7 octobre 2013: Zakaria Bakkali devient Diable Rouge
Il y a 5 ans, le 7 octobre 2013, Zakaria Bakkali choisit de devenir Diable Rouge. Il dispute ses premières minutes contre le pays de Galles, mais n'a, depuis, été sélectionné qu'à une autre reprise, en 2015...
- Publié le 07-10-2018 à 12h14
Il y a 5 ans, le 7 octobre 2013, Zakaria Bakkali choisit de devenir Diable Rouge. Il dispute ses premières minutes contre le pays de Galles, mais n'a, depuis, été sélectionné qu'à une autre reprise, en 2015...
Zakaria Bakkali a mis fin au suspense ce jour-là. Le jeune joueur qui évoluait alors au PSV Eindhoven, qui hésitait entre les équipes nationales belge et marocaine, a confirmé le lundi 7 octobre 2013 en conférence de presse qu'il porterait bien le maillot des Diables Rouges à l'avenir. Bakkali faisait partie de la sélection de Marc Wilmots appelée à jouer les deux derniers matches de qualification pour le Mondial 2014, en Croatie et à Bruxelles face au Pays de Galles. Le Liégeois, formé au Standard, avait fait forte impression au mois d'août avec le PSV face à Zulte Waregem en tour préliminaire de la Ligue des champions. Dans la foulée, il avait même été appelé chez les Diables pour la première fois à l'occasion de Belgique-France mais avait dû déclarer forfait sur blessure, contractée lors de la préparation.
La salle de presse du centre d’entraînement de Neerpede, pourtant très vaste, était pratiquement pleine ce lundi 7 octobre 2013. Tout le monde attendait que Zakaria Bakkali réponde “oui” à la demande en mariage des Diables de Marc Wilmots.
Entouré (et protégé) par Stefaan Van Loock, l’attaché de presse de l’Union belge, le jeune ailier de 17 ans n’avait pas fait traîner les choses après son premier entraînemement avec notre équipe nationale : “J’ai choisi la Belgique et je suis très content. Je vais jouer avec mon coeur ici”, avait-il dit en préambule d’une interview dont la longueur des réponses prouvait encore une certaine timidité bien compréhensible à son âge. Extraits choisis...
Est-ce que cela a été un choix compliqué?
“Oui quand même. Je n’ai que 17 ans et c’est un choix pour la vie.”
Pourquoi avoir opté pour la Belgique plutôt que le Maroc ?
“J’aime le groupe des Diables. Et puis, c’est logique. J’ai joué avec les U15, U16 et U17 belges.”
Comment s’est passé votre réflexion?
“C’est un choix du coeur. J’ai parlé avec ma famille et tout le monde était d’accord pour a Belgique.”
Si c’est un choix du coeur, pourquoi a-t-il été si tardif ?
“Parce que je n’ai que 17 ans. Je ne suis même pas majeur et c’est une décision compliquée.”
En avez-vous discuté avec Nacer Chadli et Marouane Fellaini qui ont eu le même choix à faire dans le passé ?
“Oui, ils m’ont donné leur avis mais, au final, cela n’a pas eu d’influence. C’est un choix personnel.”
Avez-vous eu des pressions du Maroc ?
“Non, pas beaucoup.”
On dit que la fédération néerlandaise a aussi tenté de vous naturaliser. C’est juste ?
“Oui, c’est la vérité mais j’hésitais juste entre la Belgique et le Maroc.”
Ne sera-t-il pas plus difficile de se faire une place en Belgique qu’au Maroc ?
“Sans doute, la concurrence est énorme à toutes les places.”
Avez-vous la promesse d’aller à la Coupe du Monde ?
“Non, il n’y a rien qui est promis ici.”
Ne craignez-vous pas d’être renvoyé en Espoirs après ce choix définif ?
“Non. Je vais me battre pour rester dans ce groupe. Si je dois redescendre, j’accepterai aussi.”
Tout va extrêmement vite dans votre carrière depuis cet été. Comment le vivez-vous ?
“Ma vie a totalement changé en quelques mois à peine. C’est pas toujours simple mais je m’y fais. Il y a des avantages et des inconvénients.”
Pas de regret d’avoir quitté le Standard très jeune ?
“Non.”
Vous auriez aussi pu quitter le PSV avant même de rejoindre l’équipe première, non ?
“Oui, j’avais des offres un peu partout en Europe.”
Manchester United ?
“Oui, c’est juste.”
Qui est votre idole ?
“Messi.”
Vous lui ressemblez sur un terrain?
“Non, non.”
Marc Wilmots parle d’une certaine ressemblance avec Eden Hazard. D’accord ?
