Un jour, un Diable: Moussa Dembélé, cet artiste
Ses parents expliquent comment ils ont dit non à Anderlecht à deux reprises.
- Publié le 27-05-2014 à 14h43
- Mis à jour le 27-05-2014 à 18h04
Ses parents expliquent comment ils ont dit non à Anderlecht à deux reprises. Le plus grand artiste de la sélection de Marc Wilmots est sans aucun doute Moussa Dembélé (26 ans). Pour le joueur de Tottenham, il ne suffit pas de marquer des buts. Le foot, pour lui, c’est de l’art.
Une visite à sa maison parentale explique pourquoi. Tilly (56 ans), sa maman d’origine campinoise, est artiste peintre et présente parfois ses travaux lors d’expositions. Elle nous montre avec fierté quelques-uns de ses tableaux. "Moussa n’a jamais été un bon dessinateur", assure-t-elle. "Mais lui, c’est un artiste avec ses pieds."
Yaya (63 ans) , le papa malien de Moussa, confirme. "Quand il était très jeune, je remarquais qu’il avait quelque chose de plus dans les pieds que les autres bons joueurs de son équipe. Il était fort dans tous les sports. L’athlétisme, le basket-ball, le tennis, le foot en salle… Il n’y a que le golf qu’il n’apprend que petit à petit. Jan Vertonghen, qui est plus doué que lui, le charrie souvent."
Tilly et Yaya vivent avec leur fille Assita (28 ans) et son bébé Chloë à Berchem dans une jolie maison de maître, qui leur a été offerte par Moussa. Pourtant, Yaya a toujours pensé que l’argent que son fils gagne, il doit le garder pour lui. "Mon fils m’a tout donné. Il a réalisé mes rêves; il m’a donné son amour. Savez-vous que chaque soir, avant d’aller dormir, il me passe un coup de fil ? On a un lien très étroit."
Seulement voilà, Moussa avait fait une promesse à ses parents. Puisqu’il avait tout cassé dans leur ancienne maison en jouant au football dans le living, il leur offrirait une nouvelle maison. "C’est vrai qu’il a brisé des vitres de la porte, cassé des lampes et d’autres objets, mais je préférais qu’il joue à l’intérieur que toujours dehors", sourit sa maman. "On avait fait de la place en mettant la table dans un coin. Je devais lui subtiliser le ballon, mais je n’y parvenais déjà pas quand il était très petit. Puis, il devait viser l’interrupteur avec son ballon pour allumer la lampe..."
Moussa a débuté sa carrière à Berchem Sport (de 6 à 12 ans) avant d’aller au GBA. À 12 ans, il aurait pu signer à Anderlecht. "On a essayé, mais les trajets d’Anvers à Bruxelles étaient trop encombrants", relate sa maman. "Il devait manger des tartines dans la voiture; cela me gênait, alors que j’aimais tellement préparer de la nourriture saine pour mes enfants. Je suis une maman inquiète. Avant que Moussa ne signe à l’AZ, Louis van Gaal m’avait appelée. Je lui avais demandé : ‘Il va quand même recevoir de la bonne nourriture à Alkmaar, n’est-ce pas ?’ Lors de ses premières sélections en équipe nationale, je me demandais surtout : ‘Ils vont quand même bien le soigner ?’ "
Finalement, à 18 ans, Dembélé a signé à… Willem II. Pourtant, Anderlecht était revenu à la charge. Son papa explique : "J’avais parlé avec Franky Vercauteren. Via un ami, on était également entré en contact avec Willem II. Moi, je me disais : ‘Bof.’ Mais un soir, Moussa est venu me trouver. ‘Papa, je vais à Willem II.’ Comme si c’était son destin. Dieu avait ouvert cette porte-là. Cela s’est révélé être le bon choix."
Tout n’a pas toujours coulé de source. Moussa a connu plusieurs blessures dues à la croissance. Des inflammations aux tendons d’Achille l’ont freiné. "Il devait se reposer" , se souvient son papa. "Mais il était tellement dingue de son ballon, qu’il n’y avait pas moyen de l’arrêter."
