Loïs Openda: "J’ai eu le diplôme du garçon le plus courageux de l’hôpital"
Ou quand Loïs Openda retrace son histoire. Entre folie, famille et Club Bruges.
- Publié le 15-10-2019 à 11h17
- Mis à jour le 16-10-2019 à 19h24
Ou quand Loïs Openda retrace son histoire. Entre folie, famille et Club Bruges. Soudain, son débit de paroles s’accélère. Se veut presque aussi rapide que Loïs Openda peut l’être sur le terrain. Pour ne pas perdre son auditoire, l’attaquant marque une pause qu’il ponctue d’un sourire. Sûr de son effet. "C’est vrai que c’est fou. Même moi quand ma mère m’a raconté cela, je me suis demandé si c’était réel."
Pourtant, tout est bien vrai. Même si vu sa trajectoire, l’histoire, son histoire interpelle.
Comment un jour un médecin a-t-il pu annoncer à celui qui n’était qu’un enfant que jamais il ne ferait carrière dans le sport et qu’il serait même incapable de courir un 100 mètres ? Le mystère reste entier. La vérité se situe quelque part entre l’erreur médicale et le miracle, même si ce fervent croyant privilégiera la deuxième option.
"Ma mère priait et prie toujours beaucoup", glisse-t-il en fouillant dans sa mémoire pour exhumer des souvenirs embrumés. "J’ai été hospitalisé un an à Liège. J’ai même eu le diplôme du garçon le plus courageux de l’hôpital. Je ne pleurais pas, j’étais tranquille. Quand je suis sorti, je prenais de la ventoline en masque tous les jours. J’ai fait un test récemment; j’ai encore un peu d’asthme. Du coup, je prends une petite dose avant le match pour courir encore plus vite", s’amuse celui qui a fait de la vitesse son arme principale.
"Ah, la vitesse, c’est de famille", reprend-il. "Quand je suis sorti de l’hôpital, on m’a dit : ‘Vas-y cours vite.’ C’est ce que j’ai fait. J’ai toujours été le plus rapide de l’équipe. Ma sœur, mon petit frère, mon grand frère aussi. Ma maman faisait de l’athlétisme. Elle a gagné des médailles quand elle était en France, elle était très rapide."
La discussion dévie alors sur la cellule familiale. Sur sa maman qu’il chérit tant. Avec toujours ce flot de mots qui ne cesse guère et une petite flamme qui s’allume dans son regard.
"Ma maman, c’est comme ma meilleure amie. J’ai des bonnes potes mais, ma mère, c’est spécial", lâche-t-il soudain plus à l’aise. "Vous savez, elle vient à tous mes matchs et quand je regarde les tribunes, je la vois tout de suite, c’est comme dans Où est Charlie ", lâche-t-il en éclatant de rire. "Depuis que je suis tout petit, elle a toujours été là pour moi. Elle me dit toujours de m’amuser comme quand j’étais petit. C’est quand je m’amuse que je fais les meilleures choses sur le terrain. Elle vit avec moi à Bruges."
Ce qui n’était pas le cas lors de sa première année au Club en 2015. Et ce qui aurait pu mettre fin à l’histoire avant qu’elle ne commence finalement.
"Parce quand j’étais tout seul à Bruges, c’était difficile. L’internat, je ne parlais pas la langue ; je n’avais pas vraiment d’amis. Si je pouvais rentrer à Liège ne serait-ce que une ou deux heures même s’il fallait faire trois heures de train, je le faisais. Quand j’ai signé mon contrat, on a décidé de prendre une maison ; le club nous l’a proposé."
Après l’avoir négocié dans le château du président Verhaeghe. Openda en parle encore de ce qu’il considère comme "une marque de confiance", avec des étoiles dans les yeux. Lâche un soupire au moment d’évoquer ce souvenir qui tranche avec la considération dont il bénéficiait au Standard. "C’était différent", évacue-t-il avec un ton nettement moins enjoué. "Au Standard, cela n’allait pas trop. Tous les jeunes étaient en train de partir. Disons que Bruges a pris les devants et a été plus intelligent."
Pour séduire ce fan d’Ibrahimovic, de Henry et surtout de Drogba qui est allé très vite, donc, faisant ses armes dans les équipes de jeunes, puis en réserve sous les ordres de Sven Vermant qui lui a appris à défendre avant ses débuts en équipe première l’an dernier. Et ses soirées de Ligue des champions.
"Quand Bruges a été champion en 2018, j’étais au stade en tant que spectateur. Je ne pensais pas aller aussi vite chez les pros. Et quelques semaines plus tard, j’étais dans le vestiaire avec eux. J’étais choqué. Et puis la Ligue des champions, voir que j’allais y jouer… Ce sont des rêves qui se réalisent", s’enthousiasme-t-il. "C’est comme quand j’ai joué contre le Real Madrid face à Ramos, Marcelo… Je jouais avec eux à la Playstation et là, ils sont juste devant toi. Incroyable. J’ai récupéré le maillot de Vinicius, un jeune comme moi qui s’amuse."
Et qui va très vite. Lui aussi.
"J’aurais bien voulu être à l’Euro"
Réserviste dans la génération précédente, l’attaquant est titulaire désormais.
Johan Walem nous l’avait avoué : l’Euro en Italie a fait naître chez lui un regret, celui de ne pas avoir appelé Loïs Openda plutôt que Dries Wouters quand Jordi Vanlerberghe s’est blessé juste avant le début du tournoi.
"J’étais réserviste, j’avais discuté avec le coach qui m’avait dit que j’étais un joueur qui pouvait beaucoup l’aider", explique l’attaquant. "Mais ce n’était pas un problème (de ne pas y être) car il m’a dit que si je continuais à travailler, je serais appelé. Après, j’ai entendu qu’il avait hésité. Il faut respecter son choix. J’ai regardé l’Euro, c’était un peu difficile pour eux. C’est dommage, je n’étais pas sur le terrain, j’aurais bien voulu y être mais je les ai supportés."
Celui qui a fréquenté toutes les équipes de jeunes rêve forcément des Diables. "C’est mon objectif de monter en A. Il faut passer par ici pour aller en haut. Je vais donner le meilleur de moi-même pour y parvenir."
"Le coach va me donner ma chance"
Onze apparitions sans aucune titularisation pour un total de 295 minutes de jeu passées sur le terrain et un bilan d’un but et de deux passes décisives. "Je ne suis pas trop satisfait de mon début de saison", juge Loïs Openda. "J’ai montré que je pouvais marquer en Ligue des champions. l’objectif, maintenant, c’est d’avoir plus de temps de jeu."
Le tout dans un secteur de jeu où la concurrence est intense. "Mais on a tous un style différent", fait-il remarquer. "Je peux faire mal avec ma vitesse. Pour devenir titulaire, je dois faire la différence quand je rentre, c’est simple. Là, j’aurais ma chance. Commencer les matchs, c’est mieux. Mon moment va venir. Le coach va me donner ma chance."