Aloys Nong préface le Clasico: "Si le Standard gagne ce jeudi, il ira jusqu’au titre"
Héros malheureux en 2011 de l’épopée rouche en PO1, Aloys Nong décèle de nombreuses similitudes avec le parcours actuel du Standard.
- Publié le 10-05-2018 à 09h54
Héros malheureux en 2011 de l’épopée rouche en PO1, Aloys Nong décèle de nombreuses similitudes avec le parcours actuel du Standard. "Aujourd’hui, j’y pense encore…" Sept ans après, la plaie est encore ouverte, Aloys Nong n’a pas oublié ce soir du 17 mai 2011 à Genk où, au terme d’un parcours mémorable en PO1, le Standard perdait le titre pour un demi-point.
L’attaquant camerounais, exilé en Iran depuis trois ans, auteur de quatre buts et un assist en PO1 cette saison-là, explique comment le Standard s’y était pris pour contrer tous les pronostics et donne des conseils aux Rouches actuels.
Aloys, vous savez que le Standard se retrouve dans la même situation que vous en 2011 ?
"Je suis toujours ça de très près. J’ai regardé le match de dimanche dernier contre Genk. Je me suis régalé devant le festival de Mehdi (rires). J’ai également été séduit par Edmilson Junior, un superbe joueur."
Pensez-vous les Rouches capables de rafler le titre ?
"Comme nous, il y a sept ans, le Standard est la meilleure équipe des PO1 après avoir vécu une saison compliquée et ce, malgré le succès en Coupe. Personne n’attendait le Standard à ce niveau-là. En 2011, on voulait faire plaisir à nos supporters après une phase classique catastrophique. On a finalement échoué pour un demi-point. Aujourd’hui, je vois les Standardmen capables de réussir là où on a échoué."
En 2011, quelle a été la recette de cette incroyable remontée ?
"On n’a jamais rien revendiqué ou clamé dans les médias. Mais, dans notre for intérieur, on se sentait capable de soulever des montagnes. Et ça, c’est notamment à Sergio Conceição qu’on le doit. Il a été le détonateur. Sergio nous a dit, au début des PO1 , d’oublier la phase classique et de croire en nous comme lui, il croyait en nous à une seule condition : prendre match par match et ne pas se voir trop beaux."
Match par match, c’est également le discours actuel mais n’est-ce pas un peu trop facile ?
"Que voulez-vous qu’ils disent ? Cela ne dépend pas uniquement du Standard. Les joueurs ne vont donc pas se laisser aller à des projections inutiles. Pour eux, le plus dur commence maintenant. Ils sont à quatre points de la tête alors qu’il ne reste que trois journées. Tout est possible mais ils seraient fous de dire qu’ils sont candidats au titre. Nous, à l’époque, on avait l’excuse de la Coupe. On devait jouer la finale une semaine après la fin des PO1 et on pouvait légitimement dire qu’on se focalisait sur cette finale."
Tout commençait par ce match à Anderlecht avec cette composition improbable.
"Tout le monde nous voyait perdants. Pour les gens, Dominique D’Onofrio était tombé sur la tête. Mais on avait une demi-finale de Coupe à préparer et, dès la fin de la phase classique, c’était clair pour les joueurs, on savait qu’on allait jouer ainsi. Les observateurs nous voyaient tous prendre une correction mais ils n’étaient pas dans le vestiaire pour écouter la causerie de Sergio Conceição qui nous a dit : ‘On a fait des choix durant la saison. Vous n’avez pas toujours, ou pas souvent, joué. Mais maintenant, prouvez-nous que nous avons eu tort. Prouvez à tout le monde que vous n’êtes pas ici pour rien.’ Après ce discours, on était transcendé et on pouvait aller à la guerre."
À partir de quand avez-vous pris conscience que vous pouviez aller au bout ?
"Après la 3e journée et la victoire à Gand (1-3). Mais là encore, Sergio Conceição était là pour nous faire redescendre sur terre en rappelant d’où on venait. Plus les victoires s’enchaînent, plus la confiance s’accumule et ce, chez tous les joueurs, même les réservistes. Cela fait que le coach peut mettre n’importe quel joueur sur le terrain, il s’arrachera. Et c’est ce qu’on retrouve aujourd’hui dans le groupe de Sa Pinto. Tout le monde est concerné."
Le Clasico de jeudi pourrait déjà être décisif pour le Standard.
"Ils auront la pression, c’est certain, dire le contraire serait mentir. Mais cette pression va leur servir à rester concentrés. Malgré leur parcours exceptionnel jusqu’à présent, et comme nous à l’époque, on prédit que ce sera difficile pour le Standard de le faire. Mais j’en suis certain, s’ils battent Anderlecht jeudi, les Rouches seront champions !"
