Les cinq points clés de la qualification pour la Coupe du Monde
Les détracteurs de notre équipe nationale pourront toujours avancer que les adversaires étaient d’un faible niveau mais jamais la Belgique ne s’était qualifiée aussi rapidement pour un grand tournoi international.
- Publié le 04-09-2017 à 11h40
- Mis à jour le 05-09-2017 à 10h38
Les détracteurs de notre équipe nationale pourront toujours avancer que les adversaires étaient d’un faible niveau mais jamais la Belgique ne s’était qualifiée aussi rapidement pour un grand tournoi international. Depuis le premier jour, les Diables ont dégagé un grand sentiment de confiance et ont été uniquement égratignés par l’imposant bloc défensif grec. En très peu de temps, Roberto Martinez semble avoir trouvé une recette de cinq ingrédients, capable de faire mal dans les deux rectangles. Un nouvel état d’esprit anime cette équipe, davantage en corrélation avec le statut de vedette de ses éléments. Pas de doute : les fans belges pourront se rendre en Russie avec beaucoup d’ambition.
1. Sérénité défensive
Quel est le point commun entre Henri Anier et Konstantinos Mitroglu ? Les attaquants estonien et grec sont les seuls, avant le rendez-vous d’hier soir, à avoir trompé la vigilance de Thibaut Courtois lors de ces qualifications. Le premier n’a servi à rien car, à ce moment, la Belgique menait déjà 3-0 et le second a, tout de même, fait trembler les supporters du stade Roi Baudouin jusqu’à l’égalisation de Romelu Lukaku, quarante-trois minutes plus tard. Roberto Martinez est parvenu à trouver une assise défensive efficace qui, sur papier, peut être considérée comme l’une des meilleures du monde. Toby Alderweireld et Jan Vertonghen se connaissent par cœur et, au milieu, Vincent Kompany a retrouvé ce rôle de chef d’orchestre qui lui sied tant. Les Belges laissent beaucoup moins d’occasions à leurs adversaires, grâce, notamment, à un pressing bien plus important sur le porteur du ballon. Ce sera à vérifier lors des matchs au sommet mais ce qui a été montré jusqu’ici permet d’aborder ces rendez-vous avec bien plus de sérénité qu’auparavant.
2. Une attaque qui marche
À quatre reprises, les Diables sont parvenus à inscrire au moins quatre buts lors d’une rencontre qualificative. Pas uniquement face aux petites équipes de ce groupe car la Bosnie n’a pas échappé à la règle. La Belgique est devenue beaucoup plus efficace dans le grand rectangle adverse et presque marqué deux fois plus qu’en qualifications pour la Coupe du Monde brésilienne (18 buts). Bien entendu, le schéma de jeu, tourné vers l’avant, n’y est pas étranger avec une association entre Dries Mertens, Kevin De Bruyne et Eden Hazard tout bonnement diabolique pour les défenses adverses. On en arrive même à se demander pourquoi ces trois-là n’ont pas été alignés de concert bien plus tôt… L’impact des deux ailiers, Yannick Carrasco et Thomas Meunier, est également essentiel. "J’ai parfois l’impression de jouer comme attaquant", dit le latéral du PSG. Ils créent souvent un surnombre très difficile à gérer pour l’adversaire car lorsqu’ils montent en ligne, ce sont pratiquement six joueurs qui font face au gardien. Et pas n’importe lesquels…
3. Les joueurs à leur bonne place
Précédemment, plusieurs joueurs étaient obligés d’oublier leurs réflexes en club pour tenir leur place en équipe nationale. Toby Alderweireld et Jan Vertonghen étaient déplacés sur les flancs défensifs et y manquaient de repères, tout comme Kevin De Bruyne, plus spécialement habitué à jouer sur l’aile droite. Roberto Martinez est parvenu à trouver un système de jeu où chaque élément joue à sa place de prédilection et peut donc amener toutes ses qualités. Cela a eu impact immédiat sur les prestations de l’équipe nationale qui est apparue bien moins friable sur ses côtés et est davantage créative dans la construction du jeu. Aujourd’hui, plus aucune polémique tactique ne vient polluer le débat public car le seul joueur difficile à cerner sur ce plan, à savoir Radja Nainggolan, dont le rôle en club peut difficilement se calquer sur le 3-4-2-1 de Roberto Martinez, n’a pas été sélectionné.
4. Deux stars comme coaches
"N’importe quel entraîneur se serait qualifié avec ce groupe de joueurs" : cette remarque tient sans doute la route, mais il ne faut quand même pas minimiser l’importance de Roberto Martinez. Retour vers ce 3 août 2016. Son nom n’avait jamais vraiment été cité parmi les candidats à la succession de Marc Wilmots. La Fédération cherchait un coach libre ou disponible à un prix pas trop élevé. Le public et les joueurs se sont montrés enthousiastes à l’idée d’avoir ce coach espagnol, un vrai gentleman qui a fait ses preuves en Premier League et qui a travaillé avec plusieurs Diables. Entre-temps, Martinez n’a déçu qu’à une reprise : à domicile contre la Grèce. Mais la surprise du chef était la nomination de Thierry Henry comme T3, quelques semaines après celle de Martinez. Voilà donc un an que Henry travaille dans l’ombre, ne donne pas d’interviews, mais a un impact indéniable sur les attaquants. Si Lukaku marque si facilement, c’est en partie grâce aux conseils de Titi.
