Comment Marc Coucke est en train de perdre le fil
Afin de sauver les meubles, le président se mêle de tout à Anderlecht.
- Publié le 17-11-2018 à 07h46
- Mis à jour le 17-11-2018 à 08h53
Afin de sauver les meubles, le président se mêle de tout à Anderlecht.
Pendant que les Diables rouges achèvent leur parcours en Nations League, c’est surtout de Neerpede que viennent les informations les plus surprenantes. Grâce à un homme : Marc Coucke. Ce dernier sent que son projet rêvé est en train de lui glisser entre les doigts et il veut redresser lui-même la barre avec des décisions précipitées et parfois bizarres. On a l’impression que Coucke est en train de perdre les le fil.
Coucke n’avait pas besoin du RSC Anderlecht pour réussir sa carrière. Il est devenu milliardaire en faisant des affaires en dehors du football. Mais comme tout businessman qui se lance dans le football, il était à la recherche de la gloire. Il l’avait en partie trouvée dans le cyclisme (sponsor de Omega Pharma Lotto et puis d’Etixx-Quick Step) et dans le football. Mais il voulait un jouet plus important que le KV Ostende, qui avait atteint sa croissance maximale.
La vente d’Anderlecht était un cadeau qui lui tombait du ciel. 80 millions ? Des miettes pour l’entrepreneur qui, selon le site derijkstebelgen.be, occupe la 26e place dans la liste des Belges les plus riches, avec plus d’un milliard d’euros. Coucke pourrait enfin faire la Une des journaux en multipliant les victoires. Il pourrait faire parler d’Anderlecht en Ligue des champions, ce qui était de moins en moins le cas à l’époque de Roger Vanden Stock. Il pourrait rendre au Sporting le statut qu’il avait dans les années ‘70 et ‘80. Il serait le roi du Parc Astrid et, dans quelques années, du nouveau temple qu’il construirait ailleurs dans la région bruxelloise.
Presque un an après avoir pris le dessus sur Paul Gheysens et Ghelamco, il est confronté à une toute autre vérité. Coucke ne le dira jamais, mais ne regretterait-il pas sa décision prise dans la précipitation ? Savait-il combien de cadavres étaient cachés dans les placards ? Savait-il à quel point Mogi Bayat avait magouillé ? Se rendait-il compte des frais qu’il devrait faire pour que son nouveau club puisse fonctionner normalement ?
On a l’impression que Coucke ne s’amuse plus pendant les matchs. Le stress a pris le dessus sur la passion. Ses grimaces trahissent que chaque but est un soulagement, et chaque victoire une revanche.
Coucke a commis l’erreur de tout vouloir changer en une fois à Anderlecht. Presque tout ce qui était l’héritage de Roger Vanden Stock et Herman Van Holsbeeck devait disparaître. La vague de licenciements en est le meilleur exemple. Maintenant, Coucke invite des anciens comme Zetterberg ou Kompany pour renouer avec les succès du passé.
L’élimination européenne à Fenerbahçe a été la goutte qui a fait déborder le vase pour Coucke. Le lendemain du match, à l’aéroport d’Istanbul, il a fait savoir à son fidèle bras droit Luc Devroe qu’il serait dégradé. L’entrée en fonction du sauveur Michael Verschueren comme manager général se fera beaucoup plus tôt que prévu. Entre-temps, il avait fait envoyer une lettre à tous les agents pour leur faire savoir qu’il bloquerait leurs paiements tant qu’une enquête interne est en cours pour contrôler la validité des commissions.
Le comble était sa décision d’envoyer Landry Dimata en vacances, à l’insu de Hein Vanhaezebrouck. Du coup, l’entraîneur d’Anderlecht a donné deux jours de congé aux autres joueurs, afin de ne pas favoriser l’un ou l’autre. En tout, les Mauves auront cinq jours de congé. C’est plus qu’à l’époque de Weiler.
Mais ce qui inquiète encore plus, c’est l’interférence de Coucke dans l’aspect sportif. Si c’est lui qui va décider des transferts rentrants au mercato d’hiver – il va sans doute faire de grosses dépenses – on peut craindre le pire...