Casteels, l’éternel homme de l’ombre
La réussite du gardien belge de Wolfsbourg, qui défie le Bayern ce samedi, mériterait d’être mise plus en lumière
- Publié le 20-10-2018 à 08h00
- Mis à jour le 20-10-2018 à 12h45
La réussite du gardien belge de Wolfsbourg, qui défie le Bayern ce samedi, mériterait d’être mise plus en lumière.
Défier le Bayern Munich apparaît pour un gardien comme l’assurance d’être sollicité. Très sollicité même. Sauf qu’avec ce Bayern-là, incapable de se créer une occasion contre Mönchenglabach avant la trêve internationale alors qu’il était pourtant mené de deux buts et qu’il évoluait chez lui, rien ne fonctionne vraiment. Yann Sommer, le portier du Borussia, peut en témoigner. Koen Casteels, qui reçoit les Bavarois ce samedi, vivra-t-il le même type de match que le Suisse ? Possible.Lui a en tout cas l’habitude de ce genre de coups du sort du destin qui ont jalonné sa carrière. Comme si elle était condamnée à se dérouler dans l’ombre de son mètre 97. La génèse de son parcours a finalement donné le ton.
À l’été 2010, quand Genk affronte l’Inter Turku en Ligue Europa, Frankie Vercauteren ne peut pas compter sur Laszlo Köteles, non qualifié. Deux options, juvéniles, s’ouvrent à lui : Thibaut Courtois ou Koen Casteels ? Le premier sera aligné. La suite de l’histoire est connue. Alors qu’au début, Guy Maertens prêtait au second un potentiel supérieur au premier. Qui s’exprime désormais pleinement à Wolfsbourg. Où l’ombre de Diego Benaglio s’est évaporée. Capitaine emblématique des Loups, le Suisse a longtemps freiné la progression du Limbourgeois, conservant sa place en raison de son importance dans le vestiaire alors que sportivement, Casteels avait pris le dessus.
Mais depuis le départ vers Monaco de Benaglio en 2017, la question ne se pose plus. Et le mérite en revient au Diable qui s’est imposé comme une évidence. Avec en point culminant ce statut officieux de meilleur gardien selon les notes de Kicker la saison dernière.
Plutôt que de profiter des spots un temps braqué sur lui, ce grand casanier préfère parler du collectif. Rappelle aussi dans les colonnes de l’hebdomadaire qu’il a fait "des petites erreurs" quand d’autres, dans son équipe, en ont fait des grandes.
Et Bruno Labaddia, son entraîneur, a plusieurs fois vanté ses mérites. Morceaux choisis : "C’est en travaillant avec lui qu’on remarque encore plus à quel point c’est un bon gardien. Il a tout ce qu’un gardien de top niveau a besoin. Il est fort sur sa ligne et a le courage de sortir sur les ballons aériens. Il soulage l’équipe."
Quand son côté un peu lymphatique pouvait l’enfermer dans la case des grands discrets, Casteels, qui avait musclé son jeu à Hoffenheim quand l’ancien gardien de Gand Zsolt Petry lui avait fait travailler son aggressivité par des séances de kickboxing et de karaté pour aussi augmenter ses réflexes et mieux contrôler son corps, a aussi musclé son verbe. N’hésitant pas à prendre la parole dans le vestiaire d’une équipe en faillite presque totale l’an passé. Ce qui lui a valu d’être élu vice-capitaine par ses partenaires. Et avec la grave blessure de Joshua Guilavogui, le voilà même qui a hérité du brassard. Presque à contre cœur. "Josh reste notre capitaine", répète-t-il.
Le leadership ? "Nous allons assumer cette responsabilité avec plusieurs joueurs. C’est une nouvelle expérience pour moi, cela va me permettre de grandir. Je n’ai jamais été capitaine d’une équipe où j’ai évolué, même chez les jeunes."
Cette nouvelle mise en lumière a suivi celle de cet été quand son nom est revenu alimenter la case des cibles potentielles du FC Barcelone dans la rubrique transferts.
"Nous avons longuement parlé au téléphone. Nous savons que c’est un très bon gardien et qu’il va progresser. Mais nous ne voulons pas le laisser partir", expliquait alors Labbadia pour qui "il ne m’a pas donné l’impression qu’il voulait partir non plus".
Parce que son entourage a vite été clair : pas question pour Casteels de quitter un club pour redevenir numéro deux. Et d’étirer en club son quotidien en sélection où il compte 31 sélections mais aucune apparition sur le terrain, Thibaut Courtois et Simon Mignolet ne lui laissant même pas les miettes. Lui ne s’en est jamais ému, répétant avant la Coupe du Monde qu’il était "prêt à aller en Russie même sans jouer" sans doute pour définitivement tourner la page de son forfait pour le Brésil sur blessure. Et quand Bild l’a interrogé en début d’année sur son image, ce passionné de golf s’en amusait: "Ce qui me manque pour être meilleur que Courtois ? Sans doute de jouer dans un plus grand club."
Le tout avant de retourner dans l’ombre. Parce que lui n’aime pas la lumière.