Marouane Fellaini: "Mes potes des Diables me manquent"
Marouane Fellaini ne regrette rien : il est heureux en Chine où il cartonne avec Shandong Luneng.
- Publié le 08-06-2019 à 07h41
- Mis à jour le 08-06-2019 à 08h05
Marouane Fellaini ne regrette rien : il est heureux en Chine où il cartonne avec Shandong Luneng.
Pour la deuxième fois, les Diables rouges se sont rassemblés sans Marouane Fellaini. Un vide s’est créé dans le vestiaire où beaucoup l’avaient pris en référence.
C’est désormais à Shandong Luneng que ses équipiers profitent de sa mentalité et de son humour décapant. Dans l’est de la Chine, à Jinan, une petite ville à l’échelle chinoise de 3,5 millions d’habitants.
Il lui a fallu un peu de temps pour se plier à la rigueur et à la culture locales. Il a pris le pli de se fondre dans la masse malgré sa tête en plus que ses nouveaux concitoyens et son statut de superstar dans la région et le pays.
Marouane, après six mois en Chine, quel bilan tirez-vous ?
"Vraiment, tout se passe impeccablement bien. Je suis content du club, de mes équipiers et du staff. Franchement, tout est positif."
Avez-vous eu une sorte de choc culturel ?
"Non, franchement, j’ai apprécié dès le début. OK, c’était un grand changement mais j’ai directement été accepté par mes équipiers. Et depuis lors, tout roule."
Un élément vous a-t-il choqué dans votre vie sur place ?
"Culturellement, il y a beaucoup de différences mais j’ai décidé de prendre sur moi et de faire l’effort. Je suis chez eux et je trouve cela logique de ne pas imposer ma façon de vivre."
Êtes-vous souvent reconnu en ville ?
"Malgré le fait que je n’ai plus les cheveux longs, je tranche fortement avec la population locale. (rires) Les gens sont assez gentils avec moi, pas oppressants. J’ai la chance d’habiter dans une ville assez calme."
Vous habitez surtout dans une ville gigantesque à l’échelle européenne. N’est-ce pas étrange ?
"Franchement, c’est grand. Tellement grand que ça en est un peu dingue. Puis, niveau technologique aussi, c’est la folie ici. Ils sont tellement en avance pour certaines choses. J’ai été surpris par la discipline dont ils font preuve. À la vie comme au travail. J’ai déjà pu entrapercevoir de belles villes."
Vous n’avez pas trop l’occasion de visiter…
"Pas vraiment, car nous jouons un match par semaine et que les déplacements sont assez longs. J’aurai le temps de visiter après ma carrière car c’est une région du monde à voir."
Dans notre esprit de Belge, on imagine que tout est proche et que vous pouvez aller boire un café avec Moussa Dembelé quand vous le voulez…
"Pour cela, je dois prendre un avion durant trois heures. (rires) Le pays est tellement immense. Moussa, je l’ai parfois par message et je suis content de le voir quand on se croise mais nous étions géographiquement plus proches quand nous étions en Angleterre."
Vous êtes parfois en contact avec l’autre Diable du championnat chinois, Yannick Carrasco ?
"Il nous arrive de parler par message mais comme avec beaucoup de monde de l’équipe nationale."
Certains disent que vous leur manquez. Adnan Januzaj, votre petit frère dans le groupe, déclarait que ce n’était plus pareil sans vous…
"L’ambiance, les potes chez les Diables et leurs qualités footballistiques me manquent, je ne vais pas le cacher. Je m’entendais bien avec tout le monde et j’étais parmi ceux qui aimaient bien rigoler."
Vous ne regrettez pas d’avoir arrêté ?
"Non. Toutes les bonnes choses ont une fin. Nous avons construit une équipe et l’avons fait grandir. J’ai fait le boulot et il était temps de tourner la page et de laisser la place aux jeunes. Ils sont nombreux et poussaient déjà quand j’étais là. Je leur souhaite le meilleur. L’équipe a encore un bel avenir devant elle."
Pourquoi avoir décidé d’arrêter ?
"Car le moment était venu pour moi. Je venais de partir en Chine, le timing collait bien."