“Oui, c’est déjà plus proche de mon style.”
Et Bakkali de rejoindre les autres Diables heureux d'avoir posé son choix. Marc Wilmots le remercia dans la foulée: sur le banc lors du succès 1-2 en Croatie, le 11 octobre, il fit la fête avec Romelu Lukaku (auteur d'un doublé) et ses compatriotes pour fêter la qualification au Mondial 2014, et, le 15 octobre contre le pays de Galles au Stade Roi Baudouin, reçut 12 minutes de jeu (il remplaça Kevin Mirallas à la 78e) pour sa première cap de Diable.
Douze minutes suffisantes pour faire de lui un joueur belge à 100% puisque disputées lors d'un match officiel... A cet instant, Bakkali rêvait de Brésil et de Mondial.
La suite fut pourtant bien plus compliquée qu'espérée. La carrière du Liégeois connut quelques ratés. Tout commença lorsqu'il refusa de prolonger au PSV avec comme punition une mise au placard dans le noyau B et ses relations confictuelles avec le club néerlandais lui collèrent une image d’enfant difficile à gérer. Le Mondial 2014 s'envolait bien évidemment. Bakkali trouva ensuite refuge à Valence où il flamba à nouveau rapidement, au point d'être rappelé par Wilmots, en septembre 2015. Il fêta un deuxième match avec les Diables, à Andorre, lors des éliminatoires pour l'Euro 2016: il remplaça... Eden Hazard à la 79e minute. Mais il rata à nouveau la phase finale, en France, en raison d’une opération à l'aine. Bakkali ne retrouva ensuite jamais sa place dans l'équipe espagnole, et, en juillet 2017, fut prêté au Deportivo La Corogne, avec une rélégation en fin de saison dernière. Courtisé par le Standard cet été, le Liégeois, âgé aujourd’hui de 22 ans, a choisi Anderlecht pour donner un nouvel élan à sa carrière. Et s'il semble retrouver un bon niveau de jeu, la crise que traversent les Mauves l'empêche d'espérer aujourd'hui un retour en équipe nationale...
Choisir c'est renoncé
Dans le passé, il était possible pour certains footballeurs d’évoluer avec plusieurs sélections. Ainsi, Alfredo Di Stefano a joué pour l’Argentine, et même la Colombie, avant de défendre les couleurs de son autre pays : l’Espagne. Les champions du monde italiens de 1934 Raimundo Orsi et Luis Monti avaient déjà disputé unM ondial sous les couleurs de l'Argentine. Chez nos Diables, Josip Weber, notre attaquant lors de la Coupe du Monde 1998, avait précédemment disputé trois matches avec la Crotaie.
Ceci n’est qu’un exemple des nombreux cas qui se sont produits. La Fifa a donc décidé de changer ses lois, en 2004, car le phénomène devenait de plus en plus problématique.
Avec deux changements significatifs.
- UNE MINUTE OFFICIELLE JOUÉE, UN CHOIX DÉFINITIF
C’est en janvier 2004 que les statuts de la Fifa ont changé. Désormais, il est permis à un joueur d’évoluer avec l’équipe espoir qu’il souhaite, mais dès que la moindre minute est jouée avec l’équipe A, aucune marche arrière n’est possible. La seule exception concerne les rencontres amicales. C’est pourquoi Mehdi Carcela avait pu choisir le Maroc après avoir joué deux fois avec les Diables et que Nacer Chadli avait fait de même en sens inverse.
- UN VRAI LIEN AVEC LE PAYS
Deux mois plus tard, en mars 2004, la Fifa affinait encore ses lois, cette fois pour mieux contrôler les naturalisations, abusives par le passé (le Qatar représentait notamment une menace). Mais désormais, la Fifa oblige les joueurs à avoir au moins une connexion claire avec la nation pour pouvoir défendre les couleurs de son équipe nationale. Plusieurs règles sont à respecter. Pour jouer pour un pays, en plus d’obtenir la nationalité de celui-ci (les lois varient selon les nations), un joueur doit respecter au moins une des quatre règles suivantes inscrites dans les Statuts de la Fifa :
- Être né dans le pays en question.
- Avoir vécu sur le territoire de l’association concernée au moins cinq années consécutives à partir de 18 ans (il ne pourrait donc pas le faire avant 23 ans).
- La mère ou le père biologique est né sur le territoire de l’association concernée.
- La grand-mère ou le grand-père est né sur le territoire du pays en question.
C’est la raison pour laquelle certains joueurs ont le choix entre plusieurs nations. Leur réflexion est désormais plus longue, puisque une fois que le choix est fait, il est définitif.