Julien Cazarre: "En Belgique, on fait une saucisse avec des rats et des restes d’humain"
Julien Cazarre, la star du programme J + 1 et devenue personnalité du foot en France, est un vrai amoureux de notre pays.
- Publié le 23-06-2016 à 15h10
- Mis à jour le 23-06-2016 à 15h18
Julien Cazarre, la star du programme J + 1 et devenue personnalité du foot en France, est un vrai amoureux de notre pays. Lorsqu’il arrive à la terrasse d’un café du quinzième arrondissement, à deux pas de la radio RMC où il officie tous les jours, Julien Cazarre donne immédiatement le ton. "Tu bois quoi ? Un Fanta ? Il n’y a plus que les Belges qui boivent ça", dit-il dans un éclat de rire.
Écharpe du PSG nouée autour du cou, il prend place, prêt à parler pendant un long moment de la Belgique, un pays qu’il adore. Cet acteur et humoriste, abonné à l’émission J + 1 qui parle du championnat français avec sarcasme, commence à se faire un nom de l’autre côté de la frontière grâce à des séquences hebdomadaires qui font souvent beaucoup parler sur Internet.
"Tu sais que j’adore ton pays ? Cela remonte à une vingtaine d’années, même un petit peu plus. J’étais tombé sur une émission de Canal + dans les années 90 où chaque invité avait une carte blanche. Kent, un membre du groupe Starshooter avec d’énormes rouflaquettes, avait montré une tournée des bars de Bruxelles. Je n’y étais jamais allé et je n’aimais pas trop la bière. Enfin, j’aimais bien la Heineken et la Kronenbourg, mais j’ai appris plus tard que c’était juste de la pisse. J’y ai passé un week-end avec ma meuf et c’était terrible. Depuis, j’y allais cinq ou six fois par an. Il y a Bruxelles, Gand et Anvers. T’as vu, je n’ai pas oublié le ‘s’ à la fin d’Anvers. Je peux même dire ‘Antwerpen’ ."
Ce qu’il adore chez nous, c’est surtout la mentalité, bien différente qu’en France. "Ouais, il y a aussi l’atmosphère, l’architecture. C’est con, mais les bars sont toujours bien aménagés chez vous. Ce n’est jamais anodin. Il y a une douceur de vivre chez vous, tellement différente qu’à Paris. En fait, on voit les mêmes choses, mais on ne va pas les appréhender de la même manière. Ce n’est pas du fatalisme, vous avez juste moins peur du regard de l’autre. Si un député sort d’un congrès et on lui demande ce qu’il a voté, il est capable de répondre : ‘Je n’ai rien compris, j’ai voté au hasard’ . Chez nous, il va passer du temps à enculer les mouches. Par contre, quand les situations se compliquent, ça coince : ‘Ah! c’est vous Messieurs les Allemands, passez par là’ . Nous, on n’a rien fait de plus mais on a fait semblant." (il rit)
Ce qu’il adore, c’est notre gastronomie bien particulière. "J’aime beaucoup votre Triple Karmeliet et la Chouffe, qui est moins forte. Tu peux aller dans une brasserie de la Grand-Place, le mec fait vraiment sa propre bière. Chez nous, brasseur, ça veut juste dire qu’il sert à boire", dit-il. "Y a aussi les Spare Ribs à volonté, terrible. N’oublie pas le BiFi. Tu prends des restes d’être humain et de chiens et t’en fais une saucisse. C’est dégueulasse, mais c’est bon."
Cette passion pour la Belgique l’a même poussé à préférer nos sportifs aux français. "Je suis amoureux de la ville de Gand. C’est jeune, moderne, ça bouge quoi. La cathédrale, le beffroi : magnifique ! Quand La Gantoise a battu Lyon en Ligue des Champions, j’étais carrément content", avoue-t-il. "J’ai acheté un K-Way du Club Bruges il y a quatre ou cinq ans. Il est bleu électrique avec le blason juste au niveau de la poitrine. Il ressemble un petit peu à celui de l’Espanyol Barcelone et les gens dans la rue pensaient que j’étais un fan du club catalan. J’ai aussi les chaussettes de Gand et on m’a offert le deuxième maillot de l’équipe nationale. Tu sais, le bleu. Le rouge, je ne l’aime pas du tout mais l’autre, je joue avec au football."
"Si les Mpenza sont les meilleurs, cela situe le niveau"
Julien Cazarre était un spectateur attentif du championnat belge à la fin du siècle dernier. "J’aimais beaucoup Luc Nilis, Danny Boffin qui courait partout sur un terrain et aussi Pär Zetterberg, qu’on annonçait comme le futur numéro dix de la sélection suédoise mais qui a fini par stagner. Pourtant, on l’annonçait dans les grands clubs français."
Et puis, il y a Philippe Albert. "Je le trouvais génial. Il m’avait impressionné lors d’un PSG - Anderlecht mémorable. Il avait fait un match incroyable au Parc des Princes tant il paraissait infranchissable. Valdo était parvenu à le sortir en exagérant un tacle et Albert avait pris une rouge . Il était immense et avait une grosse moustache. Lui, aujourd’hui, il ne reste pas deux ans à Anderlecht !" se souvient-il. "Puis, vous avez connu un gros creux. Tu sais, quand tes deux meilleurs joueurs sont les frères Mpenza, cela situe le niveau. Ils ont joué où ces mecs ? Ça vole pas haut. Une arnaque."
