De Braine-le-Comte au sommet du foot européen, le formidable parcours des frères Hazard
Dans le deuxième numéro de notre nouveau mensuel sportif Extra Spoort, gratuit avec la DH de ce samedi 28 janvier, un grand reportage sur le parcours de formation des frères Hazard, Eden, Thorgan et Kylian, sur les terrains de leurs premiers exploits: du Stade Brainois à Lille et Lens en passant par Tubize
- Publié le 28-01-2017 à 08h13
- Mis à jour le 15-01-2018 à 15h27
Dans le deuxième numéro de notre nouveau mensuel sportif Extra Spoort, gratuit avec la DH de ce samedi 28 janvier, un grand reportage sur le parcours de formation des frères Hazard, sur les terrains de leurs premiers exploits: du Stade Brainois à Lille et Lens en passant par Tubize.
Le sport comme moteur. Chez les Hazard, il fait partie des gènes de la famille. Tous deux profs de gym, Carine et Thierry ont tâté du ballon. À haut niveau. Fils d’un membre fondateur du Stade Brainois en 1969, le papa fut même semi-pro quand il fit porta le maillot louviérois en D2. Fille d’un champion de Belgique cycliste amateur, la maman remisa ses crampons quand Eden s’annonça. Et c’est logiquement sur le terrain du Sans Fond, dans le prolongement du jardin de la maison familiale à Braine-le-Comte, que l’aîné tapa dans ses premiers ballons. C’était en 1995.
Thorgan, Kylian et Ethan, la suite de la fratrie, firent leurs premiers pas de footballeurs dans les empreintes cramponnées du fils prodige. Et si le benjamin est encore, aujourd’hui, un fier produit de l’école brainoise, ses trois frangins ont fait de leur passion leur métier. Une belle histoire. Qui prend donc racine dans le Comté de Braine , verte petite commune hennuyère. Et qui sortit de terre 10 km plus au Nord, de l’autre côté de la frontière brabançonne, dans le jardin du puissant club voisin, à Tubize. Avant d’éclore outre-Quiévrain… C’est le parcours initiatique de trois surdoués, en trois étapes, de Braine-le-Comte aux Hauts-de-France en passant par le Brabant wallon, que nous vous invitons à découvrir. De purs produits du terroir, amoureux de leurs origines, fiertés d’une région.
Chapitre 1 - Stade Brainois
"Leur grand-père a carrelé la buvette du club"
C’est à 50 kilomètres au Sud-Ouest de Bruxelles, à Braine-le-Comte, qu’on retrouve le camp de base de la famille Hazard. C’est là, dans l’Avenue du stade, tout un programme, qu’ont grandi, dans une belle maison aux briques rouges, Eden, Thorgan, Kylian et Ethan. Depuis leur jardin, il suffisait aux enfants de Thierry et Carine de franchir une petite barrière pour partir jouer sur le Sans Fond, le terrain du Royal Stade Brainois, le club local qui a évolué pendant 16 ans en Promotion et qui a retrouvé la P1 hennuyère cette saison.
"Mais l’histoire entre les Hazard et le Stade Brainois date de bien avant l’éclosion d’Eden" , relate Alain Pauly, président du club depuis 21 ans. " Francis Hazard, le grand-père des quatre frères, était l’un des membres fondateurs du Royal Stade Brainois en 1969. Comme moi, c’était un comitard qui s’est investi dans le club. À certaines périodes le Sans Fond était sa deuxième maison. Carreleur de métier, il a travaillé dans la construction de notre buvette. Il n’a pas chômé. C’est lui qui a posé le sol de cette dernière."
"Il était connu dans toute la ville" , enchérit Pascal Delmoitiez, l’actuel délégué du club, qui n’a raté que trois matches de l’équipe première depuis 1969. "En été, il s’intéressait à la balle pelote et en hiver au football."
Et c’est donc en toute logique que la génération suivante a enfilé les crampons au Sans Fond .
"Thierry Hazard a évolué chez les jeunes et en équipe première avant de poursuivre sa progression à La Louvière notamment. Il est revenu chez nous lors de notre dernière saison en Promotion avant d’endosser le training d’entraîneur. Maintenant il est officiellement directeur sportif."
Et après avoir connu Francis et Thierry, les deux chevilles ouvrières du club brainois allaient découvrir au milieu des années 90 l’un des plus grands talents de l’histoire du football belge : Eden Hazard.
Alain Pauly s’en souvient comme si c’était hier : "Eden, j’en ai entendu parler pour la première fois quand mon fils, Michaël, qui coachait les Diablotins du club, est revenu d’un entraînement en me disant : ‘Papa, j’ai un extraterrestre dans mon groupe, tu dois venir voir’. Il parlait bien évidemment d’Eden. On avait déjà eu un garçon doué au club en la personne de l’ancien Anderlechtois Stéphane Stassin, mais là c’était d’un tout autre niveau. Eden est resté au club jusqu’à ses douze ans. Nous n’avons touché aucune indemnité de formation lors de ses différents transferts. Thorgan a suivi quelques années après. Il n’a pas suscité le même émerveillement chez les entraîneurs mais il possédait aussi un gros potentiel. Le troisième, Kylian, a directement pris la direction de Tubize sans jouer pour le Stade Brainois. Cela doit être pour cela qu’il n’est pas Diable Rouge (rires) . Ethan, le petit dernier, évolue dans nos équipes de jeunes et je pense qu’il y prend du plaisir. Un jour, je lui ai demandé s’il comptait devenir comme Eden. Il m’a répondu, avec plein d’humour, qu’il se chargera juste de signer les autographes. Ce qui est remarquable dans cette famille, c’est que Thierry, le papa, prend autant de plaisir à voir l’un ou l’autre jouer. Mais celle qui est la plus mordue, c’est Carine, la maman, elle ne veut rater aucun match de ses enfants. Le 14 janvier dernier, on organisait le jogging des Trois Lieux à Braine-le-Comte. Vers 18h25, Carine est rentrée chez elle pour voir Leicester - Chelsea."
