En visite chez Dennis Praet à la Sampdoria : "J’ai même taclé deux fois Ronaldo"
Le Soulier d’or de 2014 a reçu La DH à la Sampdoria et dans sa maison paradisiaque : "J’ai tout pour être heureux."
- Publié le 16-03-2019 à 07h04
- Mis à jour le 16-03-2019 à 08h42
Le Soulier d’or de 2014 a reçu La DH à la Sampdoria et dans sa maison paradisiaque : "J’ai tout pour être heureux." "Vous savez que j’ai été supporter d’Anderlecht en étant petit ? Quand le Sporting a joué la finale de la Coupe d’Europe en 1990 contre la Sampdoria. Hélas !, Vialli a inscrit les deux uniques buts, lors des prolongations…"
Simone, le photographe maison de la Sampdoria qui se charge du reportage de Dennis Praet pour La DH, est un grand fan du… FC Genoa, le grand rival de la Sampdoria. Et il adore chambrer Dennis Praet.
La réplique de Praet est cinglante. "Tu sais, Simone. Là, tantôt, Yves a demandé si ça ferait mal de se retrouver derrière la Genoa dans le classement. Je n’ai pas su lui répondre. Après deux ans et demi en Serie A, cela ne m’est jamais arrivé. Et je n’ai jamais perdu contre la Genoa."
Inutile de préciser que tout au long de notre visite, ce fut un plaisir d’être l’invité de Praet, un gars simple qui n’aura jamais la grosse tête, même s’il rejoignait un jour le plus grand club du monde. Il est pourtant devenu une personnalité connue à Gênes, cette magnifique ville portuaire, située à 150 kilomètres de Milan et à 200 kilomètres de Nice.
La première partie de notre interview s’est déroulée au Centro Sportivo G. Mugnaini UC Sampdoria. Le complexe est quelque peu vétuste et en travaux, mais sa localisation idyllique dans les collines fait oublier tout le reste. Le visage sévère de l’agent de sécurité qui doit veiller à ce que l’entraînement se déroule à huis clos devient souriant quand il entend les mots "Dennis Praet" . "On vous attend, signore."
Paolo, le sympathique directeur de la communication, nous installe dans la minuscule salle de presse, d’où on voit Praet prendre huit autres joueurs dans son sillage pour des déboulés de 70 mètres. Au terme de la séance sans ballon, il accueille chaleureusement son hôte belge.
Alors, comment va le Soulier d’or de 2014 ?
"Bien. Je suis très heureux ici. Je confirme la bonne saison 2017-2018, et je réussis même plus de passes que la saison passée. Mais vous me connaissez, je ne suis jamais content. Je veux être plus décisif. J’aimerais terminer la saison avec cinq buts et cinq assists. Il me reste onze matchs. Maintenant, j’ai un but et deux assists. Mais ma position y est pour beaucoup."
Vous n’êtes plus le numéro 10 ou l’ailier offensif d’Anderlecht.
"Non, je suis mezzala , comme on dit ici. Dans le losange dans l’entrejeu, j’occupe la position à droite. Je ne viens que rarement dans le rectangle adverse. Je dois beaucoup courir et défendre. Parfois, j’aimerais être plus créatif, mais je me sacrifie pour l’équipe. C’est ça, le nouveau Praet."
On vous a même vu tacler Ronaldo !
"Deux fois, même, dans le même match ! (Rires) "
Il était fâché ?
"Non. J’ai fait cela proprement, j’ai eu deux fois le ballon. On a perdu de justesse à la Juve, 2-1, et notre 2-2 en toute fin de match a été annulé."
Vous avez quand même demandé son maillot ?
"Non, j’ai celui de Dybala. J’avais déjà entre autres Pjanic, Nainggolan et Mertens… Cela dit : Ronaldo est impressionnant. Il a rendu la Juve encore plus forte. Mais je ne pensais quand même pas qu’il éliminerait l’Atletico."
La Samp est neuvième.
"On a raté le coche contre l’Atalanta de Castagne. Les deux Rome, les deux Milan et Naples sont hors catégorie. Mais la 6e et éventuellement 7e place, qui offrent un ticket pour l’Europe, sont à notre portée. On n’a plus droit à l’erreur."
En parlant de la Juve, l’intérêt pour vous-même était vraiment concret ?
"Il y avait de l’intérêt de plusieurs grands clubs, mais les journaux aiment sortir des grands titres, ici. (Rires) Je suis content d’avoir resigné un beau contrat. Je suis très heureux, ici. Et je suis déjà un des anciens. Je suis le troisième capitaine. J’ai porté environ huit fois le brassard."
Cet hiver, Torreira est parti à Arsenal.
"Oui, c’est un beau transfert. Et Schick à la Roma. La saison passée, Muriel a été vendu pour beaucoup d’argent à Séville et Skriniar à l’Inter. C’est la politique de la Sampdoria. Mais moi aussi, je suis ambitieux. Quand j’ai resigné, certains accords ont été convenus."
"Le derby ? Pire que le Clasico."
Dennis Praet adore la vie en Italie. Et on le comprend…
La seconde partie de l’interview se déroule au domicile des Praet, une magnifique maison typiquement italienne avec une piscine et plusieurs petits jardins, situés à plusieurs niveaux. D’un côté se trouve la Mer de Ligurie, de l’autre côté les Appenins. La vue est splendide.
Pour accéder à son domaine, Praet doit slalomer dans sa ruelle. Les capteurs d’aide au stationnement de sa Mercedes font un bruit de fou quand il frôle la voiture de son jardinier. "C’est l’Italie", se marre-t-il, quand on se tient les mains devant le visage. "Il ne faut pas avoir peur."
