Construit dans la difficulté
- Publié le 16-07-2018 à 21h50
Critiqué avant le tournoi, Didier Deschamps a malgré tout avancé, guidé par cette deuxième étoile Lui-même s’en amusait. "Je rejoins Zagallo et Beckenbauer ? Eux sont de meilleurs techniciens." Didier Deschamps a peut-être moins de talent intrinsèque que le Brésilien et l’Allemand qu’il juge "plus beaux à voir jouer" , mais il a remporté comme eux la Coupe du Monde en tant que joueur et sélectionneur. Comme il a également sans doute moins de prédispositions que Michel Platini et Zinédine Zidane.
Mais en attendant, il a fait mieux que le premier alors que le second semble destiné à reprendre un jour le flambeau avec une mission qui sera dantesque.
Le sélectionneur actuel a dû composer avec l’ombre imposante de son ancien partenaire qui, en annonçant son départ du Real Madrid le 31 mai dernier, a mis le football espagnol sens dessus dessous, tout en plaçant DD sous une pression intense.
Jamais, depuis ses premiers pas en bleu après l’Euro 2012, le technicien ne s’était retrouvé dans une telle situation. La préparation avait vu affleurer les premiers doutes. Les critiques étaient devenues plus acerbes sur son projet de jeu, notamment de la part de Christophe Dugarry dont l’émission sur RMC est la plus écoutée de France. La diffusion d’un portrait jugé à charge par son entourage dans Complément d’enquête sur France 2 a ébranlé ses proches. Mais pas le Basque.
"C’est dans la difficulté qu’il a trouvé la bonne formule qui a permis à cette équipe de devenir championne du monde", a salué sur Europe 1 Raymond Domenech. Dans sa manière de communiquer, Deschamps s’est amusé de la pression.
Après la qualification pour les demi-finales, soit l’objectif fixé par la fédération, il a lancé à un journaliste de RTL : "Cette fois, tu ne me poses pas la question de savoir si ma Coupe du Monde est réussie ?" pour le taquiner comme pour marteler son message. Qui a imprégné ses hommes.
"J’avais un groupe jeune mais de qualité. L’état d’esprit des joueurs restera ma plus grande fierté. Je leur ai dit de ne rien lâcher, puis je leur ai redit, puis redit, puis… Je n’ai pas arrêté. Et ils n’ont rien lâché. Jamais. Durant cette Coupe du Monde, on a compris que la maîtrise du jeu ne suffisait pas. Après, est-ce qu’on est un beau champion ? On EST champion", a-t-il rappelé, précisant ensuite : "Entre eux, les joueurs s’appellent les guerriers depuis le début de la compétition." Et ils ont triomphé avec à leur tête l’un de ceux qui maîtrisent le mieux cet art.