De Sarkozy à Blatter en passant par le prince du Qatar: Platini, un roman judiciaire
L’ex-boss de l’UEFA est embourbé dans des scandales depuis plusieurs années.
- Publié le 18-06-2019 à 22h13
- Mis à jour le 19-06-2019 à 11h26
L’ex-boss de l’UEFA est embourbé dans des scandales depuis plusieurs années. Joueur mythique, triple Ballon d’Or, co-président du comité d’organisation de "sa" Coupe du monde en 1998, conseiller du président de la FIFA, vice-président de la FFF, puis enfin président de l’UEFA. L’après-carrière de Michel Platini aurait pu ressembler à une reconversion parfaite. Lui, l’ancien meilleur joueur du monde aurait pu toucher le Graal : devenir le "big boss" du foot mondial. Mais pour cela, il aurait fallu éviter les scandales à répétition.
Cela débute en 2013 , lorsque France Football et So Foot révèlent l’existence de cette fameuse réunion entre lui, Nicolas Sarkozy et le prince héritier du Qatar (voir vitrine). Soupçonné de lobbyer en faveur de l’émirat dans le dossier de l’attribution du Mondial 2022 (et accessoirement de vouloir placer son fils Laurent à la tête de sociétés détenues par cet État du Golfe), il nie tout en bloc, sans être inquiété par la justice.
En 2015, année de sa seconde réélection à la présidence de l’UEFA (qu’il occupe depuis 2007), il officialise sa candidature pour prendre les rênes de la FIFA. Et le château de cartes s’écroule. Le 25 septembre, une procédure pénale est ouverte en Suisse contre Sepp Blatter, après que celui-ci lui a versé 1,8 million d’euros, en dehors de tout contrat écrit. Une somme conséquente, censée rétribuer des travaux effectués par Platoche entre 1999 et 2002, mais versée en mars 2011, quelques mois avant la réélection de Blatter à la tête de la FIFA. Un timing qui interpelle la justice suisse, bien que Platini jure avoir déclaré ces revenus.
Entendu sous un statut situé entre celui de témoin et d’accusé, il est finalement suspendu trois mois par la commission d’éthique de la FIFA deux semaines plus tard. La même instance le suspend fin 2015 pour huit ans, délai réduit à six ans fin février 2016 par la cour d’appel de la FIFA. Le 7 janvier 2016, il annonçait renoncer au poste suprême.
Après avoir saisi le TAS , sa suspension est de nouveau réduite, à quatre ans cette fois. En septembre, c’en est définitivement fini de son règne européen. Il laisse officiellement le siège de président de l’UEFA au Slovène Aleksander Ceferin, après l’intérim d’Ángel María Villar.
Mais en mai 2018, coup de théâtre : la justice suisse finit par blanchir Platini, via un courrier envoyé à son avocat et publié par Le Monde. Mais si l’ancien champion est soulagé au pénal, la FIFA n’annule pas sa suspension, qui court jusqu’en octobre de cette année. "J’espère que la FIFA aura le courage et la décence de lever ma suspension, puisque la justice a établi qu’il n’y avait pas de paiement déloyal", déclare de son côté le Français à l’AFP, suite à cette décision.
Dans un entretien accordé à Marianne quelques semaines plus tôt, il sort la kalach’ et se paye les "juges de pacotille de la FIFA et du TAS, qui ne sont pas de vrais juges" et "les escrocs de Zürich (NdlR: le siège de la FIFA)". "Qui sont ces clowns qui m’empêchent de travailler ?", "Ce n’était qu’un complot pour que je ne sois pas président de la FIFA", assène-t-il encore dans cette interview au vitriol.
Totalement sorti d’affaire, Platoche ? Pas forcément. Fin 2018, son nom se retrouve au beau milieu de la saison 2 des Football Leaks, qui l’accusent d’avoir couvert des pratiques douteuses financièrement parlant, menées par le PSG. Le tout avec la complicité de Gianni Infantino, alors secrétaire général de l’UEFA et aujourd’hui président de la FIFA (réélu le 5 juin dernier). Rendez-vous en 2023 pour retenter le coup, Michel ?