Pascal Delmoitiez, lui, a découvert les premières facettes du talent d’Eden le jour où il a tenté de le gronder…
"On venait de réensemencer le terrain et il y avait un grand panneau devant la pelouse pour interdire aux enfants de jouer dessus. Un jour, j’arrive au stade et je vois au loin, de l’autre côté de la pelouse, un tout petit garçon occupé à tirer dans le but. Je me rapproche doucement et je remarque que l’enfant place deux-trois fois de suite le ballon dans la lucarne. Puis je vois qu’il réalise cela à pieds nus. Et il ne tirait pas avec une balle en plastique, mais bien avec un vrai ballon en cuir. Il était doué et au moment où je lui crie dessus, il est rapidement parti en courant et a franchi la barrière qui séparait le jardin de ses parents du terrain de foot. Il n’a pas tardé à rentrer dans la maison. C’est à ce moment-là que j’ai compris que c’était le fils de Thierry. Il a hérité d’un don magnifique, cela vient peut-être de sa maman car Carine se débrouillait bien au football. Elle a joué en D1. Thorgan possédait aussi quelque chose en plus que les autres. Mais ce que j’adore chez les Hazard, c’est qu’il n’y a pas de jalousie et aucune comparaison. Chaque fils fait son petit bonhomme de chemin. Je possède une bibliothèque qui compte plus de 1.800 livres et j’ai un jour demandé à Thierry pour quand était prévu un bouquin sur Eden car cela manquait dans ma collection. Il m’a répondu, tout naturellement, que si un jour un livre devait voir le jour ce ne serait peut-être pas sur l’aîné de ses fils mais bien un sur la famille Hazard."
Un ouvrage qui ne pourra que faire référence au Stade Brainois, véritable éleveur de champions…
"Thierry, notre Remy Bricka: il roule même le terrain !"
Alors qu’Eden, Thorgan et Kylian sont pleinement impliqués dans leur carrière, Thierry consacre une grande partie de son temps au Stade Brainois. Il y a quelques mois l’ancien joueur de la Raal a racheté les installations et le terrain de l’équipe première du matricule 343.
L’objectif premier du projet étant de redonner au club des infrastructures dignes de ce nom.
"On prévoit de reconstruire une salle plus grande avec une nouvelle buvette, un bâtiment pour l’hiver. Cela permettra de faire vivre le club, d’organiser des événements sans devoir louer une salle, par exemple. Le but n’est donc pas que la famille Hazard s’enrichisse mais bien que le stade continue à vivre du football ", expliquait Thierry Hazard il y a quelques semaines. "J’ai de la nostalgie pour ce stade où papa a travaillé. Je n’avais pas envie que cela disparaisse et j’ai impliqué les enfants dans cet achat via la société Hazard Boys Team ."
Le coût du rachat tournerait autour des 250.000 euros et les travaux de rénovation devraient débuter d’ici quelques mois.
Impliqué dans la politique sportive, le développement du club et la mise en place d’une école de jeunes performante, Thierry Hazard abat un travail titanesque pour son club…
"C’est le Remy Bricka du club" , ajoute hilare, le président Alain Pauly. "Il possède une extraordinaire fibre locale et s’investit à 100 % dans le club. Et cela se ressent aussi chez ses enfants. La présence de Thierry au sein du club, c’est du pain bénit. Il a redynamisé le club depuis qu’il est revenu lors de la saison 2014-15. Au niveau de notre école des jeunes il a mis en place des personnes compétentes comme par exemple Eric Lansmanne (NdlR : ex Standard, Mons et La Louvière) qui en est le directeur."
Et le boulot du papa de la fratrie Hazard ne s’arrête pas là comme aime à le répéter Pascal Delmoitiez : "Thierry, c’était un défenseur élégant et technique. C’est pour cela qu’il veut que notre terrain soit le meilleur possible. C’est bien simple, c’est lui qui s’en occupe. Un jour nous étions en réunion de comité et vers 20 h et on entend un petit tracteur se mettre en route. C’était Thierry qui roulait le terrain. On n’a plus eu une pelouse aussi bonne depuis qu’il est revenu au club. Il est dévoué pour le Stade Brainois. La plus grande qualité de la famille Hazard, c’est d’être demeurée humble malgré le succès des enfants.";
"Ils termineront leur carrière ici"
Même si Eden est une star mondialement connue, que Thorgan porte la vareuse des Diable Rouge et que Kylian se construit petit à petit une carrière de footballeur pro , les Hazard n’oublient pas d’où ils viennent et ont gardé les pieds sur terre…
"Eden, Thorgan et Kylian reviennent parfois au club" , explique les chairmen brainois. " Eden a fait une apparition à notre stand au Marché de Noël. Avec son frère, Thorgan, ils sont aussi passés cette saison à notre centre de formation saluer les jeunes en même temps qu’ils allaient voir Ethan jouer. Kylian, comme Thorgan, a déjà donné le coup d’envoi d’un match de l’équipe première. Le Stade Brainois représente quelque chose à leurs yeux… Je suis persuadé qu’ils termineront leur carrière au Sans Fond . Je ne sais pas quel âge ils auront mais ils finiront leur parcours ici. C’est une famille exceptionnelle. Le même sang coule dans leurs veines. Un jour nous avons reçu les félicitations de Samuel Eto’o pour la montée du club. Eden avait dû en parler à son équipier. Preuve qu’il n’est pas insensible au club de ses débuts."