Aujourd’hui , il reconnaît la hausse de niveau de la D1. "Ça s’appelle toujours la Jupiler League ? C’est terrible comme nom ! J’aimerais bien aller voir un Standard - Anderlecht à Liège. Il paraît que c’est terrible" , poursuit-il. "Grâce à vos deux ou trois équipes qui jouent l’Europe, votre championnat a une petite cote. C’est sympa, tu peux te faire la cerise et puis tu joues la Coupe d’Europe… en étant moins ridicule que les clubs français. Chez nous, il y a un nivellement vers le bas. Les clubs se disent que le PSG est trop fort, alors ils visent la onzième place. Je pense quand même qu’il va y avoir un petit regain bientôt."
"Wilmots, c’est un bon chef de colo"
Comme beaucoup de monde, Julien Cazarre attendait notre équipe nationale avec beaucoup d’impatience. Sans, pour autant, penser qu’elle allait tout écraser sur son passage. "Bon, on ne peut quand même plus se foutre de la gueule des Belges ! Mais, pour moi, votre victoire chez nous (3-4) était déjà un trompe-l’œil. Vous aviez été super efficaces mais dans le jeu, ce n’était pas flamboyant. Même le 3-0 contre l’Irlande est trompeur. En fait, sur les quatre mi-temps que vous avez jouées (NdlR : l’entretien a été réalisé mardi) , vous n’en avez bien joué qu’une. Le problème, c’est votre entraîneur. Le mec, c’est un bon chef de colo, tu vois qu’il sait fédérer un groupe, mais ce n’est pas un grand tacticien. Quand on parlait à un journaliste belge à la radio, il nous disait déjà que ce n’était pas parce que vous aviez de bons joueurs que vous aviez une grande équipe."
Les critiques sur les Diables sont toujours mal perçues. Surtout lorsqu’elles viennent d’un Français. "On l’a vue très belle de loin la nana, mais quand elle approche, on voit les rides. Nous, les Français, c’est un boudin qu’on a un peu maquillé et qu’on ne trouve pas trop mal. Tu vois la différence ? En fait, on a toujours critiqué notre équipe nationale."
Entre deux bons mots, il ne peut s’empêcher d’apprécier nos joueurs. "Avant, je t’aurais dit que mon préféré était Kevin De Bruyne mais depuis PSG - Manchester, je le déteste. Il a été bon sur deux frappes mais bon, c’est là que tu vois les grands joueurs. J’aime bien Dries Mertens, mais j’ai l’impression que c’est un joker. Il y a aussi Witsel. Il stagne dans son championnat; il faut qu’il se barre vite fait. Il a un vrai truc. Au milieu de terrain avec Verratti, ce serait un super choix du PSG."
Par contre, il est déçu de la progression d’Eden Hazard. "Ah! là, je suis déçu. Je trouve qu’il a extrêmement régressé. C’est un gars qui revient toujours sur lui-même. C’est-à-dire qu’il dribble deux ou trois mecs puis il passe en retrait. Il a un côté fuyard dans les grands moments, mais si tu ne regardes que les résumés, tu penses qu’il fait de gros matches car il ne perd jamais le ballon. Quand il était encore à Lille, j’aurais adoré qu’il signe au PSG mais là, je préfère un De Bruyne."
Les Belges passés en France "Enzo Scifo aurait eu sa place dans le PSG actuel"
Julien Cazarre suit d’un œil très attentif les Belges passés par le championnat français.
Michy Batshuayi : "Je le trouve limité. J’ai l’impression qu’il n’a pas de vision du jeu et a les mêmes défauts que Romelu Lukaku. Mais il est intéressant si tu sais l’utiliser; il ne faut pas le prendre pour autre chose qu’un buteur parce que le mec, il plante !"
Kevin Mirallas : "C’est un très bon petit joueur. Ce ne sera jamais un grand; il lui manque juste un petit truc, mais il pouvait faire de bons trucs techniques. Ouais, j’aime bien !"
Divock Origi : "Je n’aime pas du tout. Je n’ai pas compris que Liverpool mette autant d’argent; il manque d’intelligence de jeu. Ouais, il a fait une bonne Coupe du Monde, mais on n’attendait rien de lui, donc dès qu’il a fait quelque chose, tout le monde était impressionné. Ce n’est pas du grand joueur."
Daniel Van Buyten : "Très fort et très charismatique. C’était un peu le même genre que Philippe Albert, c’est-à-dire solide et pro. Cela ne doit pas être simple de le remplacer en sélection. Il est plus intéressant qu’un Kompany car il rassure tout le monde."
Luigi Pieroni : "Aaah! oui. C’était le Luca Toni du pauvre."
Enzo Scifo : "Un grand joueur ! La super classe, l’intelligence. Il aurait eu sa place dans le PSG actuel. Il aurait dû jouer dans les plus grands clubs et ne pas aller au Torino."