À Genk, c'est le titre d’un collectif et de certaines individualités
Difficile de mettre en avant certains Genkois tant le titre est collectif. Certains ont toutefois eu plus d’impact que d’autres. Alejandro Pozuelo aurait pu faire partie de ce top ; d’autres joueurs se sont révélés suite à son départ.
- Publié le 18-05-2019 à 14h03
- Mis à jour le 18-05-2019 à 16h07
Difficile de mettre en avant certains Genkois tant le titre est collectif. Certains ont toutefois eu plus d’impact que d’autres. Alejandro Pozuelo aurait pu faire partie de ce top ; d’autres joueurs se sont révélés suite à son départ. Le serial buteur
Samatta a été une véritable machine à buts au long de la saison. Il est le seul joueur de Genk à avoir remporté un trophée individuel : le Soulier d’ébène. Difficile de ne pas souligner l’apport d’Ally Samatta dans le jeu de Genk. Le joueur a été un acteur majeur du titre.
Genk n’avait plus connu un tueur de son calibre depuis des années : 20 buts en championnat et 32 toutes compétitions confondues. Le bilan est lourd.
Sa saison 2017-18 ne laissait pas entrevoir un tel envol quelques mois plus tard. Il n’avait marqué que quatre buts en Pro League. Les blessures et un temps d’adaptation plus long que prévu l’ont bloqué. Il a fait le point avant le début de saison avant de décréter qu’il ne ferait qu’une bouchée de la Pro League.
Pour atteindre cet objectif, il devait faire face à un paramètre : le staff. Philippe Clement a cerné le potentiel du joueur, corrigé ses petits défauts et facilité son intégration.
L’attaquant a pu évoluer dans son registre. Le Tanzanien est un buteur à l’ancienne. Pas un joueur qui pèse dans le jeu mais qui est toujours au bon endroit, au bon moment.
Cela convient parfaitement à la recherche de profondeur prônée par Philippe Clement. L’attaquant fonce dans les espaces, trace des lignes de course devant ses défenseurs et pousse le ballon dans le but. Simple et efficace.
Wesley, l’attaquant de Bruges, se dit meilleur que lui mais avoue s’inspirer de la manière de courir de Samatta. "Une marque de respect", dit l’ancien ailier devenu numéro 9. Ses appels ne sont d’ailleurs pas innés. Il affirme avoir beaucoup appris en se gavant de vidéos de grands attaquants internationaux et de… Mbaye Leye.
À Genk, il a atteint le rang de cadre de l’équipe. Au pays, il est déjà un héros. Un statut qu’a renforcé son trophée de meilleur joueur africain du championnat et qui sera encore décuplé avec ce titre de Genk. On ose à peine imaginer son retour en Tanzanie avant la Can.
L’incroyable pied gauche
Malinovskyi a su prendre le lead technique de l’équipe suite au départ de Pozuelo. Ce qu’on retiendra de la saison de Ruslan Malinovskyi ? Le buzz créé par sa rouge sur Birger Verstraete qui aurait pu lui valoir sept journées de suspension ? Non, on préfère garder en tête ses coups francs ! Son pied gauche est certainement le plus beau du championnat. Il en a usé et abusé au long de la saison. Chaque fois qu’il était plus ou moins bien placé (même à 25 mètres du but), il a tenté sa chance, causant des frissons au gardien d’en face.
Mais on n’est pas élu deuxième meilleur joueur de la saison par ses pairs – il a terminé à quelques points d’Hans Vanaken au Footballeur pro – juste avec une bonne frappe.
L’Ukrainien a fait passer son jeu au niveau suivant. Déjà très costaud aux côtés d’Alejandro Pozuelo, il a gravi un échelon supplémentaire suite au départ de l’Espagnol.
Devenu le joueur le plus offensif du triangle médian de Genk, il a dû prendre de nouvelles responsabilités. Pas exactement les mêmes que Pozuelo, mais en osant prendre la main à la distribution, laissant Sander Berge le couvrir et Bryan Heynen jouer les relayeurs.
Il a également son importance en perte de balle. L’Ukrainien a une capacité physique supérieure à celle de son prédécesseur et n’a pas peur de faire des kilomètres pour aider ses équipiers du triangle médian ou pour aller coller un gros pressing à l’adversaire.
On dit souvent qu’on reconnaît les grands dans les moments importants. Depuis le début des playoffs, Malinovskyi a marqué quatre buts et donné trois assists.
L’artiste devenu capitaine
Trossard s’est érigé en vrai patron (technique et vocal) des Genkois. À l’image de nombreux Genkois, Leandro Trossard réalise la meilleure saison de sa carrière. Sur le rythme de ses playoffs d’il y a 12 mois, il a mis tout le monde d’accord sur son talent. Il a été l’homme du début de saison. Pas uniquement au club mais également en Pro League. Avec huit buts et deux assists distillés, il avait marché sur les onze premières rencontres de championnat.
