Frank Arnesen: "Amener le nouveau Ronaldo sera difficile mais pas impossible"
Profil du nouveau coach, recrutement de promesses et location de joueurs dans les grands clubs : le duo Verschueren-Arnesen dévoile sa nouvelle stratégie sportive.
- Publié le 04-01-2019 à 06h55
- Mis à jour le 04-01-2019 à 10h45
Profil du nouveau coach, recrutement de promesses et location de joueurs dans les grands clubs : le duo Verschueren-Arnesen dévoile sa nouvelle stratégie sportive. Certains diront qu’il est charmeur. D’autres carnassier. Ce qui est sûr, c’est que le sourire de Frank Arnesen a marqué lors de sa première conférence de presse jeudi matin. Peut-être aussi parce qu’on n’était plus habitué à voir fonctionner des zygomatiques dans les allées du stade Constant Vanden Stock. En tout cas, le nouveau directeur technique du RSCA avait l’air content d’être là. À 62 ans, le Danois s’est félicité d’entamer à Anderlecht, un club où il a joué 71 matchs entre 1983 et 1985, sa 25e année dans ce métier très spécifique. Mais l’état de grâce pourrait être de courte durée vu les nombreuses questions qui se posent actuellement sur la situation sportive du Sporting. Avec Michael Verschueren, il a levé un coin du voile.
1. Pourquoi a-t-il accepté de venir après avoir refusé ?
Michael Verschueren avait contacté Frank Arnesen à la fin du mois de novembre. "Mais il avait refusé sans que je puisse lui expliquer notre projet. Puis c’est Frank qui est revenu vers nous."
"Au début, je ne voulais pas du job, reconnaît Arnesen. Puis j’ai réfléchi et j’ai recontacté Michael quand j’ai vu qu’il n’y avait toujours personne. Anderlecht est un club qui fait toujours beaucoup parler et qui a beaucoup de possibilités. Je suis heureux d’être ici."
2. A-t-il échoué dans le dossier Cocu ?
Le plan A pour succéder à Hein Vanhaezebrouck, c’était Phillip Cocu mais il ne viendra pas. Un premier échec pour Arnesen qui l’a connu comme joueur et qui est le beau-père de son adjoint ? "Non car Phillip a tout simplement décidé de recharger ses batteries après avoir beaucoup travaillé ces dix dernières années, répond Arnesen. Il serait peut-être arrivé plein d’énergie avant d’exploser au bout d’un mois. Il se remettra à disposition d’un club à partir de l’été prochain et je trouve que c’est une décision intelligente de sa part. Va-t-on revenir à la charge en été ? On veut ce qui est le mieux pour Anderlecht dès maintenant."
3. Peut-il trouver le bon entraîneur ?
Depuis le licenciement de Vanhaezebrouck, Anderlecht a reçu 90 candidatures spontanées. "Parfois d’entraîneurs déjà en poste ailleurs, précise Verschueren. Parmi tous ces CV, il y a vraiment un très grand nom mais je ne peux pas le révéler maintenant. Cela démontre en tout cas l’attractivité du club."
Comment choisir maintenant ? "On a fait une short list et on explore plusieurs dossiers en même temps. Je ne peux pas donner les noms mais ça va s’accélérer maintenant que Frank a commencé son travail."
Ensemble, les deux hommes ont dressé un profil : "Il doit pouvoir travailler avec les jeunes, avoir le style de jeu de la maison et être un grand communicateur avec les joueurs", détaille Verschueren. Un dernier point essentiel pour la direction car ce n’est pas le point fort de Vanhaezebrouck, plutôt distant avec son groupe.
Autre qualité requise : ne pas venir d’un pays exotique dans l’histoire du RSCA. "J’ai reçu beaucoup de candidatures d’entraîneurs italiens mais je ne vois pas vraiment de succès entre Anderlecht et le football italien dans le passé."
C’est bien plus le cas pour les Néerlandais (Jol reste une piste même si Verschueren nie avoir déjà pris contact) ou les Danois (Hjulmand peut encore y croire aussi). Selon Verschueren, il y a aussi des Belges dans la short list (mais ils ne partent pas du tout favoris). "Je ne fixe pas de deadline pour trouver notre coach. J’avais fixé une date pour avoir le directeur technique et je n’avais pas pu tenir les délais. Je m’étais fait taper sur les doigts (sourire)."