"La ville de Braine-le-Comte est maintenant connue dans le monde entier grâce aux Hazard" , ajoute Pascal Delmoitiez, organisateur de la très appréciée exposition Foot Fair-Play . "J’ai déjà vu passer des journalistes anglais, japonais, suédois et la Fifa a réalisé un reportage sur notre club."
Eden parrain de Make-A-Wish grâce à une Brainoise…
Responsable hennuyère de Make-a-wish Belgium South , Marianna Ferrara, citoyenne de Braine-le-Comte et femme de Pascal Delmoitiez, a trouvé en Eden Hazard un excellent parrain pour son association.
"Cela fait maintenant deux ans qu’Eden s’implique dans le projet. Comme on le connaît depuis qu’il est enfant et vu les bons contacts qui existent avec ses parents qui habitent à 200 mètres de chez nous, nous avons très vite reçu son accord. Il est vraiment adorable avec les enfants malades qui réalisent leur rêve en lui parlant. Que cela soit lors des rencontres à Chelsea ou celles organisées quand les Diables sont en Belgique, j’ai toujours reçu d’excellents échos de la part des parents. Eden est disponible et a le contact facile. Ce n’est pas le grand frère d’une famille de quatre enfants pour rien. Je suis vraiment contente qu’une personnalité de la région s’investisse comme cela. Il a gardé une dimension humaine malgré son statut."
Thorgan a lui répondu favorablement à l’appel de Pascal Delmoitiez pour devenir le parrain du club de supporters des Diables Rouges de Braine-le-Comte.
Chapitre 2 - AFC Tubize
"Le talent d’Eden, la volonté de Thorgan, la folie de Kylian"
Le rendez-vous est donné au lieu-dit le Chalet sur les hauteurs de Tubize. Il suffit de faire quelques mètres dans le complexe des jeunes du club brabançon pour tomber sur une fresque d’Eden Hazard peinte sur un vieux mur en briques d’un vestiaire d’un autre temps. Une peinture qui rappelle à chaque visiteur que la star de Chelsea mais aussi son petit frère Thorgan ont été formés chez les Sang et Or . Pas de trace, par contre, de Kylian, lui aussi passé par l’AFC mais dont l’aura n’est pas encore assez grande pour mériter aux yeux du club d’avoir son prénom sur le mur aux souvenirs.
Bien emmitouflé par cette froide journée d’hiver, Fathi Ennabli et Benito Macchione, formateurs au club tubizien lors de l’arrivée du trio Hazard en 2003, prennent la pose avant d’ouvrir leur boîte aux souvenirs… Et le premier sujet de conversation est bien évidemment Eden dont le prénom était déjà bien connu dans la région avant son arrivée au club.
"Lors des tournois disputés avec Braine-le-Comte, on ne pouvait pas passer à côté de son talent ", relate Fathi Ennabli, qui a commencé à entraîner en 1996 à Tubize où il a occupé la fonction de responsable de l’école des jeunes et qui est maintenant dans le staff de l’équipe première de Rebecq qui évolue en D3 amateur. "Eden n’était pas très épais mais possédait de la dynamite dans les jambes. Un joueur d’instinct, imprévisible, il n’a pas beaucoup changé. Mais son papa n’a pas voulu brûler les étapes et le mettre trop tôt dans un club comme Tubize. Une fois qu’Eden a atteint l’âge de 10 ans, les contacts ont été plus réguliers malgré que le petit avait déjà tapé dans l’oeil d’Anderlecht et du Standard. Mais Thierry savait ce qu’il voulait et surtout ce qu’il ne voulait pas pour son fils. Et à 12 ans, Eden a rejoint Tubize avec ses deux frères, Thorgan et Kylian. Le joueur de Chelsea est le plus grand talent pur que j’ai rencontré dans ma carrière d’entraîneur des jeunes. J’ai découvert un garçon simple, bien éduqué avec une grande envie d’apprendre mais surtout une grande envie de s’amuser. Le football est demeuré chez lui un jeu. Son départ pour Lille s’est fait en douceur. Dès ses 13 ans Eden se rendait une fois par mois dans le Nord de la France pour s’habituer à l’environnement, rencontrer les éducateurs français. Car ce n’est pas facile pour un enfant de partir de la maison familiale à 14 ans pour aller dans un internat."
Et si dès le plus jeune âge Eden affichait déjà des facilités footballistiques extraordinaires, il possédait aussi ce côté joueur et taquin qui le caractérise encore maintenant.
"Lors de la finale d’un tournoi à Woluwe où le match était serré, on reçoit un coup franc à l’entrée du grand rectangle ", se souvient Fathi Ennabli. "Je dis à Eden de le frapper et il envoie le ballon dans la lucarne. L’arbitre qui n’avait pas sifflé fait recommencer le coup franc. Je dis à Eden de réaliser la même frappe et son papa qui est à côté de moi dit : ‘Tu crois qu’il pourra faire le même tir ?’ Eden a remis le cuir au même endroit dans la lucarne et a fait un petit clin d’oeil à Thierry qui lança : ‘Tu vois il me nargue…"
Le plaisir du jeu comme leitmotiv. Et cela quel que soit le niveau.
