Comment Teodorczyk est passé devant Messi
Aucun Anderlechtois n’avait marqué autant après 16 journées depuis Koller et Radzinski lors de la fameuse saison 2000-2001.
- Publié le 30-11-2016 à 10h21
Aucun Anderlechtois n’avait marqué autant après 16 journées depuis Koller et Radzinski lors de la fameuse saison 2000-2001. Cette fois, son but est presque passé inaperçu. Lukasz Teodorczyk a encore marqué dimanche mais les 6 autres roses plantées dans la cage du pauvre gardien mouscronnois ont éclipsé le 19e but du Polonais cette saison avec Anderlecht, le 12e en Pro League.
Pourtant, ce 12e but inscrit lors de la 16e journée a un petit quelque chose de spécial. Pour trouver trace d’un Anderlechtois qui marque autant après 16 rencontres de championnat, il faut remonter… 16 ans en arrière avec l’historique duo Jan Koller-Tomasz Radzinski.
En 2000-2001, le Tchèque et le Canadien (né en… Pologne) avaient, eux aussi, marqué 12 buts après les 16 premières journées de compétition. Cette année-là, le Sporting avait donc deux Teodorczyk en pointe. "La belle époque", sourit Koller qui décroche après avoir terminé un match de tennis à Monaco.
Jan Koller connaît un peu Lukasz Teodorczyk. "Pour être honnête, je n’ai pas encore vu un match d’Anderlecht cette saison. Je regarde juste les résultats tous les week-ends. En cliquant pour voir les compositions et les buteurs, je me suis rendu compte que ce Teodorczyk marquait quasiment à chaque fois et ça m’a intrigué. On m’a dit qu’il avait un peu le même style que moi : grand et efficace devant. Je vais essayer de regarder un match pour me faire mon avis."
S’ils ont peut-être le même style, ils ont assurément les mêmes statistiques pour l’instant en championnat. Et quand on se souvient à quel point le passage du Tchèque était marquant, ce n’est pas rien. "Bravo à lui car mettre 12 buts en 16 journées en Belgique, ce n’est pas simple", estime Koller. "Même si on a souvent tendance à la sous-estimer, la compétition belge est difficile pour un attaquant."
Un avis partagé par Wesley Sonck, notre second interlocuteur. Pourquoi lui ? Il avait réussi l’exploit de marquer 17 buts (!) après les 16 premières journées en 2001-2002 avec Genk. Personne n’a fait mieux chez nous au 21e siècle. Sonck avait d’ailleurs terminé la saison avec 30 roses, un autre record depuis le passage à l’an 2000. "J’étais très en forme cette année-là, mais j’avais aussi la chance d’être dans une équipe qui tournait parfaitement bien et qui se créait donc beaucoup d’occasions. Anderlecht n’est pas du tout dans la forme du Genk de l’époque. Teodorczyk reçoit donc moins de possibilités. Si le Sporting marchait bien, il serait sans doute tout près de mes 17 buts", précise l’ancien Diable, fair-play.
En tant qu’analyste à la télé flamande, Wesley Sonck apprécie les prestations du Polonais depuis le début de la saison. "On me dit souvent qu’il n’est pas beau à voir jouer. Je remarque qu’il est efficace et qu’il joue toujours simplement. Je trouve ça très beau, moi. Et en plus, il a mis quelques jolis buts dans le paquet, des buts pas faciles à mettre du tout, croyez-moi."
L’ancien de l’Ajax Amsterdam garde quand même son sens critique. "Vous me dites qu’aucun Anderlechtois n’avait fait aussi bien depuis l’époque Koller-Radzinski mais il ne faudrait pas croire que Teodorczyk est le meilleur attaquant du club depuis lors. Les buts ne font pas tout pour un attaquant moderne. Romelu Lukaku marquait moins, mais il a quelque chose qui manquera toujours au Polonais : la vitesse. Mitrovic empilait aussi les buts avec le Sporting mais il ne réussit pas en Angleterre pour l’instant. Je reste persuadé que le Serbe n’est pas assez complet pour s’imposer dans un tel championnat. Et c’est pareil avec Teodorczyk qui a les mêmes limites techniques dans le jeu."
Il manque encore 18 buts à Teodorczyk pour égaler le record de Sonck. "Réussira-t-il à mettre 30 buts comme moi ? Tout est possible mais ce sera dur quand même. Même s’il y a plus de matches et donc plus de chances d’y arriver, le football est devenu plus dur physiquement et c’est compliqué de faire toute une saison sans blessure. Mais s’il y arrive quand même, bravo à lui. Je ne lui en voudrai pas car ce record du 21e siècle ne me rapporte rien à la fin du mois." (rires)
Sans lui, Anderlecht serait largué
Si on retire les buts décisifs de Teo, le RSCA serait derrière Eupen en Pro League.
Neuf points en championnat de Belgique. Telles sont les unités qui auraient pu être retirées à Anderlecht si Lukas Teodorczyk n’avait pas été là.
Et encore, n’ont été pris en compte que les matches lors desquels ses buts ont fait la différence. Comme face au Standard où il a inscrit le seul goal de la partie. Il a donc, pour clarifier les calculs, offert deux points à son équipe qui aurait fait un nul sans lui. Son ouverture du score face au REM ce week-end, n’est, par exemple, pas prise en compte.
Le buteur polonais a eu un impact décisif sur la rencontre lors de cinq matches (Standard, Charleroi, Gand, Eupen et Lokeren) de championnat. Sans ses buts et son assist, Anderlecht n’aurait pas pu revendiquer son classement actuel.
En retirant les neuf unités rapportées, les Mauves se situeraient à la 11e place du classement de la Pro League, coincés entre Eupen et Waasland-Beveren.
Une situation qui ne se serait certainement pas produite si un autre attaquant avait été aligné à sa place mais qui illustre, par l’absurde, l’importance des banderilles plantées par le meilleur buteur européen toutes compétitions confondues.
En Europe, par contre, il n’a changé directement le cours d’une rencontre qu’à une seule reprise : à Mayence en inscrivant le seul but anderlechtois pour conclure le match sur un nul (1-1).
Un goal qui aurait laissé un peu de suspense pour la dernière rencontre car Mayence n’aurait plus que 3 unités de retard sur Anderlecht… mais une différence de but de +11 sur les Allemands.
Teodorczyk est passé devant Messi
Ça y est, il est devant. Avec son doublé face à Zulte Waregem, son but en Europa League et l’ouverture du score face au REM, Lukasz Teodorczyk s’est installé comme meilleur buteur des 10 plus grands championnats européens toutes compétitions confondues.
Le Polonais totalise désormais 19 buts soit un de plus que Lionel Messi (qui est à 18 si on ne prend pas en compte la Supercoupe d’Espagne) et qu’Edinson Cavani, qui joue lui en Ligue 1 cette semaine. Edin Dzeko est, lui, à deux longueurs. Suivent Sergio Agüero et Pierre-Emerick Aubameyang avec 16 buts.