Januzaj et Origi, cadeaux empoisonnés ?
Les néo-Diables n’ont manifestement peur de rien ni de personne. Un édito de Philippe Lacourt.
- Publié le 27-05-2014 à 12h17
- Mis à jour le 27-05-2014 à 12h20
Le coup du foulard ! Il fallait l’oser, Adnan Januzaj l’a fait. Gratuitement, pour le plaisir, parce que l’envie était-là.
D’évidence, en posant ce geste alors que rien ne l’imposait, Januzaj a témoigné d’audace. Comme en a montré, lui aussi, mais dans d’autres circonstances, son complice Divock Origi, lorsqu’on l’a vu s’emparer du ballon pour tirer lui-même le penalty qu’il venait de provoquer. Sûr, ces deux-là, alors qu’ils viennent à peine d’être admis dans la catégorie des majeurs, n’ont manifestement peur de rien ni de personne.
Tant mieux, serait-on tenté d’écrire. Une pincée d’audace et un grain de folie dans ce noyau des diables sont en effet deux ingrédients qui vont obligatoirement encore relever la sauce diable, que l’on sait pourtant déjà fort épicée. Mais ce comportement libéré, car essentiellement articulé autour d’un talent naturel hors norme, sera-t-il goûté de la même manière par tous les Diables ? Certains d’entre-eux, convaincus d’être bien en place, sur le terrain comme dans l’esprit du coach, ne vont-ils pas vite prendre ombrage de l’arrivée tonitruante de ces deux jeunes pousses ? Car on imagine mal ces deux-là, avec le culot qui semble les habiter, se contenter souvent et longtemps d’une place sur le banc. Ils ont trop faim d’émotions pour se limiter à la plus petite part du gâteau mondial qui s’offre à eux. En bref, Januzaj et Origi, ne constituent-ils pas deux cadeaux empoisonnés que Marc Wilmots a, mais volontairement, mis dans ses bagages pour le Brésil ?
Après tout, celui qui est le plus proche de la bonne réponse à cette question c’est Marc Wilmots lui-même. Tout simplement parce qu’il a vécu ce type de situation, à titre personnel, lors de ses expériences en Coupe du Monde. En 1990, comme jeunot de la bande, il dut se limiter à la touche et en 1994, au pays de l’Oncle Sam, il se fit doubler sur le fil par Josip Weber, naturalisé sur le tard pour la bonne cause… belge. Ce ne sont que quatre et huit ans plus tard qu’il parvint, grâce à son caractère de feu, à se faire admettre comme indispensable titulaire. Tous ces bons et mauvais moments, Marc Wilmots ne les a pas oubliés. Aujourd’hui, ils lui servent à gérer au mieux ce rôle de chef d’une meute où, ne rêvons pas, derrière les accolades offertes au public, se dissimulent mal des ego très pointus. Des ego qui seront donc encore plus titillés qu’à l’habitude avec les arrivées, dans la bande, de ces deux jeunes loups aux dents longues que sont Januzaj et Origi. A ce jour, à écouter le discours officiel, ils sont les bienvenus. Reste à espérer que le discours ne changera pas de ton et de forme après deux ou trois semaines de vie commune. Là où se construit le chemin qui, dans un Mondial, est le seul qui vous conduit au succès ou à l’échec !