5. Une famille à Tubize
À chaque conférence de presse, Marc Wilmots ne cessait de mettre l’accent sur l’excellent esprit d’équipe dans son groupe. Après l’élimination contre le pays de Galles, il s’avérait que tout n’était pas si rose que cela au sein du groupe. Jordan Lukaku s’est plaint du manque de tactique, Carrasco n’avait jamais l’air d’être heureux, De Bruyne ne se sentait pas toujours bien dans sa peau, le renvoi de Lombaerts avait été mal perçu au sein du groupe, même Kompany n’était plus intouchable. Martinez a rétabli la bonne ambiance dans son noyau. Un des moyens : réduire les stages et longs déplacements inutiles. Et puis, il y a l’aspect-Tubize. Wilmots était carrément contre le fait de s’entraîner et, surtout, de loger au centre d’entraînement de la Fédération. Entre-temps, le Martin’s Red Hotel est devenu le domicile fixe et l’hôtel de famille des Diables. Radja Nainggolan n’y est plus le bienvenu. Martinez ne l’a plus repris pour des raisons disciplinaires. L’avenir apprendra si cette décision renforcera ou mettra en danger ce fameux esprit d’équipe.
La campagne dans le rétro
1. Chypre - Belgique 0-3 6 septembre 2016
Le premier match de Roberto Martinez ressemble déjà à un piège mais les Diables l’évitent parfaitement grâce à un doublé de la tête de Romelu Lukaku et une réalisation de Yannick Carrasco qui ponctuait un beau mouvement offensif. Les Belges n’ont pas forcé leur talent mais laissent déjà entrevoir quelques belles combinaisons au coeur de la ligne médiane. Le score aurait même pu être plus lourd mais Michy Batshuayi manquait un penalty dans le temps additionnel.
2. Belgique - Bosnie 4-0 7 octobre 2016
Le premier gros test peut être considéré comme une finale avant la lettre dans ce groupe qualificatif. Finalement, le suspense ne tient que vingt-six minutes, le temps pour Spahic de tromper son propre gardien suite à un centre de Thomas Meunier. Cette rencontre marque un vrai tournant car Roberto Martinez repasse à une défense à trois suite à la blessure de Jordan Lukaku (20e minute) et les Diables trouvent, à ce moment, leur bon rythme. Depuis lors, le sélectionneur n’a plus jamais changé de système.
3. Gibraltar - Belgique 0-6 10 octobre 2016
Un but de Christian Benteke après sept secondes et la victoire la plus large établie à l’extérieur (à égalité avec un succès au Luxembourg remontant à trente ans). L’attaquant de Crystal Palace plante un triplé, Axel Witsel, Dries Mertens et Eden Hazard alourdissent l’addition. Les Diables dégagent beaucoup de sérénité face à un très faible adversaire et poursuivent leur parcours sans faute en tête du classement : trois matches, trois victoires, zéro but encaissé.
4. Belgique - Estonie 8-1 13 novembre 2016
Si personne ne doutait d’une victoire, le score final a étonné tous les suiveurs. Les Diables donnent le sentiment de vouloir se ruer sur le but adverse et ont déjà trois buts d’avance après vingt-cinq minutes. La Belgique en plante finalement et signe son plus large succès depuis le 8-0 contre Saint-Marin en 2005. À cette occasion, Roberto Martinez fait monter au jeu Timmy Simons, qui devient, par la même occasion, le plus vieux Diable de l’histoire à trente-neuf ans, onze mois et deux jours.
5. Belgique - Grèce 1-1 25 mars 2017
Roberto Martinez doit se passer d’Eden Hazard et Kevin De Bruyne, ce qui se fera cruellement ressentir. Les Belges manquent d’inspiration face aux onze Grecs repliés dans leur propre rectangle. Des erreurs de Toby Alderweireld et Laurent Ciman permettent à Mitroglu d’ouvrir le score, et d’augmenter encore la frustration noir-jaune-rouge. Finalement, Romelu Lukaku met à profit son seul bon ballon pour égaliser à trois minutes du terme. Sans quoi la Grèce serait repassée en tête du groupe !
6. Estonie - Belgique 0-2 9 juin 2017
Un match avant les vacances est toujours difficile à gérer et les Diables se compliquent un petit peu la vie en galvaudant un petit peu trop d’occasions face à la défense estonienne. Le gardien local, Aksalu, réalise l’un des meilleurs matches de sa vie mais ne peut rien sur une frappe de Dries Mertens (bien placé après une tentative de Kevin De Bruyne) et une autre de Nacer Chadli (encore bien servi par KDB).
7. Belgique - Gibraltar 9-0 31 août 2017
Les Belges ne pratiquent pas le même sport que leur adversaire tant ils sont dix fois plus forts. Ce match se résume à un attaque-défense. Romelu Lukaku et Thomas Meunier en profitent pour inscrire chacun un triplé et les Diables égalent la victoire avec le plus gros écart (10-1 contre Saint-Marin en 2001). Les mauvais résultats de la Grèce et la Bosnie permettent à la Belgique de pouvoir déjà décrocher son ticket pour la Coupe du Monde si elle s’impose en Grèce...