"Les enfants Hazard ont toujours aimé le football ", poursuit Benito Macchione, présent comme entraîneur depuis 1986 à Tubize et s’occupe maintenant de missions de scouting et d’entraînements spécifiques pour les jeunes du club. "Ils jouaient le samedi avec les nationaux et si un joueur manquait chez les provinciaux le dimanche, ils étaient toujours prêts à dépanner même si ce n’était pas dans la meilleure équipe. Ce qui les intéressait c’est le jeu. À l’époque, Tubize possédait un accord avec Saintes, un petit club de la région pour prêter des joueurs quand leurs équipes n’étaient pas complètes. Le niveau ne volait pas très haut mais Eden et Thorgan y sont allés pour faire plaisir. J’ai aussi entendu qu’à l’école, Eden se mettait souvent dans l’équipe la plus faible pour aider celle-ci à gagner."
Ayant passé des heures et des heures sur les terrains de foot à former des jeunes, les deux éducateurs brabançons ne peuvent cacher leur joie quand ils évoquent la réussite de leurs anciens élèves…
"En tant que formateur cela fait plaisir de voir le niveau qu’ils ont atteint. C’est le même sentiment pour d’autres joueurs qui sont passés par Tubize et qui évoluent maintenant en D1 ou en D2. Avec de petits moyens, Tubize a participé à l’éclosion de beaucoup de joueurs. Il faut se souvenir qu’à l’époque Tubize possédait un synthétique avec du sable où le moindre tacle te brûlait, un deuxième terrain boueux et de minuscules vestiaires..."
"Impressionné par les jonglages de… Carine"
Les parents de la fratrie Hazard ont joué un rôle important dans la réussite des enfants. Chaque entraîneur, dirigeant ou ami qui a vécu de près ou de loin l’évolution sportive des frères Hazard a mis spontanément en avant l’importance du rôle joué par Thierry et Carine, les parents.
"Un rôle très important ", explique Fathi Ennable. "Papa et maman ont joué au football à un certain niveau et connaissaient le milieu avec ses coutumes et ses pièges. Avec deux parents sportifs, les enfants ont grandi dans un univers sain. Sans oublier qu’il pouvait compter sur un terrain de foot dans le fond de leur jardin. Cela ne pouvait qu’attirer les enfants vers ce sport."
Responsable de l’école des jeunes à Tubize pendant une certaine période, Thierry Hazard a également entraîné Thorgan. Une proximité pas toujours facile à gérer comme l’explique Benito Macchione. "Thierry a entraîné Thorgan en U11. Parfois il était trop nerveux et trop dur avec son fils. C’est une situation qui n’est jamais facile d’avoir son fils comme joueur. Thierry ne voulait pas que les parents parlent de favoritisme pour Thorgan et il se montrait donc plus exigeant avec lui qu’avec les autres. Maintenant, il est plus calme quand il voit ses enfants jouer."
Ce qui est peut-être moins le cas de Carine qui ne veut rater aucun match de ses enfants et qui impressionna aussi Benito lors de ses premières semaines à Tubize : "Oui, j’ai une petite anecdote qui la concerne. Un jour je suis dans la buvette du club qui surplombe le terrain d’entraînement et je vois une femme en train de jongler sur le synthétique. Un, deux, trois, quatre et ainsi de suite jusqu’à je ne sais plus combien de jonglages. C’était Carine qui s’amusait en attendant la fin de l’entraînement des enfants. Et en fin de saison quand on organisait un match parents-entraîneurs on aurait bien voulu l’avoir dans notre équipe. Je peux vous certifier que son rôle dans la réussite des enfants est aussi importanteque celui de Thierry. C’est une sportive qui a toujours soutenu ses enfants et les a très bien conseillés."
Et quand évoque l’avenir des trois frères, les deux éducateurs croisent les doigts pour qu’Eden, Thorgan et Kylian poursuivent leur route sans ennui.
"Eden peut encore franchir une étape, peut-être la plus difficile, celle qui pourrait un jour le mener au Ballon d’Or" , espère Fathi. "Pour y arriver il devra réussir de grandes choses en club et avec l’équipe nationale. Je me souviens qu’il y a quelques années j’ai recroisé Eden. Je lui ai dit, un jour tu seras capitaine des Diables Rouges. Il m’avait rigolé au nez en disant Thorgan peut-être mais pas moi. Il s’était trompé. Eden, c’est un leader technique. Thorgan, je pense que sa marge de progression est encore très grande. Partir en Allemagne ne s’apparentait pas à un choix anodin. Thorgan n’a peur de rien et travaillera encore et encore pour se construire une belle carrière. Pour Kylian, je lui souhaite dans un premier temps de bien se remettre de sa blessure et de confirmer les belles impressions laissées la saison dernière. Et qu’il exploite pleinement toutes ses qualités."