Sans son long creux après la nouvelle année, il aurait sans aucun doute été l’un des favoris au titre de joueur de l’année.
Il représente tout ce que pour quoi les supporters vont au stade : une énorme qualité de dribble, une petite dose d’arrogance et une capacité à marquer des buts spectaculaires dans toutes les positions.
Des caractéristiques qui rappellent un certain Eden Hazard à qui beaucoup l’ont comparé lors de ses premières sélections chez les Diables. Il affirme essayer de s’en inspirer.
Il a un nouveau point commun avec le numéro 10 des Diables : le brassard de capitaine. Une offrande de Philippe Clement depuis le départ de Pozuelo qui a pris la forme d’une prise de conscience. Le feu follet s’est rendu compte qu’il pouvait avoir un véritable impact sur le vestiaire en plus d’être un leader technique sur le terrain.
Si Philippe Clement l’a essayé en numéro 10, ce sont ses incursions depuis le flanc gauche vers l’axe qui auront marqué les esprits. Un geste encore davantage utilisé ces derniers matchs (trois buts et deux assists sur les quatre derniers matchs) vu l’espace laissé par ses équipiers dans l’axe.
Avec toujours le même résultat : une frappe, souvent enroulée, qui rappelle Kevin De Bruyne, l’homme qui a porté Genk à son dernier titre avant celui-ci.
Mais aussi...
Sander Berge
Son absence a coïncidé avec la période de creux de Genk. Quand le Norvégien est revenu dans le coup au début des playoffs, il a remis tout le monde d’accord. À coup de récupérations de balle et de couvertures défensives, il a validé son statut de meilleur numéro 6 de Pro League.
Il a revêtu une veste de patron grâce à davantage de soutien de ses équipiers. Il a réalisé une tournée d’adieu parfaite. Il quittera Genk cet été en effaçant des tablettes le record du club de Ndidi (17 millions) voire de la Pro League et les 25 millions de Tielemans. Il symbolise à lui seul le travail du recrutement genkois. Le géant norvégien est arrivé pour une somme modique et est devenu tout simplement trop bon pour notre petite Belgique.
Sébastien Dewaest
Sébastien Dewaest est la grande surprise aux côtés de Samatta. Un peu comme le buteur, le défenseur a mis beaucoup de temps à s’adapter à Genk et au haut niveau belge. On n’avait jamais retrouvé le solide gaillard qui dominait la défense de Charleroi. Ligaments croisés et autres pépins l’ont freiné.
Il a pris une grave décision en revenant : retrouver un physique de champion. À coups de soins, de séances particulières et d’un régime strict, il a perdu du poids et s’est affûté.
Le résultat est sans appel. Le défenseur réussit la meilleure saison de sa carrière. Il a gagné en vitesse et en maturité sans perdre son impact dans les duels. Avec Jhon Lucumi, il forme un duo complémentaire et impressionnant.
Junya Ito
Arrivé cet hiver sans faire de bruit en direct de son Japon natal, Junya Ito est sans conteste le meilleur transfert du mercato de janvier. Seul Yannick Bolasie peut le chatouiller pour ce titre honorifique.
À peine revenu de la Coupe d’Asie, il s’est imposé dans l’équipe en prenant la place de Ndongala. Le Bruxellois a fait un premier tour de haut niveau et a sa part de responsabilités dans les bons résultats de son équipe. Il n’a toutefois pas su faire face à Ito. Le Nippon a marqué les esprits face à Anderlecht lorsque, blessé quelques secondes avant, il a marqué d’une frappe du gauche (son mauvais pied) en pleine lucarne. Sa vitesse et sa technique ont dérouté toutes les défenses au point d’ouvrir des espaces pour ses équipiers.
Danny Vukovic
Quand on ne parle pas d’un gardien, c’est toujours bon signe. Danny Vukovic a passé la saison sur la pointe des pieds en tapant parfois du poing pour montrer qu’il était capable de sauver les meubles. À tout juste 34 ans, il prouve qu’un gardien peut encore évoluer. Il a gommé les petites erreurs qui faisaient encore partie de son jeu à son arrivée en Europe. Plus confiant et surtout plus prompt à mener sa défense, il s’est signalé par sa constance de tous les instants. En témoignent ses 14 clean sheets.
Bryan Heynen
Il était surtout un bouche-trou pour pallier les absences des membres de la ligne médiane. Bryan Heynen est devenu bien plus que ce joueur qu’on ballottait entre le numéro 6 et le 8. Il a été le plus grand gagnant du départ de Pozuelo. Il a été posté aux côtés de Malinovkyi en travaillant comme un fou entre les deux rectangles. Un jeune joueur bourré de talent qui devra se muer en patron de l’entrejeu des Diablotins dans quelques semaines.