La voiture de Sharon, sa compagne avec qui il est en couple depuis ses 17 ans, par contre, a passé quatre mois au garage. "Un arbre est tombé dessus après une tempête. Heureusement, elle n’était pas dedans. Si ça a duré si longtemps c’est parce que l’assurance n’a pas voulu intervenir. Ça aussi, c’est l’Italie… (rires)"
Et donc, le joueur conduit sa charmante femme à gauche et à droite. "Elle donne cours dans une école gardienne. Et elle donne des cours de gymnastique. Elle adore cela. Elle ne veut pas rester à la maison à ne rien faire."
Praet nous sert de la soupe à la citrouille et mange une salade préparée par Sharon. Le thermomètre indique 18 degrés, on mange sur la terrasse qui offre une vue splendide sur la mer. "En hiver, il ne fait jamais en-dessous de sept degrés. L’année passée, il a neigé. Vous auriez dû voir les Génois. Ça faisait des années qu’ils n’avaient plus vu de flocons. Et en été, la chaleur est agréable. Toujours 28 degrés."
À sa place, on réfléchirait à deux fois avant d’aller en Premier League ou ailleurs... "Si vous voulez venir en vacances dans le coin, je vous conseille le village Camogli. Il y a tout, dans les environs. De temps en temps, je vais jouer au golf. Et la nourriture… N’en parlez pas. Mon plat préféré, c’est les pappardelle all’astice , des pâtes au homard."
En plus de cela, il se balade sans souci en ville. "On me lance des Ciao Praet et je pose en photo, mais ce n’est pas dérangeant. Je ne me sens pas la star. La vedette, c’est Quagliarella, qui a inscrit 20 buts à ses 36 ans et qui a aussi joué à Naples et à la Juve."
Et quid des supporters de la Genoa ? "Je n’ai jamais eu de problèmes. Mais je ne vais pas en ville à la veille du derby. Vous ne vous imaginez pas combien d’électricité il y a dans l’air. Plus que pour Standard - Anderlecht. Vous savez quoi ? On va en mise au vert avant chaque match, sauf… avant le derby. Le coach nous envoie à la maison pour qu’on décompresse un peu…"
Simone sourit : "Apprête-toi pour ta première défaite, le 13 avril, mon ami…"
"Maintenant, je comprends Martinez"
Repris pour les Diables, Praet a digéré sa non-sélection pour le Mondial.
La journée d’hier était quelque peu stressante pour Praet. Il a dû attendre midi pour apprendre qu’il était dans la sélection de Roberto Martinez pour les matchs contre la Russie et en Chypre. "J’avais bon espoir, mais on ne sait jamais, dit-il. J’avais été repris lors des trois derniers matchs, contre les Pays-Bas et deux fois contre la Suisse. Et j’ai la forme. Mais le coach décide."
Pendant deux ans, Martinez a nié Praet. "Ce n’était pas toujours facile pour moi. Mais j’ai eu un bon entretien avec le coach, avant le match contre les Pays-Bas. Il est quelqu’un de très chaleureux et de très compétent. Maintenant, je peux comprendre sa décision. Il avait son groupe. Il n’avait pas de raisons de le changer."
Praet a suivi le Mondial à la télé. "J’ai vu deux matchs quand nous étions en vacances au Mexique. Et j’ai vu le reste de chez moi à Louvain. Non, je n’avais pas de goût amer en voyant les Diables gagner. J’ai vibré comme un vrai supporter. Mes potes sont allés fêter les victoires sur la Oude Markt de Louvain. Mais moi, je suis resté à la maison. Je n’aime pas trop les bains de foule."
Le 5 octobre 2018 est une date qu’il n’oubliera pas. Enfin, Martinez faisait appel à lui. "C’était un soulagement, un moment que j’attendais depuis longtemps. Non, je n’ai pas dû chanter devant le groupe, parce que j’avais déjà fait mon bizutage en 2014, avant le match contre l’Islande. J’avais chantéSmack That de Akon."
En quatre ans, beaucoup de choses ont changé en équipe nationale. "Ce qui m’a le plus frappé, est le progrès fait par Romelu Lukaku. Quelle maîtrise du ballon, et quelle précision à la finition !"
Praet est meilleur que ce qu’il a montré contre les Pays-Bas. "J’ai joué la seconde mi-temps en ‘10’, une position que je n’avais plus occupée depuis un certain temps. Et après la pause, l’équipe ne tournait plus vraiment. Aux entraînements, par contre, je me suis amusé. Je sentais que j’avais le niveau. J’ai hâte d’aller à Tubize…"
Séance photo à...Viareggio
Le transfert de Praet en Italie n’a pas freiné son autre passion, à savoir la mode. Praet a encore toujours sa marque DYJCode, dont les articles sont en vente dans les 69 magasins ZEB en Belgique. Cette semaine, ZEB a présenté ses nouvelles collections, mais Praet ne pouvait pas faire un aller et retour. Quant à la séance photo pour la nouvelle collection de Praet, elle a eu lieu en Italie, sur la plage de Viareggio, que Praet connaît bien. En 2012, il avait participé au tournoi prestigieux de Viareggio avec Anderlecht. Il avait notamment partagé la mise contre l’Inter Milan (1-1). La collection (pour hommes et femmes) de Praet connaît un franc succès. Ses tendances préférées sont des logos apparents, des imprimés réfléchissants, parfois des rayures et des déclarations fortes comme Out Of Office, Sample-not for sale, bankrupt ou Money talk$.