"On a retrouvé Kylian dans un arbre…"
"Kylian, il est arrivé tout petit chez nous, en U5 . Et il m’en a fait perdre des cheveux" , évoque le sourire aux lèvres Fathi. "C’était un talent pur, comme Eden. De l’or dans les pieds. Mais pas le même mental que ses frères. Il était jouette, le football l’intéressait quand il avait envie. Parfois, sans savoir pourquoi, il tournait le bouton et se mettait en mode off, il abandonnait. Les qualités, il les possède, sinon un club formateur comme Lille ne serait pas venu le chercher. C’est mentalement que le travail est important de son côté. Je pense qu’avec l’âge et une plus grande maturité il se rendra compte de tout son potentiel. D’ailleurs avant de se blesser au genou, il restait sur une bonne saison en Hongrie. Je pense qu’il a compris que s’il veut faire une carrière comme pro, il doit parfois fournir certains efforts même quand il n’a pas envie."
Et toutes les personnes qui ont fréquenté le club de Tubize à l’époque se souviennent d’une merveilleuse anecdote concernant l’actuel joueur d’Ujpest. Témoin de la scène, Benito ne peut s’empêcher d’en parler : "Un jour lors d’un match à huit contre huit, je compte mes joueurs et je me rends compte qu’il en manque un. Je recompte et je regarde qui il me manque. C’était Kylian. On l’a retrouvé derrière le but en train de jouer dans un arbre."
Avec quelques minutes plus tard une cinquantaine de personnes au pied de l’arbre et le coordinateur des jeunes en train de crier comme un fou sur le petit Hazard pour qu’il redescende…
"Aucune jalousie entre frères mais pas de cadeau"
Pour faciliter les déplacements et ne pas devoir courir à gauche et à droite, la famille Hazard a déplacé les trois frères en même temps à Tubize. Thorgan Hazard a donc débuté son parcours dans le Brabant wallon dès les U7 ...
"Il possédait déjà un gros bagage technique" , se remémore Fathi Ennabli. " Mais le plus marquant chez lui, c’était son physique. Il possédait un gros volume de jeu avec de la vitesse et de l’endurance. Sans oublier sa polyvalence. Thorgan pouvait être placé à gauche, à droite, devant, derrière, il donnait toujours satisfaction. Et je n’oublierai jamais sa force de caractère. Il ne lâchait jamais rien que cela soit en match ou en entraînement. Que cela soit un cône, un équipier ou un entraîneur, s’il fallait passer à travers pour récupérer un ballon, il y allait. Et même si c’était son frère en face de lui, il ne prenait pas de gants. Quand on effectuait en interne des oppositions, Thorgan ne se posait aucune question s’il devait un peu secouer Eden. Vu son style, il fallait parfois un peu piquer Eden pour qu’il donne le meilleur de lui, avec Thorgan je n’aurais pas osé, par peur de sa réaction. Fougueux comme il était, il m’aurait retourné un adversaire. Mais je n’ai jamais décelé de la jalousie entre les frères. Chacun menait sa barque…"
Quatre frères et le grand Mika
Ceux qui connaissent Thierry Hazard ont déjà entendu le papa d’Eden, Thorgan, Kylian et Ethan dire : "J’ai quatre enfants... et le grand Mika" . Mais qui est donc ce "grand Mika" ? Il s’agit de Michaël Marcou (35 ans), un ami proche de la famille Hazard depuis presque 20 ans.
"Quand j’avais 16 ans, j’entraînais au Stade Brainois" , relate le Brabançon. " Je connaissais Thierry qui était prof de gym. C’est lui qui m’a guidé lors de mes débuts comme formateur. J’habitais à 500 mètres de la maison des Hazard et comme je ne possédais pas encore mon permis, c’est Thierry qui me ramenait. Mes parents étaient divorcés et je n’ai pas eu de contact avec mon père génétique. Lors de mon adolescence, c’est Thierry qui a pris ce rôle et qui m’a servi de guide. Je le considère comme un papa. Je suis devenu le baby-sitter des enfants, Thierry et Carine me laissaient les clés de leur maison et nous sommes toujours restés très proches."
En plus de ce lien affectif, Michaël sera aussi le premier entraîneur de Thorgan Hazard au Stade Brainois : "Petit, Thorgan était fort hargneux, il voulait toujours tout gagner. Il a travaillé comme un malade pour arriver où il se trouve. Parfois j’ai l’impression qu’il possède trois poumons tellement il peut courir sur un terrain. Il mérite vraiment ce qui lui arrive. Eden a connu plus de facilité pour percer vu ses qualités naturelles mais il a aussi dû travailler."
Proche du clan Hazard, l’ancien éducateur de l’AFC Tubize connaît très bien le caractère des trois frères : "Comme disait Philippe Saint-Jean : ‘Eden, il pue le foot’. Enfant, il ne pensait qu’à cela. Je me souviens lors des baby-sittings qu’on pouvait détourner Thorgan du football avec des jeux de société. Eden, c‘était quasiment impossible. Kylian, c’est le foufou de la bande. Sans dénigrer son club actuel, il possède le potentiel pour jouer dans un championnat plus excitant que celui de Hongrie. Petit, c’était une boule de nerfs, un aventurier qui ne se montrait pas toujours attentif aux consignes de ses coaches. Il était difficile à cadrer. J’espère vraiment que sa carrière va décoller car ses qualités sont énormes."
Même s’il avoue ne pas être un témoin 100 % impartial quand on parle des Hazard, Michaël Marcou trouve que le succès d’Eden et Thorgan n’a pas fait changer la manière d’être de la tribu Hazard.
