Dans le rétro des années Martinez: un joli grand huit de l'Espagne au Brésil
Avant de voir les portes de la finale se refermer, les Diables ont dévalé les deux années du mandat de Roberto Martinez dans une forme ascendante. Avant de malheureusement tomber de ces montagnes russes…
- Publié le 11-07-2018 à 11h06
- Mis à jour le 11-07-2018 à 11h09
Avant de voir les portes de la finale se refermer, les Diables ont dévalé les deux années du mandat de Roberto Martinez dans une forme ascendante. Avant de malheureusement tomber de ces montagnes russes…
Belgique - Espagne 0-2 (01/09/16) : la génèse
"Une vraie leçon de football", titrons-nous au lendemain de la démonstration de force de l’Espagne sur la pelouse du Roi-Baudoin. Pour sa première sur le banc des Diables, face à sa patrie, Roberto Martinez voit son équipe dominée dans tous les compartiments du jeu. "Je n’ai jamais cru que ce serait facile", fait remarquer le sélectionneur après des débuts également marqués par des sifflets. "C’est dommage", soupire Thibaut Courtois, "dérangeant" même aux dires d’un Eden Hazard, incrédule : "On n’a pas compris". De cette défaite, Martinez va acquérir la conviction que ce 4-2-3-1 ne valorise pas les qualités de son groupe. Et dès la rencontre suivante, il lancera sa défense à 3 à Chypre, quatre jours plus tard.
Belgique - Bosnie 4-0 (07/10/16) : l’avènement du plan à trois
Après deux rencontres dans ces éliminatoires, les Diables font déjà un grand pas vers la Russie. Le tout alors que Radja Nainggolan, forfait sur blessure, dispute en même temps à Rome un match amical. La sortie précoce sur blessure de Jordan Lukaku provoque le retour de la défense à trois. Après la contrainte vient le plaisir, notamment dans les couloirs où Thomas Meunier et surtout Yannick Carrasco s’éclatent. "Cela a été plus simple pour nous à trois. Offensivement, ce système nous apporte davantage de solutions et les latéraux peuvent venir nous apporter une aide supplémentaire", apprécie Eden Hazard pour qui "c’est plaisant de jouer comme cela même si on sait qu’on doit encore bosser". Seul bémol : les sifflets destinés à Romelu Lukaku. "Ils m’ont déçu", regrettera Roberto Martinez.
Belgique - Estonie : 8-1 (13/11/16) : quand De Bruyne a reculé pour mieux avancer
Roberto Martinez est encore en phase de réflexion. Son choix d’évoluer avec un faux 9 quatre jours avant aux Pays-Bas (1-1) n’a pas convaincu. Quand Steven Defour et Youri Tielemans sont en balance pour épauler Axel Witsel, Kevin De Bruyne va finalement descendre d’un cran. Si la nature de l’opposition invite à relativiser ce résultat, l’ampleur de la démonstration pose les jalons de ce qui suivra tant le carré De Bruyne - Hazard - Mertens - Lukaku se veut magique. Et KDB affiche un visage inspiré qu’il n’avait plus montré depuis longtemps. "Les bons joueurs conviennent bien partout", justifie Martinez, "Kevin est intelligent et il a apporté de l’équilibre à l’équipe".
Belgique - Grèce 1-1 (25/03/17) : la première grande frousse
Romelu Lukaku fait mine de tendre l’oreille pour entendre les critiques. Le stade Roi-Baudouin exulte dans un râle de soulagement plutôt que de plaisir. Mené après une grossière erreur de Laurent Ciman visiblement resté aux vestiaires à la pause quand Mitroglou ouvre le score après 19 secondes en deuxième période, les Diables doivent patienter jusqu’à l’entame des arrêts de jeu pour égaliser. Après un match qui confirme leurs difficultés à trouver la faille dans un tel bloc, encore plus en l’absence de Kevin De Bruyne et Eden Hazard. "Il y a de la frustration, il faut apprendre à jouer contre de tels adversaires. Nous nous sommes parfois précipités alors qu’il faut prendre le temps de trouver l’espace", souligne Martinez avant de se dire "incroyablement déçu de la frustration qu’on a développée". "Il ne faut pas se laisser guider par les émotions", clame le Catalan.
Grèce - Belgique 1-2 (03/09/17) : la qualif la plus précoce de l’histoire
Loin du festival offensif contre Gibraltar 4 jours avant (9-0), les Diables retrouvent la machine à déjouer grecque. Le match est frustrant. Longtemps. Encore plus quand Zeca répond à Jan Vertonghen trois minutes seulement après l’ouverture du score du gaucher. La réplique de Romelu Lukaku est encore plus soudaine. Elle valide la qualification la plus précoce de l’histoire au soir du 8e match mais n’est marquée par aucune effusion. "On a eu du mal à se trouver, il y avait beaucoup de déchets", regrette Thomas Meunier pour qui "on savait que ce serait un match de merde. Gagner comme cela, c’est dommage." Mais aussi révélateur de certaines qualités. Eden Hazard voit, lui, plus loin : "Il faudra viser les demis en Russie."
Belgique - Mexique 3-3 (10/11/17) : "Tactiquement, cela ne va pas"
Quand Nacer Chadli préfère le voir à moitié plein : "on prend trois buts mais on pouvait en mettre quatre", Kevin De Bruyne fait parler sa stupéfiante franchise. À froid, 48 heures après ce match nul, le Gantois vide son sac. Quand Roberto Martinez assume ses choix parce que "ce n’était pas un système pour essayer de gagner mais pour être exposé", KDB lui répond : "Tactiquement, cela ne va pas; on se base toujours sur le talent pur. Je ne fais pas cela pour démolir mais pour aider l’équipe", affirme le milieu qui soupire : "C’est dommage de ne pas encore avoir trouvé la solution."
Belgique - Japon 3-2 (02/07/18) : le mental plus fort que la tactique
La grande frousse. Puis une émotion encore plus intense au fil d’un renversement historique. Au moment d’analyser cette rencontre, Roberto Martinez déplace le débat sur le mental de ses hommes : "Ils n’ont jamais abandonné; ce serait injuste de parler de l’approche tactique. Ce qu’on a réalisé ici, c’était incroyable", explique-t-il avant de lancer : "Quand tu joues le Brésil, tu dois comprendre et accepter que c’est la meilleure équipe du tournoi." Et celle qui met fin au rêve...
Brésil - Belgique 1-2 (06/07/18) : le chef-d’œuvre de Roberto Martinez
Un coup d’essai travaillé seulement 15 minutes à l’entraînement qui se transforme en coup de maître : en plaçant Romelu Lukaku dans la zone de Marcelo et en recentrant Kevin De Bruyne, Roberto Martinez met le Brésil à terre durant une première période d’un niveau qui tutoie la perfection. Et quand la furia de la Seleçao s’invitera en seconde période, Eden Hazard sera finalement le plus brésilien sur le terrain, les Diables seront remarquables de solidarité et Thibaut Courtois se chargera du reste. Merveilleusement. "Ici, pour nous, quoi qu’il arrive, battre le Brésil, c’était LE match de notre Coupe du Monde", savoure le sélectionneur.