Roberto Martinez vu par son ancien président et son ex-capitaine
Huw Jenkins, le président de Swansea, qui a lancé Roberto Martinez comme coach, raconte son parcours aux côtés du coach des Diables
- Publié le 28-06-2018 à 14h57
- Mis à jour le 28-06-2018 à 15h29
Huw Jenkins, le président de Swansea, qui a lancé Roberto Martinez comme coach, raconte son parcours aux côtés du coach des Diables Roberto Martinez avait tout d’un mot magique lors de notre premier contact avec Huw Jenkins. "OK, no problem", envoie-t-il par message avant de nous appeler quelques heures plus tard.
"C’est une personne que j’apprécie beaucoup", résume le président de Swansea qui a connu Roberto Martinez en tant que joueur et coach.
Roberto Martinez a découvert Swansea City dans le plus grand moment de crise du club. Il débarque en janvier 2003 et aide le club à se maintenir en D3. "Nous avons finalement chuté en League two au terme de la saison 2003-04."
Dès son arrivée, il reçoit le brassard de capitaine. Fort d’une longue carrière dans les îles britanniques, il avait des capacités de leader. "Roberto était un capitaine naturel, un leader. Ses qualités se voyaient dans son travail avec les joueurs. Il amenait de la personnalité dans ce groupe. Par ses mots et son attitude."
La remontada commence cette année-là. "Nous sommes remontés directement. Il a été mis de côté à certains moments mais est toujours revenu."
Après la promotion, il est libéré pour signer à Chester City. Il n’y reste que quelques mois.
"Je l’ai appelé pour qu’il vienne entraîner l’équipe", d
it Jenkins. "Quand il était parti quelques mois plus tôt, nous avions eu une bonne et longue discussion. Sur le football, sa vision du jeu. Je ne veux pas prétendre que je savais qu’il deviendrait un coach de Premier League ou le sélectionneur d’une grande équipe mais il avait ce petit quelque chose qui te faisait penser qu’il allait devenir coach et qu’il n’allait pas se planter. Joueur déjà, il prenait des notes des entraînements. Je me suis dit que si un jour je peux engager ce gars-là comme coach, je ne louperai pas l’occasion."
Huw Jenkins prend un grand risque. Nous sommes au début des années 2000 et les managers étrangers ne sont pas légions dans les ligues inférieures qui prônent un kick and rush bien anglais.
"Je suis d’ailleurs persuadé qu’il n’a pas apprécié notre manière de jouer lorsqu’il est arrivé comme joueur. Mais il a appris. C’est une éponge, un gars qui prend un maximum d’informations et qui fait le tri. Quand il m’a exposé sa vision du football, je savais qu’il allait faire quelque chose de différent. Il a voulu apposer son style espagnol."
Le football positif devient une marque de fabrique de Swansea. Le club réussi à gravir un échelon supplémentaire pour atteindre le Championship. "Son style tout en possession et en construction par l’arrière a eu une grande influence sur la philosophie du club. On le ressent encore maintenant. Quand il est arrivé, nous n’étions nulle part, nous n’avions pas d’argent. Cela ne l’a pas empêché d’embaucher des joueurs internationaux et de réussir."
Le président est fier d’avoir lancé sa carrière et heureux d’avoir connu Roberto Martinez en tant qu’homme. "On devait penser comment faire la différence", remarque-t-il. "Nous avions eu des discussions passionnées avec lui. On se réunissait parfois dans mon bureau en fin de soirée pour parler de football durant des heures. Le mec pensait au football sans cesse. J’ai rarement vu un travailleur pareil. Il avait ses idées et n’en dérogeait pas. Il sait ce qu’il doit faire pour gagner et le fait sans trahir ses idées. Pour réussir cela, il lui faut un club qui partage sa philosophie. Et cela fonctionne avec la Belgique."
Caldwell: "Le mélange parfait entre Espagne et Angleterre"
Roberto Martinez a inspiré Gary Caldwell, son ancien capitaine à Wigan devenu coach depuis
L’accent ne trompe pas. Si Gary Caldwell (36 ans) a passé une bonne partie de sa vie en Angleterre, il n’a pas perdu sa prononciation écossaise. Arrivé à Wigan en 2010, il y a fini sa carrière, écourtée par une grave blessure. C’est aussi chez les Latics qu’il a débuté en tant qu’entraîneur.
Pour résumer l’impact qu’a eu Roberto Martinez sur le défenseur central qui est devenu son capitaine à Wigan, il y va d’une anecdote. "J’évoluais au Celtic Glasgow et je voulais aller en Premier League . Je pouvais signer dans un club plus important mais Martinez m’a contacté. Nous avons discuté de football, de sa vision des choses, de son approche des matches. Et j’ai signé à Wigan."
Les hommes de Martinez se battent chaque année dans le bas de tableau "mais on parvenait à battre ponctuellement les grands grâce à la mise en place du coach. Nous avions une superbe qualité de jeu".
Comment résumez-vous le travail de Roberto Martinez au quotidien ?
"Ses entraînements sont les meilleurs que j’ai connus. J’étais très jeune quand je suis arrivé et il m’a ouvert les yeux sur la possession de balle, sur le jeu entre les lignes et sur la mise en place d’un système."
Qu’a-t-il de différent des autres coaches que vous avez côtoyés ?
"Le plus grand changement, c’était ce qui se passait avant un match. Il était très spécifique sur le rôle de chacun. Nous faisions la différence car nous savions ce que nous devions faire. Il était toujours préparé à parer toute éventualité."
Est-il plus anglais ou espagnol dans son approche ?
"Il est encore très espagnol, hein. Il vit à l’anglaise mais l’Espagne est ancrée en lui. Son travail en Angleterre et même son passage de joueur en Écosse l’ont toutefois changé."
À quel niveau ?
"Malgré notre classement et le fait que nous ne jouions pas la tête en Premier League , il jouait toujours vers l’avant en prônant un football positif et offensif. Son envie d’avoir la possession de balle est très espagnole. Il a, par contre, ajouté à cela l’agressivité anglaise. Cette intensité est une base pour réussir dans le championnat anglais et il a su ajouter le côté très vertical et direct du jeu anglais à ses préceptes espagnols."
Il est devenu une sorte de mélange des deux cultures footballistiques ?
"Il mêle la vitesse anglaise au contrôle espagnol."
À quel point vous êtes-vous inspiré de lui pour vos débuts de coach à Wigan puis à Chesterfield ?
"C’est clairement un modèle. J’ai un caractère très différent du sien mais je me suis beaucoup inspiré de son travail tactique."
Que pensez-vous de son travail avec la Belgique ?
"On retrouve ce qu’il avait l’habitude de faire et franchement, cela fonctionne très bien. Je lui ai dit la dernière fois que je les ai vus, lui et les autres gars du staff que je connais très bien. Je vais leur renvoyer un message avant le match contre l’Angleterre. Je suis écossais donc j’aimerais que les Belges gagnent (rires) ."