Il est encore avec sa première copine et sera papa en septembre
Moussa est en couple avec Naomi et sera papa d’un fils - son premier enfant - en septembre. À la plus grande joie de sa famille. Pendant toute sa jeunesse, il n’y avait pourtant que le ballon rond qui comptait. Les filles ne l’intéressaient pas. "Parfois, elles sonnaient à la porte ", sourit son papa. "Moussa ouvrait, mais ne les laissait pas rentrer. Lors de sa période à l’AZ, il a eu sa première relation. On ne le savait même pas. Un jour, il m’a appelé : ‘Papa, je ne vais pas te mentir. J’ai une copine.’ (rires) Cette fille est sa compagne depuis ce jour."
Des copains, par contre, il en avait beaucoup. "Il y avait toujours du monde chez nous, pour jouer au football. Ces gars restaient dormir chez nous. Moussa n’a jamais aimé être seul. C’est encore le cas maintenant. Regarder le foot, seul devant sa télé ? Ce n’est pas son truc."
"Moussa représentera aussi le Mali au Mondial"
Il est déjà allé trois fois dans le pays de son papa
Yaya est arrivé en Belgique à l’âge de 27 ans. "En fait, je voulais d’abord vivre en France" , dit-il. " Finalement, j’ai rencontré Tilly en Belgique; je suis resté ici."
Théoriquement, Moussa aurait pu jouer pour le Mali. "Cela n’a jamais été envisagé. Pourtant, Moussa se sent attiré par le Mali. Il y a été trois fois: quand il avait deux ans, cinq ans et quinze ans. La dernière fois, il s’était entraîné dans l’Académie de Salif Keita, le plus grand joueur de l’histoire du pays (NdlR: qui a évolué à Saint-Etienne, à Marseille et à Valence). Ils auraient bien voulu le garder. Le Mali a quelques bons joueurs. Kanouté (ex-Tottenham) , Seydou Keita (Valence) , Diarra (Fulham et ex-Real Madrid) ou encore Diakité (QPR) ."
Le Mali va supporter Dembélé au Mondial. "Vous devriez voir combien de Maliens portent un maillot de Moussa. Il représentera également un peu le Mali. Beaucoup de gens ont acheté un satellite pour voir ses matches en Premier League . On est en train de construire une maison au Mali. Quand elle sera faite, j’irai sur place avec Moussa."
Yaya ne se débrouille pas mal au football. "Je joue encore avec des amis, mais je n’ai jamais été professionnel. Gamin, je jouais toujours à la plage après l’école, par 35 ou 40 degrés."
Les origines de Moussa se traduisent également via la religion musulmane qu’il pratique. "Je crois qu’il avait 15 ans", dit son papa . "Il était allé lui-même au magasin pour y acheter le Coran. Parfois, on priait ensemble. Moi, je prie cinq fois par jour et je suis le ramadan. Moussa a également fait le ramadan, même jusqu’à sa période à l’AZ. Depuis qu’il évolue en Premier League , ce n’est plus possible."
Parrain de la Ligue de la sclérose en plaques
La plus grande supportice de Moussa est sa grand-mère. "Ma maman souffre de sclérose en plaques", explique Tilly. " Elle se déplace en chaise roulante. Malgré cela, elle a été à Londres pour assister à un match de Moussa. Chaque fois qu’il vient en Belgique, il va la saluer. Il est même parrain de la Ligue nationale belge de la SEP (la sclérose en plaques) . Tous les matches de Moussa, ma maman les regarde en direct et ensuite cinq fois en différé. Malgré son handicap, elle parvient à manipuler son ordinateur. Chaque matin, elle vérifie sur tous les sites si l’on parle de son petit-fils."
Un hôtel avec sa soeur, un demi-frère de 39 ans...
Moussa a investi dans un magnifique bâtiment historique au centre d’Anvers, près de la Groenplaats . "Il va y exploiter un appart-hôtel avec un centre de bien-être, géré par Assita, sa sœur" , dit sa maman. Pour le moment, Assita tient un salon de beauté au rez-de-chaussée de la maison parentale. Les Dembélé ont acheté l’immeuble en 2011. Moussa va assister sa sœur dans l’hôtel après sa carrière. Moussa a aussi un demi-frère, Adama. Il a 39 ans, est né au Mali mais habite à Anvers depuis qu’il a 14 ans. "Au foot, il a le même style de jeu que Moussa", sourit Yaya. " Il est gaucher comme lui. Hélas ! il n’a pas eu la même formation."