"La famille est toujours restée les pieds sur terre, personne ne s’est jamais emballé. Thierry et Carine habitent toujours la même maison à Braine-le-Comte, vont toujours dans le même camping en France pendant les vacances. Vous ne les verrez jamais faire les malins sur le toit d’une tour à Dubaï. Trois fois par semaine Thierry enfile ses bottes pour s’occuper du terrain de Braine-le-Comte. Eden et Thorgan ne se prennent pas la tête. Ils sont tranquilles. Je trouve parfois qu’Eden a moins bonne pub que Thorgan en Belgique. Certains le trouvent hautain ou inaccessible. C’est peut-être parce qu’il n’a jamais joué en Pro League . Pourtant, je ne l’ai jamais vu refuser une photo. Par contre si 1.000 personnes arrivent en même temps, il préfère dire non à tous pour une photo ou une dédicace que d’en décevoir une partie et pas une autre. Thorgan n’est pas la personne la plus expressive sur terre ou le joueur le plus demandeur d’interviews. Mais s’il s’engage à faire quelque chose, il s’y tient."
Et quand toute la famille parvient à se retrouver, le football revient naturellement sur la table au moment des discussions.
"Les trois frères se racontent les anecdotes de leurs clubs. Comme Eden a trois enfants et Thorgan deux, les sujets de discussion peuvent maintenant s’éloigner du foot. Thierry, qui est un véritable papy gâteau, tente parfois d’éviter les sujets qui évoquent le football. Mais c’est impossible avec Carine. Si Eden pue le foot, Carine schlingue le foot. Quand tu rentres dans la maison des parents, à la télévision il y a soit un match de foot en direct, soit le résumé d’une rencontre, soit une partie en différé ou encore une émission qui analyse les matches et les prestations des joueurs."
Chez les Hazard, la famille et le foot, c’est sacré…
Hazard tournament
Michaël Marcou organise, notamment, le tournoi qui porte le nom de la famille. Responsable de l’ASBL Footballissimo , qui met sur pied des stages sportifs pour enfants, des Mérites sportifs et des team-buildings pour les sociétés, Michaël Marcou est aussi l’organisateur de plusieurs grands tournois de football pour jeunes en Belgique. Au fil des années, le proche des Hazard s’est fait un nom dans l’organisation de telles compétitions où de grands clubs belges et européens envoient régulièrement leurs meilleures équipes…
"Cette année il y aura le Hazard Tournament à Braine-le-Comte les 25, 27 et 28 mai, l’ Axel Witsel Challenge à l’Académie Louis-Dreyfus du Standard les 10 et 11 juin et le Brussels Soccer Trophy au stade Roi Baudouin les 3-4 et 5 juin. En ce qui concerne le tournoi au nom des Hazard, je ne peux jamais garantir la présence de l’un des frères. S’ils viennent, c’est toujours en dernière minute selon leur agenda. Et je vous avoue que ce n’est pas toujours facile à gérer quand c’est le cas car les gens deviennent un peu fous et ingérables…"
Chapitre 3 - Lille & Lens
Deux destins en Nord
EDEN > La météorite
Ses dribbles le rendaient déjà insaisissables. Et son talent a vite franchi les limites du stade Leburton de Tubize. Depuis sa plus tendre enfance, Eden rime avec phénomène. Que les recruteurs des plus grands clubs ont très vite décelé. Observé. Contacté. Lille l’a repéré dès 2002 alors qu’il n’avait que 11 ans.
"Mais pour nous, il n’était pas question de le lancer dans cette aventure avant 14 ans" , nous a précisé le papa Thierry.
En septembre 2005, le Brainois quitte le domicile familial pour la France. Pas pour le centre de formation, mais pour celui de préformation. À l’époque, le Losc est loin de bénéficier des outils actuels. Le jeune Eden poursuit sa scolarité au Collège Lavoisier de Lambersart, en métropole lilloise, tout en séjournant à l’Internat du lycée Jean-Perrin tout proche. Déjà précoce, il est à l’époque le seul joueur interne de son équipe et ne retrouve sa famille que les week-ends.
"Mais je n’ai jamais connu le moindre souci, jamais éprouvé une pointe de regrets, jamais eu le blues" , a-t-il expliqué.
Un an plus tard, en 2006, Eden intègre le centre de formation basé au CREPS de Wattignies avant de devenir l’un des premiers pensionnaires de Luchin en 2007. Son talent est déjà hors-norme.
"À 14 ans, on savait qu’on tenait un futur professionnel" , rappelle Jean-Michel Vandamme à l’époque à la tête du centre de formation. "Deux ans plus tard, on était convaincu qu’Eden deviendrait une vraie star. Lui-même connaissait déjà le chemin qu’il allait emprunter. À 15 ans, lors de sa première évaluation, il m’a décrit exactement tout ce qui allait lui arriver. Il m’a dit : ‘Je vais gagner un titre avec le Losc et je veux donner du plaisir aux supporters. Après cela, je partirai dans un grand club à l’étranger. "
Le scénario s’est vérifié à l’extrême au sein d’un club qui, durant 7 ans, a constitué sa deuxième famille. Avec qui il n’a jamais coupé le fil. Au moment d’évoquer le joueur qui l’avait le plus marqué durant sa présidence, Michel Seydoux, qui vient de revendre le club, a spontanément évoqué un nom. Ou plutôt un prénom : Eden.