"Mehdi s’est endurci en Espagne"
Le Camerounais est heureux du retour au premier plan de Carcela à Sclessin
Dimanche dernier, Aloys Nong a donc suivi la rencontre entre le Standard et Genk sur son ordinateur. Il aura été particulièrement attentif à la prestation de son ancien équipier, Mehdi Carcela. "Il est chaud pour le moment", lance-t-il en rigolant. Le Camerounais n’est pas surpris par le second retour du Marocain à Sclessin.
"Mehdi est chez lui au Standard. C’est comme Mpoku. Ces deux-là sont de vrais Liégeois. C’est une vraie plus-value pour le club de compter sur des gars comme eux."
Aujourd’hui , Mehdi Carcela est quasiment décisif à tous les matches. "Je vois que ses statistiques sont bonnes et qu’il prend ses responsabilités", poursuit Aloys Nong.
"Je pense que son passage en Espagne y est pour beaucoup. À Grenade, il a dû faire face à la réalité d’un club qui doit se battre pour sa survie. C’était une première pour lui. Dans pareille situation, tu es obligé de tout donner à chaque match. C’est pourquoi, aujourd’hui, Mehdi est plus complet et davantage consistant dans ses prestations. Il a acquis une énorme expérience dont il fait profiter tout un club."
Ce lundi, Mehdi Carcela a remporté, pour la deuxième fois de sa carrière, le trophée du Lion Belge récompensant le meilleur joueur d’origine arabe de la compétition. Mais pour Aloys Nong, le Marocain pourrait bien truster d’autres distinctions individuelles d’ici quelques mois.
"Il tire l’équipe vers le haut et s’il reste au Standard, il sera encore plus fort la saison prochaine. Le Soulier d’Or ? Bien sûr qu’il peut le remporter. En 2011, Axel Witsel et Steven Defour étaient mis sur le devant de la scène, aujourd’hui, c’est au tour de Mehdi !"
En 2011, Aloys Nong avait été scotché par Mehdi Carcela au cours du premier Clasico de la saison après lui avoir adressé une remarque. "J’étais sur le banc et Mehdi jouait sur le flanc droit, donc juste devant nous. À un moment, il marchait. Je lui ai alors crié : ‘Mais qu’est-ce que tu fais ? Joue un peu.’ Mehdi, avec un grand sourire, s’est alors retourné et m’a fait un clin d’œil en lançant : ‘Attends, tu vas voir.’ Il a pris le ballon, a accéléré et déposé cinq Anderlechtois. Il terminait le match avec un but et un assist au compteur et on l’emportait 5-1. C’est ça, Mehdi Carcela (rires)."
"Genk avait peur de nous"
Sans des réflexes venus d’ailleurs du jeune Thibaut Courtois, Aloys Nong offrait le titre au Standard en 2011.
Le 17 mai 2011 restera à jamais une date noire dans l’histoire du Standard. Ce soir-là, les hommes du regretté Dominique D’Onofrio perdaient le titre tandis que Mehdi Carcela manquait, quant à lui, de perdre la vie.
"C’était un cauchemar", se souvient Aloys Nong qui avait débuté le match sur le banc. "J’étais déçu de ne pas commencer. Sergio Conceição, encore lui, était venu me parler avant le match me disant qu’il fallait faire des choix mais qu’ils comptaient sur moi pour faire la différence en cours de match."
Invaincu (huit succès et un nul) avant le coup d’envoi du match décisif, le Standard inspire la crainte à son adversaire du soir.
"Genk avait peur de nous", assure Nong. "Deux jours avant le match, et encore même la veille, mon ami Eric Matoukou qui jouait alors à Genk m’a dit : ‘Aloys, on va jouer le match nul. On ne veut pas prendre de risques et tenter de bien jouer, on veut juste un point.’ Ils étaient dans leurs petits souliers."
Alors que les Liégeois dominaient outrageusement Genk, le tournant du match intervenait à la 29e minute avec ce choc entre Carcela et Mavinga. "Je devais monter au jeu en remplacement de Mehdi, mais je n’avais pas la tête à ça. Je suis entré sur le terrain sans être prêt mais en pensant à ce qui allait arriver à notre équipier, notre ami. Quand vous voyez vos équipiers pleurer sur le terrain, ça fait peur. Après ça, psychologiquement, on était cassé même si on a réussi à faire la différence dans les arrêts de jeu grâce à Elia(Mangala)."
Après l’égalisation de Kennedy, un jeune portier de 19 ans allait débuter son show. "Thibaut Courtois a réalisé son plus gros match des PO1 , et j’en ai payé les frais." Aloys Nong s’est heurté au futur Diable Rouge à deux reprises en deux minutes. "La deuxième fois, je mets une tête et je vois le ballon terminer sa course dans la lucarne. Je m’apprêtais même déjà à fêter mon but puis j’ai vu le bras de Courtois se tendre… Des supporters m’en ont voulu, mais aujourd’hui, Courtois est bien un de meilleurs gardiens au monde…"