Thibaut Courtois, une année chaotique
"Je réalise un rêve de gosse aujourd’hui." Le 9 août 2018, c’est un Thibaut Courtois tout sourire qui signe un contrat de six ans au Real Madrid.
- Publié le 10-05-2019 à 18h48
- Mis à jour le 10-05-2019 à 20h52
"Je réalise un rêve de gosse aujourd’hui." Le 9 août 2018, c’est un Thibaut Courtois tout sourire qui signe un contrat de six ans au Real Madrid.
Le tableau est idyllique : à ses côtés, on retrouve ses parents, son frère, sa soeur et son ex-compagne, accompagnée de leurs deux enfants, Adriana et Nicolas. L’image du bonheur familial est parfaite. Celle de la plénitude professionnelle aussi : Thibaut sort d’un Mondial exceptionnel, d’où il est revenu avec le titre de meilleur gardien et une médaille de bronze autour du cou.
Le portier le plus fort du monde, c’est lui. Logique donc qu’il signe dans un club qui vient d’être sacré champion d’Europe à trois reprises. Les départs de Zinedine Zidane et Cristiano Ronaldo ? Les hommes s’en vont, l’institution perdure, se dit-on. Pas de quoi stresser, donc.
Des chiffres et des pertes
Il ne le sait pas encore, mais le grand Thib’ va vivre l’une des saisons les plus compliquées de sa carrière. Avec quarante-cinq buts encaissés en trente-quatre matches disputés, le Limbourgeois affiche sa pire moyenne depuis son départ pour l’Atlético de Madrid en 2011 (voir chiffre). Elle est encore plus mauvaise que celle de la saison 2015-2016, une année infernale au cours de laquelle Chelsea avait terminé à la dixième place en Premier League ! Niveau clean-sheets, il en rend dix, son deuxième plus mauvais total, derrière cette fameuse saison cauchemar.
On est loin des années rojiblancas, où il n’encaissait pas dans la moitié de ses matches. Il faut dire que la défense merengue de cette saison était loin d’afficher l’assurance de celle de l’Atléti de Diego Simeone ! Entre un Sergio Ramos en mode diesel, un Raphaël Varane méconnaissable, un Casemiro moins souverain et un Marcelo jamais à l’abri d’une bourde, Thibaut n’a pas bénéficié de l’aide précieuse de sa muraille.
De la fête en défaites
De celle du banc non plus, à vrai dire. Car très vite, il apparaît que Julen Lopetegui n’arrive pas à trancher entre sa nouvelle recrue à 35 millions d’euros et Keylor Navas, irréprochable depuis son arrivée à Madrid en 2014. Lequel de ces deux joueurs de talent sera titulaire ? L’ancien… gardien tente de ménager la chèvre et le chou : à Navas la Ligue des Champions, à Courtois la Liga.
Sauf que lorsqu’on dispose de deux compétiteurs pareils, c’est sans doute la moins bonne solution. Elle est d’autant plus dommageable que l’équipe ne tourne plus, avec en point d’orgue ce naufrage au Camp Nou (5-1) dès la fin octobre. Le pire, c’est que Courtois n’était pas le plus mauvais Madrilène sur la pelouse, malgré cinq buts encaissés. C’est dire.
Battu par Séville (3-0), Levante (1-2), Eibar (3-0) et même Gérone (1-2), le Real ne fait plus peur en Espagne, si ce n’est à ses propres supporters. En Europe, c’est pareil. Et à partir de novembre, Courtois ne peut plus se cacher derrière Navas. C’est en effet lui qui se retrouve en première ligne suite à l’éviction de Lopetegui au profit de Santiago Solari, qui préfère le Belge au Costaricien (excepté en Copa del Rey). La défaite retentissante au Bernabéu face à la tornade ajacide en huitièmes de finale (1-4) constitue l’acmé de ce cafouillage européen complet.
Thib’, survivant de l’enfer
Bref, les minutes de jeu s’accumulent, les contre-performances aussi, même si Courtois parvient quand même à sauver les meubles quand il peut. Notamment contre le Rayo Vallecano, où il est le seul sociétaire de la Casa Blanca à être épargné par la presse espagnole. "Avec lui et Navas, le Real sait qu’il n’a pas besoin de renfort à cette place, mais c’est la seule position où c’est le cas", peut-on lire dans Marca au lendemain de cette insipide défaite (1-0).
Il n’empêche, malgré quelques grosses sorties, Courtois ne peut prétendre avoir réussi sa saison. Une élimination rapide en Europe, un titre de champion du monde des clubs assez anecdotique, une troisième place loin derrière les deux grands rivaux, trop de buts encaissés, une blessure à la cuisse, des remises en cause (par Zidane, notamment), une plaque commémorative souillée par ses anciens fans aux abords du stade de l’Atlético : la première saison du Diable Rouge à Madrid s’est révélée au mieux décevante, au pire catastrophique.
Il reste désormais un mandat de cinq ans à Thibaut, dont l’avenir à Madrid reste un tout petit peu incertain, pour prouver que le Real ne s’est pas planté en le recrutant. Et récupérer sa couronne de meilleur gardien du monde, que se disputent actuellement Marc-André ter Stegen et Jan Oblak. Puisse l’albatros madrilène redevenir beau, après avoir été comique et veule.