Suivez-vous encore ce qui se passe pour les Diables ?
"Oui, je suis encore à fond derrière eux et le serai toujours. Beaucoup sont des amis pour la vie."
Vous êtes habitué à croiser de grands noms et ça ne change pas en Chine…
"Lors du dernier match, j’ai affronté Alex et Eder, deux Brésiliens. J’ai aussi croisé Hulk, Oscar et d’autres. Il y a du niveau. Mon équipier Graziano Pellè est aussi un très bon joueur avec qui je m’entends très bien."
Quand vous dites que le niveau est bon, vous le pensez vraiment ?
"Oui, sérieusement. Le championnat chinois est très physique. Ça court beaucoup. Beaucoup de joueurs ont une bonne technique. Après, l’intensité n’est pas comparable à ce que j’ai connu en Premier League. Tactiquement, ils se développent progressivement."
Pensez-vous pouvoir jouer le titre ?
"Le championnat est très serré et nous sommes actuellement quatrièmes. Nous avons du retard mais le niveau des six premières équipes est très proche. Le football grandit à une vitesse folle ici. Ils ont comme projet de développer 50 000 centres de formation. Vous y croyez ? C’est juste dingue à quel point ils investissent dans ce sport."
Vous restez en lice sur trois tableaux, cela en dit long sur les ambitions de votre club…
"Nous voulons aller le plus loin possible. Nous venons de franchir les poules de la Ligue des champions asiatique. Nous allons affronter Guangzhou Evergrande, un autre club chinois, qui est juste devant nous au classement donc tout est jouable."
Comment s’est passée la découverte de cette compétition ?
"J’avoue que je ne la connaissais pas mais c’est sérieux et costaud. Nous avons joué au Japon, en Corée du Sud et en Malaisie. C’est assez passionnant."
En plus, vous y avez déjà marqué trois buts, comme en championnat…
"Je suis à bloc à chaque match. Peu importe l’adversaire ou l’enjeu. J’ai toujours été comme ça et je ne change pas parce que je joue en Chine. Shandong Luneng a fait preuve d’un grand respect envers moi en me faisant signer et je dois leur rendre en retour. Je pense que ma mentalité m’a aidé à m’intégrer dans le club."
Vous essayez de la transmettre à vos équipiers ?
"Par l’exemple. Je ne suis pas le plus causant même si je sais prendre la parole. Je préfère montrer et donner tout ce que j’ai pour que mon équipier en fasse de même à côté de moi. Je peux amener l’expérience de mes années en Europe et des grands rendez-vous avec les Diables. Mais je n’ai qu’un seul objectif au bout du compte : gagner."
"La France ? Toujours un goût amer"
Il y a un an, le rassemblement des Diables marquait le lancement de la préparation pour la Coupe du monde. Le souvenir reste frais dans l’esprit de Marouane Fellaini qui n’oubliera jamais son troisième et dernier grand tournoi avec l’équipe nationale.
"La défaite face à la France me laisse encore un goût amer. Il restera toujours car je sais que nous pouvions faire mieux. La France a joué pour gagner et c’est tout ce qui compte au final. Mais je garde aussi à l’esprit les matchs exceptionnels que nous avons disputés contre le Japon, où tout le monde nous voyait éliminés, et le Brésil. Face à la France, il nous a manqué un petit truc."
"Un retour au Standard ou avec Lucien ? Pas avant quelques années"
Les rumeurs enflaient suite au retour de Vincent Kompany à Anderlecht. Elles envoyaient Marouane Fellaini au Standard ou à l’Antwerp de son grand ami Lucien D’Onofrio. Le joueur de Shandong Luneng a infirmé les rumeurs.
"Je ne ferme pas la porte à un retour à l’avenir mais ce n’est pas pour tout de suite. Quand j’aurai 33 ou 34 ans, par exemple (NdlR : il en a 31) . Je m’entends bien avec Lucien. C’est un ami qui a fait beaucoup de choses pour moi. Mais je suis bien en Chine pour le moment et je compte honorer les deux saisons et demie qu’il reste dans mon contrat. Je respecte le deal qui a été passé avec le club."