4. Peut-il conserver Belhocine avec le nouveau T1 ?
"Je ne lui ai pas encore parlé mais je ferai connaissance avec tout le monde durant le stage en Espagne", répond juste Arnesen à propos de l’ancien adjoint de Vanhaezebrouck devenu T1 intérimaire. Verschueren est plus précis : "On aimerait conserver Karim quand le nouveau coach sera là."
5. Peut-il travailler avec un président comme Coucke ?
Marc Coucke est un président qui aime s’impliquer à tous les niveaux du club. Parfois jusque dans le vestiaire, un lieu pourtant sacro-saint pour le staff technique. Arnesen l’acceptera-t-il ? "J’ai connu beaucoup de présidents, je suis flexible. Chacun doit respecter son rôle mais je dois dire que j’ai un très bon feeling avec Coucke. On a parlé longuement et il m’a fait bonne impression. Après cette discussion, je me suis dit que j’avais pris la bonne décision."
6. Peut-il collaborer avec Devroe ?
Il y a quelques semaines encore, le poste était occupé par Luc Devroe. Mais il a payé le mercato estival en étant rétrogradé. Il est aujourd’hui dans la cellule scouting, directement sous la responsabilité d’Arnesen. Une situation bizarre. "Le mariage est-il possible ? Nous verrons bien, nous n’avons pas encore discuté", répond diplomatiquement Arnesen. Verschueren est clair : "Frank est le patron de Luc et on verra bien si ça clique entre eux."
Les bruits de couloir à Neerpede disent que Devroe chercherait une porte de sortie rapide. D’autant qu’Arnesen souhaite s’appuyer sur ses hommes de confiance dans la cellule scouting (lire par ailleurs).
7. Peut-il recruter de grands noms ?
Verschueren a cité de nombreuses fois le mot "réseau" jeudi. Le carnet d’adresses d’Arnesen est fourni grâce à ses passages au PSV, Tottenham, Chelsea et Hambourg. Mais aussi parce que son fils est recruteur pour Manchester City. "Tenter de faire venir des joueurs excédentaires dans les grands clubs européens fait partie des pistes que nous allons explorer, reconnaît Arnesen. Aussi grâce aux contacts de Michael à l’ECA (NdlR : l’association des clubs européens)."
Pour le mercato de janvier, il ne faut pas encore s’attendre à l’arrivée de nombreux joueurs. "Le marché en janvier est compliqué, explique Arnesen. Il y a beaucoup de joueurs blessés et le choix est donc fort limité. Le plus important, c’est de dégager les quelques postes prioritaires puis de parler des recrues potentielles avec le nouveau coach."
Dans l’autre sens, Arnesen sera aussi chargé d’élaguer un noyau qui risque de devenir trop large pour ne jouer que le championnat.
8. Peut-il trouver le nouveau Ronaldo ?
Quand il avait débuté sa carrière de directeur technique, au PSV en 1994, Arnesen avait directement frappé un grand coup : engager Ronaldo. "Mais ce sera très difficile de le refaire pour Anderlecht. À cette époque, il n’y avait que deux clubs qui étaient sur Ronaldo : l’Inter et le PSV. Grâce à un gros travail et l’aide de Romario, j’avais pu le faire venir. Mais aujourd’hui, tous les clubs font du scouting intense et le nouveau Ronaldo serait dragué par des dizaines et des dizaines de clubs. Cela ne veut pas dire qu’Anderlecht n’aurait pas ses chances pour autant. Ce club a des arguments. Le début de carrière ici de Kompany et de Lukaku, des stars mondiales, en fait partie."
9. Peut-il arrêter d’avoir quelques agents privilégiés ?
Arnesen arrive en Belgique en plein Footgate. Et ses relations parfois suspectes avec certains agents dans le passé, comme le Croate Lemic, resurgissent. "Je ne vais pas changer ma façon de travailler. À Hambourg, on a analysé tous mes transferts de A à Z en demandant de tout prouver. La direction n’a strictement rien trouvé. Je peux me regarder dans un miroir et je dors très bien la nuit."
Verschueren ne s’inquiète pas non plus. "Je suis sûr à 100 % qu’il n’y aura pas de problème à ce niveau. Les règles de la Pro League sont de toute manière sévères. Durant ce mercato, on travaillera avant tout avec les agents qui n’ont pas été inquiétés dans l’affaire." Un message très clair envers Mogi Bayat, pourtant le roi du mercato d’hiver.