Lukaku-Courtois, les deux Diables qui marchent vraiment seuls
Romelu Lukaku touche de moins en moins de ballons, Thibaut Courtois n’a jamais autant encaissé de buts que cette saison. Inquiétant pour les deux hommes alors que Manchester United et le Real Madrid jouent leur survie en Ligue des Champions.
- Publié le 27-11-2018 à 06h45
- Mis à jour le 27-11-2018 à 11h10
Romelu Lukaku touche de moins en moins de ballons, Thibaut Courtois n’a jamais autant encaissé de buts que cette saison. Inquiétant pour les deux hommes alors que Manchester United et le Real Madrid jouent leur survie en Ligue des Champions. L’événement est suffisamment rare pour être signalé. Samedi, face à Crystal Palace, Romelu Lukaku a fait frissonner Old Trafford. Mais pour de mauvaises raisons.
Alors que son équipe peinait à trouver un début d’expression collective percutant, le Diable, alerté sur un long ballon à une douzaine de minutes de terme, a totalement manqué son contrôle qui s’est transformé en opportunité pour les Londoniens. De quoi faire très peur à tout un stade qui voit les siens réaliser leur plus mauvais début de saison depuis 28 ans.
La scène est symptomatique. Révélatrice des difficultés actuelles de l’avant-centre qui, dans le dur, voit certaines de ses limites techniques sur sa première touche de balle que l’on pensait effacer durablement réapparaître sporadiquement.
Ces dernières semaines, les ballons se font de plus en rares, les bons inexistants ou presque. Samedi, Lukaku en a touché très exactement 20. Une misère. Personne sur le terrain n’en a touché si peu. À titre de comparaison, Mata, deuxième Mancunien le moins alerté, en a négocié 45. Même De Gea (28) en a plus touché. Et sur ce maigre total, Lukaku en a perdu 9, ne réussissant que 8 de ses 13 passes pour manquer ses trois centres tentés…
Plus, finalement que ce déchet technique, la récurrence de cette sous-alimentation interpelle : que ce soit face à Wolverhampton, Brighton ou West Ham, Lukaku a touché à chaque fois moins de 30 ballons. Ce qu’Harry Kane (22 contre Liverpool) ou Alvaro Morata (26 face à Everton) n’ont vécu qu’une seule fois.
"C’est vrai qu’il ne joue pas dans l’équipe la plus confortable pour un attaquant et quand il est rentré, ce n’était pas un cadeau, il était souvent isolé sur son île sans avoir forcément de bons ballons", soupire Ariël Jacobs dans un constat partagé par Paul Merson. "Il est seul devant et ne reçoit quasiment pas de ballons", note l’ancien milieu international anglais reconverti consultant sur Sky. "Il est probablement venu à Manchester United en se disant : je vais marquer beaucoup de buts ici, je vais avoir six, sept, huit, neuf occasions par matchs. Mais il travaille comme s’il jouait dans une équipe de bas de tableau. S’il a deux occasions par match, il aura fait un bon match. Ce n’est pas juste."
Mais cela explique en partie ses 15 heures et 33 minutes qui se sont écoulées depuis son dernier but contre Watford le 15 septembre dernier…
Courtois délaissé par sa défense
Sans lui, la claque aurait encore un retentissement supérieur. Sans Thibaut Courtois et ses trois parades, le Real Madrid aurait encore sombré plus largement. Pas sur le terrain du FC Barcelone, de l’Atletico Madrid ou du FC Séville. Ni même à Valence. Mais à Eibar. Oui, à Eibar, anonyme équipe de Liga.
Courtois y a été le meilleur madrilène. Et de très loin. Sur le terrain avec ses trois arrêts déterminants mais aussi en dehors au moment de poser des mots sur cette défaite inquiétante.
"Ce n’est pas l’image que le Real Madrid doit donner. Contre le Celta Vigo et Valladolid, nous avons joué correctement. Même à Plzen", a tonné le portier. "Nous avons bien défendu lors de ces matchs-là. Mais, bizarrement, il y en a eu d’autres où nous avons encaissé deux ou trois buts", a poursuivi le gardien en pensant sans doute très fort à Séville où il en avait aussi pris trois.
Et comme lors de ce déplacement en Andalousie, Courtois est apparu abandonné à son propre sort par une équipe incapable de défendre ensemble. Ce que Courtois n’a pas vraiment eu l’habitude de connaître depuis ses débuts. Sur ses huit premières saisons en pro, les chiffres sont éloquents.
Courtois a encaissé en moyenne un but toutes les 90 minutes, ne passant sous cette barre symbolique que lors de la saison 2011/12 et 2015/16 avec un but encaissé respectivement toutes les 89 et 88 minutes. Alors que depuis cette saison, il ramasse le ballon dans ses filets toutes les 60 minutes, sans forcément connaître de gros trous d’air à l’exception peut-être de ce but encaissé à Levante où il a manqué d’autorité.
Le gardien s’inclue dans ce constat d’échec mais place le débat sur le terrain collectif : "c’est que chose sur quoi nous devons travailler en tant qu’équipe", insiste-t-il. "Ce n’est pas seulement la faute de la défense mais de l’équipe. Nous devons défendre à onze, pas seulement à un, deux ou trois.".
Ce qui n’a été que trop rarement le cas. Entre souci d’implication collectif incarné par l’absence de replacement de Gareth Bale qui ne contente donc pas de mal attaquer et qui a abandonné totalement le malheureux Odriozola à son sort et défaillances individuelles personnifié par les faibles niveaux de Raphael Varane et Sergio Ramos qui forment sur le papier l’une des meilleures charnières centrales du monde, en passant par un milieu de terrain qui ne protège pas assez son arrière-garde, le Real apparaît sans défense.
Au grand dam de Courtois avant un déplacement sur le terrain de l’AS Rome emmené par le meilleur de la Ligue des Champions, Edin Dzeko.