Sofiane Hanni: "Je suis né en France mais je supporte les Diables !"
Sofiane Hanni, le plus Russe des Franco-Belges, fait un choix étonnant avant la demi-finale, même si la Belgique vient de sortir sa véritable équipe de cœur.
- Publié le 10-07-2018 à 06h51
- Mis à jour le 10-07-2018 à 06h52
Sofiane Hanni, le plus Russe des Franco-Belges, fait un choix étonnant avant la demi-finale, même si la Belgique vient de sortir sa véritable équipe de cœur.
Un Belgique - France joué en Russie. C’est un match pour Sofiane Hanni, né en région parisienne, révélé dans notre Pro League via Malines puis Anderlecht et actif depuis six mois au Spartak Moscou. "Sauf que le match, je vais le vivre depuis l’Autriche (rires) . On vient d’arriver pour un long stage. On a repris les entraînements il y a déjà quelques semaines mais on vient d’avoir cinq jours de congé et je suis retourné à Paris."
Vous avez quand même pu profiter du tournoi ?
"Dans la rue, oui. Mais je n’ai pas réussi à aller voir un seul match au stade. C’était chouette de voir des gens de partout dans Moscou. J’ai rencontré des Français mais pas seulement. Ça changeait un peu les habitudes."
Bon, parlons de ce Belgique - France. Vous supporterez quelle équipe ce mardi soir, Sofiane ?
"J’ai un penchant pour la Belgique."
Vraiment ? Vous êtes né en France quand même.
"Oui mais j’ai vécu quatre belles années en Belgique. Je connais beaucoup de choses de ce pays et ma fille y est née. J’ai aussi deux anciens équipiers chez les Diables, Leander (Dendoncker) et Youri (Tielemans) . J’ai eu Leander au téléphone il y a quelques jours. Il allait bien. On a parlé de foot mais aussi de la vie à Moscou."
Vous serez triste si les Bleus se qualifient alors ?
"Non, bien sûr. C’est un match particulier pour moi. Je soutiens aussi la France dans ce tournoi. J’ai juste un peu plus d’attachement pour les Diables. Je n’ai été triste qu’une fois dans cette Coupe du Monde : quand le Brésil a été éliminé. C’est ma vraie équipe de cœur. Depuis tout petit, je suis fan des Brésiliens."
Vous n’êtes pas un peu fâché contre les Belges ?
"Non, non (sourire) . Mais j’étais quand même un peu surpris. La Belgique a une superbe équipe mais je pensais que le Brésil passerait, surtout après les dix premières minutes de jeu. À ce moment-là, je me suis même dit que ça allait être un match facile. Comme quoi, il faut toujours attendre les 90 minutes. Les Belges ont mérité leur victoire."
Il y a des joueurs qui vous impressionnent chez les Diables ?
"Oui, les trois devant. Hazard et De Bruyne, ce n’est pas une surprise. On sait tous qu’ils sont super forts. Je suis plus étonné par Lukaku. Il a été beaucoup critiqué mais il a fait d’énormes progrès. Ce qu’il fait dans ce tournoi, c’est vraiment fort. En plus, j’ai pu découvrir que c’est un chouette gars. Un jour où il était passé dire bonjour à Neerpede, on avait un peu parlé. Je lui avais demandé de venir sur le terrain d’entraînement avec nous, c’était un moment où on avait quelques soucis en attaque (rires) . Ça l’avait fait marrer mais il m’avait dit qu’Anderlecht allait encore marquer beaucoup avec moi dans l’équipe. C’était sympa de sa part. J’avais d’ailleurs été surpris : il connaît encore tout d’Anderlecht. C’est un vrai supporter."
Vous estimez que les Belges sont favoris contre la France ?
"Non, la France est la favorite du tournoi maintenant. C’est une équipe très complète. Mais que veut encore dire ce statut de favori dans le tournoi ? Il y a eu beaucoup de surprises. La Belgique a sorti le Brésil, hein ! Ce sera sans doute très serré."
Vous êtes plutôt Mbappé ou Griezmann dans cette équipe de France ?
