Pourquoi cet Eden Hazard est royal
Jamais le Diable, double passeur décisif contre Manchester City battu par Chelsea (2-0), n’est apparu aussi complet.
- Publié le 10-12-2018 à 06h59
- Mis à jour le 10-12-2018 à 09h01
Jamais le Diable, double passeur décisif contre Manchester City battu par Chelsea (2-0), n’est apparu aussi complet. La course au Ballon d’or est à peine achevée que d’autres quêtes de récompenses individuelles vont recommencer. Et Eden Hazard se pose et s’impose comme le grand favori dans l’élection du joueur de l’année en Angleterre, lui qui a déjà été sacré en 2014/15.
Jamais, depuis son arrivée en Angleterre, le Brainois n’avait diffusé une telle impression de maîtrise. De plénitude.
Après la première défaite de ses hommes depuis janvier en championnat, Pep Guardiola a trouvé cette jolie formule pour qualifier son bourreau du jour : "Allumez la télévision, regardez-le, vous vous rendez immédiatement compte de ses qualités. C’est un joueur exceptionnel, l’un, de loin, des meilleurs du monde."
Dans cette mue, le rôle de Maurizio Sarri apparaît central comme l’a fait remarquer Vincent Kompany avant la rencontre : "Je pense qu’Eden avait besoin d’un entraîneur offensif qui puisse tirer le meilleur de lui. Je ne me souviens pas qu’il en ait eu beaucoup dans sa carrière."
Le défenseur, resté chaudement sur le banc, a peut-être changé d’avis sur l’approche du jeu de Sarri vu le contenu d’une rencontre que City a copieusement dominé, avec insolence par séquences en première mi-temps, mais pas sur le rayonnement de son coéquipier en sélection.
Comme José Mourinho ou Antonio Conte avant lui, Sarri avait décidé d’aligner Hazard en pointe pour la première fois cette saison. Parce qu’il savait que son équipe allait être sevrée de ballons et que dans ce registre, vu les formes très précaires d’Olivier Giroud ou Alvaro Morata, le Brainois, avec sa justesse, serait parfait pour transformer les miettes en festin en contre.
Ce qui a été le cas sur son premier ballon exploitable en fin de première période quand il a fixé Kyle Walker et John Stones pour centrer entre les jambes de ce dernier et trouver dans un timing parfait N’Golo Kanté qui, visiblement, se plaît en relayeur. Une première offrande avant une seconde après la pause, sur un corner inexistant que David Luiz a magistralement repris, pour porter son total à huit, ce qui fait de lui le meilleur passeur de Premier League. Le joueur le plus décisif aussi du championnat et le place sur les bases de sa meilleure saison chiffrée.
Mais niveau chiffre justement, un autre lié à ce recentrage l’a fait soupirer : celui de son nombre de ballons touchés. Hazard en a eu 39 à se mettre sous les crampons, soit six de plus que Willian qui a joué 15 minutes de moins mais quasiment deux fois moins que Raheem Sterling (73). "J’aime ce rôle, je sais comment y jouer, je l’ai fait l’année dernière mais c’est une drôle de sensation car vous ne touchez pas beaucoup de ballons", a-t-il avoué, un peu contrarié. "Il faut vous concentrer sur ce que vous faites de mieux et nous avons gagné, c’est le plus important."
Reste que cette capacité à bonifier ce peu de munitions reste une arme de destruction massive et dessine en creux une efficacité assez impressionnante. Et a validé ce choix que Sarri, qui a visiblement davatange apprécié l’expérience que son joueur ne compte pas s’interdire : "Eden a eu quelques problèmes au début du match mais il a été magnifique en seconde période", a salué l’Italien. "Peut-être aurait-il mérité de marquer mais je pense que c’est une bonne option à ce poste. Nous rejouerons comme nous avons joué aujourd’hui dans le futur, pour certains matchs, c’est évident." Comme peut l’être l’influence du Diable.