Roberto Martinez croit dans le potentiel de cette génération de Diablotins: "Certains deviendront Diables"
Dans son fauteuil, Roberto Martinez a troqué son survêtement de la fédération arboré le matin lorsqu’il a assisté à la séance d’entraînement des Diablotins puis aux conférences de presse pour une tenue décontractée qui a donné le ton de l’entretien qui a suivi.
- Publié le 18-06-2019 à 13h25
- Mis à jour le 18-06-2019 à 18h49
Dans son fauteuil, Roberto Martinez a troqué son survêtement de la fédération arboré le matin lorsqu’il a assisté à la séance d’entraînement des Diablotins puis aux conférences de presse pour une tenue décontractée qui a donné le ton de l’entretien qui a suivi.
Résultat, près de trois quarts d’heure où il n’a éludé aucune question, prenant d’abord le temps de revenir sur la défaite de la veille contre la Pologne : "J’ai aimé les 25 premières minutes, c’était la Belgique qu’on veut voir, offensive, avec des situations de un contre un, des occasions franches. Ce résultat a fait progresser les joueurs", veut croire le sélectionneur à deux jours du match de la dernière chance contre l’Espagne. "Ils ont besoin de grands tournois pour leur apprentissage."
La différence entre les Espoirs et les A semble énorme encore…
"C’est le cas dans tous les pays. C’est normal. Mais dans l’équipe qui a joué hier, certains peuvent jouer chez les Diables. Aucun doute là-dessus : certains de ces Diablotins deviendront Diables. J’apprécie qu’on ait des talents qui puissent arriver chez les Diables. Il faut qu’ils vivent ce type d’expérience dans un grand tournoi dans toutes les catégories d’âge : nous avons manqué le Mondial U17, c’est dommage. Nous devons nous qualifier au plus grand nombre de grands tournois possible parce que c’est le moyen parfait pour atteindre le niveau actuel des Diables."
Certains Diablotins auraient-ils été déjà appelés sans l’accord de ne pas les convoquer ?
"Peut-être pas pour un match éliminatoire mais pour un amical, oui. Pour leur montrer la différence, les voir dans un autre environnement. Je suis ravi que ces joueurs n’aient pas encore été contaminés en quelque sorte par les Diables. Quand vous montrez à un joueur sa récompense, il peut changer. Nous devons travailler là-dessus à la fédération."
L’Espagne, le prochain adversaire des Diablotins, peut-elle incarner un modèle à suivre sur ce point de la formation des jeunes ?
"Chaque pays est différent. Il ne faut pas essayer de ressembler à quelqu’un d’autre. Nous avons un profil unique, avec 11 millions d’habitants, une fantastique génération. Le but est d’amener les joueurs à atteindre le niveau actuel des Diables. C’est tout ce que je regarde. L’Espagne a un très gros avantage : à 18 ans, les joueurs peuvent évoluer en Segunda B, une compétition pour progresser avec 50, 60 matchs à bon niveau. Dans notre cas, c’est impossible. C’est le même problème qu’en Angleterre. C’est difficile pour un jeune d’évoluer en équipe première."
Les jeunes ont-ils assez d’opportunités de jouer en Pro League ?
"C’est une question délicate. Ma réponse sera toujours non car nous voulons voir des jeunes jouer. Mais en tant qu’entraîneur de Pro League, quelle sera la marge d’erreur que me laisserait mon président ? Nous l’avons vu à Anderlecht avec beaucoup de jeunes, les jeunes ont besoin de patience en matière de résultats. Nous avons de bons jeunes en Pro League. Il y a des postes où les jeunes ont peu d’opportunités comme en défense centrale : Zinho Vanheusden a fait une super saison, il a mérité sa place. Mais c’est une question difficile. Les jeunes doivent être prêts, un entraîneur ne peut pas faire de paris."
Comme les jeunes ne doivent pas en faire en quittant la Belgique. Il ne faut pas partir trop tôt…
"On me demande parfois : ‘Quand un joueur peut-il partir ?’ Chacun est différent. Vous devez partir quand vous êtes prêt. Quand vous quittez la Belgique, il y a un choc car vous n’êtes plus dans votre environnement, vous avez une autre manière de travailler, vous pouvez devenir un simple numéro dans un club. Il faut s’adapter humainement et sportivement, c’est très risqué. Les joueurs doivent partir quand ils sont prêts. J’ai déjà parlé à des parents qui ont ces opportunités pour leurs enfants, mais c’est du court terme. Si vous partez et que vous mettez votre carrière en danger après un an… Tielemans est le meilleur exemple. Même Leander Dendoncker : vous voulez faire quelque chose avec votre club en Belgique, vous y parvenez, vous êtes prêt à partir et vous partez. Et là, ce sera réussi. Dendoncker, s’il n’avait pas été prêt, il n’aurait pas réussi à endurer ses six premiers mois à Wolverhampton. Jamais. Nous avons des joueurs qui partent à 15, 16, 17 ans. Mais c’est un pari. Quinze ans en arrière, j’aurais compris. Les joueurs devaient partir, ils avaient besoin par exemple d’aller aux Pays-Bas. Maintenant, la Belgique est prête à faire progresser ses jeunes. Le championnat progresse. Il n’y a pas besoin de partir pour partir, il faut partir quand on est prêt. Si vous n’êtes pas prêt, vous mettez votre carrière en danger. C’est un gros risque. Je dois aider les jeunes à faire les bons choix, pour qu’ils ne quittent pas la Belgique trop tôt mais qu’ils partent quand ils sont prêts."