arrêté. Pareil après à Chelsea, au PSG ou à Fenerbahçe."
10. Sören Lerby: "On m’a accusé de prendre de l’argent sur les transferts"
Frank Arnesen a une relation particulière avec l’agent danois Sören Lerby. "Nous nous connaissons depuis que nous sommes adolescents. C’était lors d’un tournoi au Danemark. Nous avons ensuite partagé la chambre en équipe nationale de jeunes. Je jouais à l’Ajax et il m’a demandé de venir. C’était mon premier transfert (sourire) . Il est devenu agent et nous avons encore une bonne relation. Nous avons fait de bons transferts avec lui."
Vlado Lemic est un autre agent proche du directeur technique. "Je l’ai connu via Mateja Kezman. Il m’a ensuite introduit auprès de Roman Abramovitch qui avait confiance en lui. Il m’a aidé à construire ma carrière. Il m’a conseillé à Abramovitch pour m’occuper de l’académie de Chelsea. Il y a eu un souci avec lui au sujet de Milan Badelj à Hambourg. Je l’ai acheté à 3,5 millions via Lemic qui connaît bien le Dinamo Zagreb car on avait discuté avec Luka Modric. Un autre agent a prétendu me l’avoir proposé à 2,5 millions. Ce qui n’était pas possible car Fenerbahçe en proposait 6 ! On m’a accusé d’avoir pris de l’argent avec Lemic alors qu’il n’a fait que deux de mes 24 transferts du mercato. Et gratuitement."