"Je suis Kanté ! C’est mon joueur préféré en France. Un gars qui ne se plaint jamais, qui ne dit jamais rien mais qui fait un boulot fantastique sur le terrain. Tout le monde voudrait avoir un gars comme ça dans son équipe. Mais pour répondre à votre question, je suis plutôt Mbappé, je prends plus de plaisir à le voir jouer. Il est super rapide. On avait pu s’en rendre compte avec Anderlecht contre le PSG. Il fait très mal…"
Pas trop fan de Griezmann ?
"Il ne me fait pas rêver. Quand tu le vois, tu as l’impression que c’est un joueur banal. Mais c’est sa force. Il est toujours bien placé. Ses statistiques parlent pour lui d’ailleurs. Même quand on le critique, il est efficace."
"Je lis le cyrillique lettre par lettre"
Hanni nous raconte sa Coupe du Monde et sa lente adaptation à la Russie.
Les supporters et les journalistes basés en Russie depuis plusieurs semaines sont tous d’accord sur un point : s’adapter à la vie ici n’est pas aisé.
Quand on pose le constat, Sofiane Hanni rigole : "Il faut un vrai temps d’adaptation, c’est clair. Au début, c’était difficile. Y a presque personne qui parle anglais ici, les marques sont différentes ici, tu es vite perdu. Il faut vite essayer de prendre des habitudes et tu finis par trouver tes marques. Je ne parle pas encore le russe mais j’ai appris à comprendre le cyrillique. Je lis lettre par lettre à haute voix et j’y arrive. Bon, ça prend un peu de temps (rires) ."
Sofiane Hanni a appris à apprécier Moscou. "Le centre-ville est très joli et agréable. Tu as l’impression d’être en Europe ici. J’ai vécu les six premiers mois seul mais ma famille me rejoint quand on rentre du stage en Autriche. Ce sera plus facile maintenant."
La Coupe du Monde a aussi aidé à faire vivre le groupe du Spartak. "On regarde les matches ensemble. Le coach adapte même ses entraînements pour qu’on puisse suivre au mieux. Les Russes vibraient avec le beau parcours de leur équipe nationale, d’autant qu’il y avait trois joueurs du club dans la sélection. Les Russes sont très fiers d’avoir été la bonne surprise de la compétition, surtout qu’ils n’attendaient vraiment rien de leur équipe."
"Trebel devrait quitter Anderlecht"
Hanni suit encore beaucoup son ancien club et conseille son grand pote.
Parti depuis le mois de janvier, Sofiane Hanni continue à suivre l’évolution d’Anderlecht. "Avec tous les gars qui étaient à la Coupe du Monde et tous ceux qui sont partis, c’est quasiment un nouveau groupe. Je ne connais plus que quelques joueurs alors que ça ne fait quand même pas très longtemps que je suis parti."
Il a encore deux grands amis dans l’équipe : Dennis Appiah et Adrien Trebel, le joueur que Marc Coucke rêve de prolonger. "Pour moi, Adrien devrait partir. Il est en Belgique depuis longtemps et il a tout gagné. Il a tout fait dans ce championnat. Il est prêt pour une étape supérieure. Mais je lui ai quand même dit de bien réfléchir à son choix : il ne faut pas partir pour partir. Anderlecht, c’est du haut niveau, question infrastructures, encadrement, etc. Il faut être certain de s’en aller pour mieux. Sinon, autant rester au Sporting. Je crois qu’Adrien attend cette bonne opportunité."
En Russie, Sofiane Hanni n’a pas vu un championnat plus fort. En tout cas, pas encore. "Quand je suis arrivé, le Spartak avait déjà affronté tous les autres gros. Les matches que j’ai joués ne me semblaient pas d’un niveau supérieur à ce que j’ai connu en Belgique. Mes équipiers m’ont dit d’attendre de faire une saison complète pour juger le niveau russe. Ils me disent que les affiches ont le niveau de bons matches en Ligue Europa."
Il a dû essuyer quelques critiques à son arrivée au Spartak. "J’ai dû m’intégrer à une équipe déjà en place mais j’ai quand même joué beaucoup de matches, j’ai marqué et j’ai donné des assists. C’est surtout cette saison que je dois aider."