THORGAN > Génération dorée
Marc Westerloppe a l’œil acéré. Avant d’être recruteur au Paris SG, cet ancien milieu a longtemps sillonné les terrains pour le Racing Club de Lens. Quand il assiste en 2007 à un match entre Tubize et le Brussels, il flashe sur un jeune milieu offensif : Thorgan Hazard. Mais la primeur de la découverte du joueur revient au rival lillois. "En fait, le Losc s’est manifesté plus tôt et Thorgan y a passé des tests. Puis nous n’avons plus eu trop de nouvelles et Lens nous a contactés" , nous a expliqué Thierry Hazard. "Le fait qu’Eden soit déjà au Losc a joué un rôle. Ni nous, ni Lille ne voulait que l’on puisse établir un parallèle avec deux Hazard en même temps. C’est mieux ainsi. Chacun a ainsi pu tracer son propre chemin."
Et celui de Thorgan a épousé les contours d’une génération dorée. À l’époque, Lens a un temps d’avance sur son voisin lillois sur le terrain de la formation. Là où Eden est considéré comme la fine fleur de sa génération, son frère navigue un peu plus dans l’ombre au sein d’un millésime 92/93 extraordinaire. Raphael Varane, Serge Aurier ou encore Goeffrey Kondogbia sont ses copains de chambrées au centre de formation où il est interne de 2008 à 2011, avant de prendre son indépendance, une fois majeur, dans un appartement à Arras. Et la notoriété de son aîné, déjà très importante, ne génère aucune jalousie.
"Il n’y en a jamais eu" , confirme Olivier Bijotat qui fut son éducateur durant ses années lensoises. "Il a beaucoup d’humour et de légèreté, et il a réussi à se faire apprécier, quel que soit le vestiaire."
D’abord chez les jeunes puis l’espace d’une saison seulement chez les pros, en 2011/12, où des aller-retour parfois intempestifs avec la sélection des U19 vont rogner avec un temps de jeu qui aurait pu être plus important. Avant de migrer lui aussi à Chelsea, signant son contrat quelques semaines après son frère aîné qu’il avait accompagné…
KYLIAN > Lille sans trésor
Kylian suivit, lui, la trajectoire d’Eden : il quitta Tubize en 2011, à l’aube de ses 16 ans, pour intégrer le centre de formation du Losc. Mais celui qu’Eden présentait quelques années auparavant comme "plus fort que" lui "à son âge" ne souffrit pas de la comparaison avec son aîné qui venait de réussir le doublé avec le club nordiste. En France, Kylian devait comprendre que ce jeu pour lequel il était doué pouvait devenir son métier... s’il adoptait la discipline nécessaire. Ce fut un échec. " Je n’ai pas tout à fait compris le message" , avoue aujourd’hui Kylian (voir ci après).
Deux ans après son arrivée, le frère de quitta Lille, peu avant sa majorité, par la petite porte, pour rejoindre le White Star de John Bico, ancien agent d’Eden, en D2. Le coach était alors une ancienne gloire… lensoise, Jean-Guy Wallemme. Mais le coach français n’était déjà plus là quand le cadet des Hazard effectua ses débuts en pro à… Tubize, le 7 septembre 2013, sans pour autant s’imposer dans l’effectif du RWSB (4 petites entrées en jeu cette saison-là…). Son passage à Zulte Waregem, dans le sillage de Thorgan cette fois, ne fut pas non plus concluant au niveau du temps de jeu. Mais avec Francky Dury, le Brainois comprit que le foot était un jeu qui en valait la chandelle.
Et il enfila enfin son bleu de travail...
De Braine-le-Comte à Budapest, Kylian Hazard jette un regard honnête sur son parcours. Même s’il n’a que 21 ans, il a déjà connu quelques ports d’attache tout au long de son parcours. Le Brainois ouvre sa boîte aux souvenirs…
Stade Brainois "Je n’ai jamais été affilié à Braine-le-Comte mais j’ai toujours joué là-bas avec mes frères et les copains sur le terrain du Sans Fond . Maintenant on ne pourrait même plus le faire car papa, qui s’occupe de la pelouse, ne veut plus qu’on joue dessus en dehors des matches (rires) . C’est le club auquel je suis le plus attaché. C’est logique, il représente beaucoup aux yeux de papa."
Tubize "J’ai rejoint ce club quand j’avais 5 ou 6 ans. C’était plus facile pour mes parents qui devaient déjà y conduire Eden et Thorgan. Tubize, c’est toute mon enfance, un peu comme une école où je voyais mes copains pour m’amuser. J’ai toujours été le petit clown qui aimait faire rigoler les autres. Parfois j’ai été un peu trop loin… "
Lille "Partir à Lille dans un bon centre de formation représentait un choix réfléchi. Cela devait m’aider à comprendre que le football ne représentait pas qu’un jeu. Que ma passion, je pouvais la transformer en métier. Je n’ai pas tout à fait compris le message (rires). Je ne vais pas dire que cela ressemblait à des vacances mais je manquais de maturité à cette époque. Je savais qu’on ne me ferait pas de cadeau. Tout s’est bien passé lors des deux premières saisons, par après c’est devenu plus compliqué. Cela n’a pas fonctionné comme on l’espérait. J’ai reçu de la liberté pour me gérer mais ce ne fut pas terrible."
White Star "John Bico, l’ancien agent de mon frère, Eden, reprenait le club en D2 et on a pensé que c’était un bon projet pour moi, pour me lancer. Au début, les choses se sont déroulées normalement avec de bonnes prestations à la clé. Mais quand notre famille a mis fin à ses relations avec John Bico, il l’a mal pris et j’ai un peu payé les pots cassés."
