Bubacarr Sanneh, le défenseur le plus cher de D1: tellement costaud qu’on le surnomme l’arbre

À entendre ceux qui connaissent le défenseur central de 23 ans, il vaut bien les huit briques qu’Anderlecht a mises sur la table pour le faire quitter Midtjylland.

"Dans deux ou trois ans, Anderlecht le vend pour le double" , parie Ibou Sawaneh, ancien joueur gambien du Championnat de Belgique, qui a suivi de près l’évolution de son compatriote.

Tom Saintfiet nuance légèrement. "Si Anderlecht est champion, tout le monde dira qu’il vaut bien tout cela. Sinon, ça risque de faire du bruit."

À Anderlecht, tout le monde n’attend qu’une seule chose : qu’il fasse oublier Kara Mbodji, parti à Nantes.

PUISSANCE

Les deux hommes se ressemblent un peu. Dans la stature surtout. Plus petit que le Sénégalais, à qui il rend près de 10 centimètres, Sanneh n’a rien à lui envier niveau musculature.

Le Gambien est une force de la nature. "On l’appelle Timber, c’est son surnom", sourit Omar Colley, international gambien, ex-Genk et ami de Sanneh. "Ça veut dire l’arbre en anglais et ça résume bien à quel point il est puissant. Ce gars, c’est un arbre."

Tom Saintfiet l’a vu à l’œuvre face à l’Algérie et a été positivement impressionné par son aisance à aller au contact.

"Moi, je suis content de ne pas avoir dû jouer de duels face à lui" , souffle Matej Delac, ancien gardien de Mouscron, qui évolue désormais à Horsens, l’ancien club danois de Sanneh. "J’ai vu mes équipiers face à lui il y a quelques semaines, c’est du costaud."

JEU AÉRIEN

Dans les airs, ses 183 centimètres font des ravages. "Ce n’est pourtant pas bien grand, hein ?" , interroge Saintfiet.

"Il prenait tous les ballons aériens" , affirme Delac. "C’était fou. Il n’en loupait pas un dans les airs."

Selon Omar Colley, "il faut l’affronter pour le comprendre". Le Gambien a un sens inné du timing et une détente impressionnante. "Il est très athlétique" , souligne l’ancien Genkois qui évolue à la Sampdoria.

Son sélectionneur l’a vite compris et l’a fait monter sur phases arrêtées. "Il est passé tout près de la tête face à l’Algérie" , regrette Saintfiet.

VITESSE

Un point le différencie de Kara : sa vitesse. Sanneh se retourne rapidement et est capable de compenser une erreur ou de rattraper un adversaire parti en rupture.

"Pour un gars de son format, il est vraiment rapide" , affirme Ibou Sawaneh. "Puis il sait répéter les efforts."

TECHNIQUE

"À son arrivée au Danemark, il ne brillait pas ballon au pied, m’a-t-on dit", explique Matej Delac, qui évolue dans le club qui a découvert Sanneh. "Ça allait, mais il a fait un énorme pas en avant à ce niveau-là."

Ses longues passes sont même devenues une marque de fabrique. Calme au ballon, il sait balancer le cuir à 50 mètres en restant précis. "Il a le style pour jouer à Anderlecht, surtout avec un coach comme Vanhaezebrouck, qui construit de l’arrière", dit Sawaneh. "Il a vraiment des qualités footballistiques et surtout beaucoup de sérénité quand il est en possession du ballon."

TACTIQUE

Son sens du placement a été souligné parmi ses principales qualités. S’il réussit à remporter autant de duels aériens et à bien bloquer ses adversaires, c’est également grâce à cet atout.

"Il a réussi à rapidement s’adapter à ma défense à quatre alors qu’il jouait à trois en club (NdlR : et pareil à Anderlecht)", dit Saintfiet. "Je lui ai aussi conféré un rôle plus défensif qu’à l’habitude et il s’y est fait."

Omar Colley le voit parfaitement s’intégrer dans le système de Vanhaezebrouck. "En plus, je sens qu’avec ces qualités il va plaire au coach. C’est un assortiment réussi."

CARACTÈRE

En tant qu’ami, Omar Colley peut difficilement critiquer Bubacarr Sanneh. "Il faut le connaître" , prévient-il. "Pas qu’il soit méchant, loin de là, mais il peut passer pour un timide de prime abord alors qu’il est très sociable."

Son anglais l’a aidé à s’intégrer au Danemark sans le moindre souci. Au fil des années, il a appris à se faire entendre en club mais également en équipe nationale.

"Il est plus un grand espoir qui monte qu’un patron affirmé" , déclare Ibou Sawaneh. "Mais quand il parle, il est écouté et respecté. Ce qu’il dit est juste et efficace."

Tom Saintfiet l’a ressenti dans son vestiaire. Le joueur est "une vraie personnalité qui parle peu mais qui se comporte en vrai pro. Il a un certain leadership en lui, qu’il va laisser s’exprimer".

Beaucoup le définissent comme une bête de travail. "C’est un gros bosseur" , dit Sawaneh. Et Colley d’ajouter : "Il est à l’écoute de tout ce qu’on dit et n’a qu’une obessesion, s’améliorer."

EXPÉRIENCE

À seulement 23 ans, il n’a pas les planches d’un patron. Avec plus de 100 matches avec Horsens et plus de 20 à Midtjylland, il a pris de l’expérience. Reste à l’opposer aux attaques belges. "Cela ne devrait pas être un souci" , dit Delac. "Je connais les deux compétitions. Les équipes du top sont meilleures en Belgique mais les plus petites équipes sont du même niveau. Cela ne devrait pas être un choc."

Son jeune âge lui fait commettre de petites erreurs. "Il a tendance à être très généreux" , explique Ibou Sawaneh. "Il vient parfois trop vite et trop fort au duel et commet donc des fautes."

MARGE DE PROGRESSION

Tous s’accordent sur une chose : Anderlecht ne sera qu’un lieu de passage pour Sanneh. "Dans maximum trois ans, il est parti", affirme Ibou Sawaneh.

"Il ne cesse d’apprendre et possède beaucoup de talent. Il doit juste peaufiner certains détails et gommer de petits défauts" , dit Omar Colley.

Son avenir ? "Il a tout pour aller en Premier League" , dit Sawaneh. Son sélectionneur national confirme : "Même si je l’imagine bien en Italie ou en Allemagne."