Thomas Meunier: "Ici, on a plus de pression qu’au PSG"
Les Diables et le PSG ont beaucoup de points communs, comme celui de ne pas parvenir à dépasser le stade des quarts de finale. Thomas Meunier donne deux ans à la Belgique…
- Publié le 22-06-2018 à 10h17
- Mis à jour le 22-06-2018 à 10h19
Les Diables et le PSG ont beaucoup de points communs, comme celui de ne pas parvenir à dépasser le stade des quarts de finale. Thomas Meunier donne deux ans à la Belgique…
Le constat fait plutôt mal. Quand il fallait le faire, le PSG et les Diables ont connu la même mésaventure : une élimination en quart de finale, ou avant. Développent-ils le même syndrome ? Ils présentent en tout cas plusieurs points communs et il est intéressant de dresser le parallèle entre ces deux équipes hyper talentueuses, mais pas toujours performantes. Des claques qui laissent des traces
En 2016, après l’élimination contre le rival émirati de Manchester Ciy, Nasser El Khelaïfi pousse un gros coup de gueule. Il veut que les choses changent. Il veut voir des morts de faim sur la pelouse. Adieu Laurent Blanc, bienvenido Unai Emery. Le 14 février 2017, le Parc des Princes renoue avec les soirées magiques. Thomas Meunier éteint le Barcelonais Neymar et le PSG s’impose 4-0.
La suite, on la connaît : une remuntada historique (6-1), qui a égratigné l’image parisienne. Le club, encore plus que les joueurs, a eu bien du mal à s’en remettre.
Ce coup dur fait furieusement penser à celui encaissé par les Diables aux pays de Galles neuf mois plus tôt. Là aussi, après le but de Radja, tout le monde a pensé que le plus dur était fait. Là aussi, les joueurs ont été dépassés par l’événement. Au Camp Nou comme à Lille, le coach n’a pas trouvé la solution pour empêcher le naufrage.
Des joueurs au-dessus de l’institution
Les problèmes sportifs des uns et des autres ne s’expliquent pas seulement par le terrain. Depuis le départ de Leonardo, le PSG a connu un vrai souci de direction sportive. Le club éprouve toutes les difficultés du monde à faire passer l’institution avant l’intérêt des joueurs. On l’a constaté avec la clémence à l’égard d’Aurier et de ses dérapages, puis avec l’attitude de Neymar.
Pendant longtemps, l’Union belge a connu le même genre de soucis. Les joueurs décidaient de beaucoup de choses. Ils avaient presque trop de pouvoir et on leur passait beaucoup de choses. L’arrivée de Bart Verhaeghe à la tête de la Commission technique a changé la donne. Il a d’abord vexé les joueurs. Mais depuis, les relations se sont normalisées. Les joueurs ont fait de gros efforts pour faire baisser leurs primes et l’équilibre semble avoir été trouvé, avec un Roberto Martinez habile au centre du jeu.
L’argent et les transferts : rien à voir
Parlons d’argent et de moyens : dans ce domaine, il n’y a pas photo. S’il remporte le Mondial, Thomas Meunier remportera moins de… deux mois de son salaire (estimé par L’Équipe à 260.000 buts mensuels).
Une différence majeure tient aussi aux moyens pour encadrer l’équipe. À côté de la multinationale qu’est devenue la marque PSG, l’Union belge fait figure de PME. "Paris est un nouveau club, qui s’enrichit chaque jour", remarque Meunier. "Grâce à ses transferts, ses envies, sa communication et son internationalisation."
Cela change fondamentalement le cadre. Malgré les limites du fair-play financier, le PSG continuera à dépenser tant et plus pour arriver à ses fins. L’Union belge doit faire avec les moyens du bord. Le côté positif, vu le maigre enjeu financier en sélection, c’est que les Diables viennent jouer pour le plaisir, ou presque. Roberto Martinez peut, doit jouer là-dessus.
Moins de temps, plus de pression
Une autre différence essentielle entre une sélection et un club, c’est la façon dont le temps s’écoule. En sélection, les occasions de briller sont rares. Ce qui fait dire à Thomas Meunier que les Diables ne peuvent plus trop attendre.
"Pour Paris, c’est juste une question de temps, d’expérience et de maturité. Le club finira par franchir les quarts et même par gagner la Ligue des Champions. En équipe nationale, on a déjà un groupe formé depuis de nombreuses années, très talentueux, qui arrive à son apogée. Cette Coupe du Monde et la prochaine compétition, la Nations League, serontprimordiales. Nous avons deux ans maximum (NdlR : jusqu’à l’Euro 2020) pour franchir le pallier et montrer au monde la qualité de la Belgique. Ensuite, plusieurs joueurs vont quitter le groupe et il faudra le renouveler. Aujourd’hui, la pression est donc encore plus présente ici qu’au PSG."
Cette fois, ne pas foirer le jour J
Pour vaincre le syndrome des quarts de finale, la Belgique a un avantage certain sur le PSG : sa route est beaucoup moins longue. Reste à ne pas se louper quand ce sera le jour J, le 6 ou le 7 juillet, à Samara ou à Kazan. L’ancien Brugeois se veut confiant.
"Dans ce quart de finale contre le pays de Galles, on manquait un peu de fraîcheur et d’expérience. Ce n’est plus le cas aujourd’hui. Dedryck, par exemple, a été sensationnel dans ce premier match de Mondial. Qualitativement, le groupe est irréprochable. Il n’y a rien à redire."
Il faut espérer qu’il n’y aura rien à redire non plus ce jour-là. Car le temps commence à presser pour les Diables. Bien plus que pour Paris.
Xpresso
Thomas Meunier L’ailier droit était en conférence de presse ce jeudi "On fait le sale boulot, mais j’aime ce système".
1. Contre le Panama, on a senti que c’était moins fluide dans les combinaisons entre Toby, Dries et vous. Pour quelles raisons ?
"Vous êtes venus pour me poser des questions de m… (Rires). Mais c’est une très bonne question. Le bloc du Panama était très bas : c’est compliqué, face à deux lignes de quatre très proches et avec un pressing des attaquants, de pouvoir trouver les intervalles. Peut-être avait-on aussi un peu d’appréhension par rapport à la passe risquée. On touchait la balle deux, trois, quatre fois, puis on se tournait et on jouait de l’autre côté… On s’est entêté à passer par l’axe. Malgré cela, on a quand même eu des occasions pour marquer une ou deux fois en première période. Le bon feeling n’était pas encore là. Après la pause, on a eu beaucoup plus de variations dans le jeu. J’ai pu ouvrir mon jeu. C’est bien pour la suite."
2. Vous occupez, avec Carrasco, un poste ingrat, où il faut beaucoup défendre et attaquer…
"Nous faisons le sale boulot. C’est le système à trois défenseurs qui veut cela. Mais j’aime ce système. C’est important parce que, offensivement, je peux être très présent, marquer et donner des assists. En possession, j’essaie toujours d’apporter quelque chose. Pour le moment, je le fais bien. Pourvu que ça dure. Dans le tournoi, nous allons jouer contre des équipes plus offensives et je sais qu’alors, j’apporterai plus. Je me sens au top, physiquement, mentalement et footballistiquement."
3. Allez-vous adapter votre jeu à cause de votre suspension ?
"Ce carton pris était stupide car il n’était pas valable. Mais je ne vais pas du tout changer ma façon de jouer. Y penser sur le terrain serait un frein à mon épanouissement. Dans ce cas, je resterais trop à distance de mon marquage… Si je dois reprendre une jaune, je la prendrai et quelqu’un fera bien le boulot à ma place."