Zulte Waregem "Je n’ai pas beaucoup joué mais cela s’est bien passé. Le club connaissait une période mouvementée avec beaucoup de départs. Le contexte n’était pas idéal pour lancer des jeunes, le club a assuré le coup en utilisant des gars plus expérimentés. La deuxième saison on m’a annoncé que mon temps de jeu n’évoluerait pas à la hausse. J’ai donc voulu partir. Est-ce que j’en veux à Francky Dury ? Pas du tout, c’est un bon coach qui parle beaucoup aux jeunes."
Et Kylian d'évoquer sa famille : "Nos liens ne se briseront jamais. Nos sommes souvent en contact et on aimerait tous se voir plus souvent mais ce n’est pas facile avec nos carrières. Mais on ne va pas se plaindre, nous avons beaucoup de chance. Avec deux parents professeurs de sports, on a baigné dans les activités physiques dès le plus jeune âge. On a choisi le foot car c’était le sport qui nous attirait le plus. Moi, j’ai suivi mes deux grands frères. Quand on se voit on essaye parfois de parler d’autre chose que du football mais ce n’est pas possible avec… maman. Elle est 100 % foot. Je n’ai pas l’impression qu’on a changé par rapport à avant. Même si Eden est devenu une personne très sollicitée, c’est resté le même. Ce n’est pas parce qu’on possède le statut de joueur pro qu’on doit changer."
"Ici, je suis Kylian et pas le frère de…"
Chez les Hazard, Kylian (21 ans) a souvent été comparé à ses deux aînés Eden (26 ans) et Thorgan (23 ans). Plus dispersé que ses frères pendant sa formation, le troisième enfant de la fratrie a connu une progression moins rapide que la star de Chelsea et le Soulier d’Or 2013. Mais depuis juillet 2015 et son départ pour la Hongrie au Ùjpest Budapest, Kylian semble bien lancé dans sa carrière, conscient du potentiel qui est le sien et qu’il serait dommage de gâcher. Auteur d’une saison 2015-16 pleine avec 35 matches à son compteur (4 buts et 5 assists), le flanc gauche a connu un coup d’arrêt de plusieurs mois à cause d’une blessure au genou encourue au mois de mai 2016.
"Tout se passe bien pour le moment" , explique le Brainois. "J’ai repris les entraînements depuis deux mois. Lors de la finale de la Coupe de Hongrie face à Ferencvaros en fin de saison dernière, je me suis occasionné une rupture des ligaments croisés. On jouait à peine depuis 10 minutes quand, sur une phase défensive, mon genou a tourné tout seul. Une bête blessure, sans aucun contact. Je me suis fait opérer une semaine plus tard à Barcelone. Ensuite, pendant cinq ou six mois j’ai effectué ma rééducation dans le centre de revalidation de Lieven Maesschalck à Anvers. Pour m’éviter plus de deux heures de déplacement par jour avec l’aller-retour entre Braine-le-Comte et Anvers, j’ai décidé de louer pendant quelques mois un appartement à côté du cabinet. C’était la solution la plus intelligente pour que ma rééducation se passe au mieux et soit optimale. Rester des heures dans la voiture n’était pas une bonne idée. Mon appart se situait à une minute à pied du cabinet. Finalement cela m’a aussi permis de découvrir une ville que je ne connaissais pas. Malgré cette grave blessure, je suis resté serein. Ce sont les risques du métier. Je ne suis pas le premier joueur à qui cela arrive. Et puis j’ai pu compter sur le soutien de ma famille et de ma copine, Fiona, qui me suit dans toutes mes aventures. Maintenant, je me sens bien et j’espère pouvoir donner toutes la plénitude de mes moyens lors de la reprise des hostilités le 18 février… en Coupe de Hongrie. D’ici-là nous partirons pendant deux semaines en stage à Chypre."
Malgré la blessure du Hennuyer, le club magyar a montré toute la confiance qu’il avait en son joueur en prolongeant son contrat jusqu’en 2020. De quoi booster le moral de Kylian…
"Actuellement, nous occupons la sixième place du classement et nous sommes qualifiés pour les huitièmes de finale de la Coupe. Tout reste encore possible pour décrocher un ticket européen en fin de saison. En ce qui concerne le niveau de la compétition, je dirais que les quatre meilleures équipes auraient leur place en D1 belge. Pour le reste, c’est plus faible qu’en Belgique. Avec Ùjpest nous évoluons dans un beau petit stade de 13.500 places qui a été rénové il y a quelques années. C’est lors du derby contre Ferencvaros que l’ambiance est la plus chaude…"
En s’éloignant de la Belgique, Kylian a reçu l’occasion de s’épanouir sans être comparé chaque semaine à ses deux grands frères…
"Ici personne ne me connaissait et je fais ce que je veux en tant que Kylian. Et pas comme le frère de… J’ai toujours vu le football comme un amusement et je jouais parfois quand j’en ressentais l’envie. Avec l’âge, j’ai acquis plus de maturité et maintenant j’ai compris que si je veux faire une carrière de footballeur pro, je dois aussi fournir des efforts quand je n’ai pas envie. Je n’ai pas le choix, c’est comme cela. C’est vrai que j’ai peut-être un peu perdu du temps à cause de mon comportement et cet éternel désir de prendre du plaisir, de jouer pour le jeu. Mais je suis quand même fier de mon parcours. Je pense que dans ma tête le déclic s’est produit quand j’évoluais à Zulte Waregem. J’ai découvert la vraie vie de professionnel."
Avec ses obligations mais surtout ses nombreux avantages…