Comment Antoine Griezmann est devenu Uruguayen
L’attaquant français cultive un vrai côté sud-américain qui le rapproche de ses adversaires. Éclairage...
- Publié le 05-07-2018 à 10h41
L’attaquant français cultive un vrai côté sud-américain qui le rapproche de ses adversaires. Éclairage... Antoine Griezmann ne dérogera pas à sa routine. Comme il en a pris l’habitude, l’attaquant va arriver ce vendredi à Nijni Novgorod avec son petit thermos de maté sous le bras.
Une fois installé dans le vestiaire, le Français va entrer dans sa bulle en sirotant cette boisson sud-américaine énergisante à base de plante dans un petit cérémonial qui peut paraître anecdotique mais qui résume assez fidèlement le personnage. Parce que si Griezmann défend les couleurs de l’équipe de France, il a grandi en étant biberonné au football espagnol et s’est épanoui à l’uruguayenne.
Ce savant et savoureux mélange a commencé à infuser au moment de ses premiers pas dans le monde professionnel à la Real Sociedad.
En plus de jouer en bleu et blanc comme la Celeste, le club basque est dirigé par un entraîneur uruguayen à l’époque en 2009, Martin Lasarte, qui a vite remarqué les promesses semées par le jeune attaquant en réserve. Et dans le vestiaire, Carlos Bueno, Uruguayen lui aussi, sert de chaperon au petit jeune.
"Il m’a pris sous son aile", a récemment expliqué en conférence de presse Griezmann. Au point de lui servir de guide. Jusqu’à l’influencer. "Il m’a appris à boire le maté et grâce à lui, j’adore Penarol où il a joué. J’ai commencé à voir les matches avec lui et à apprendre les chants de supporters."
Avant que le maître ne finisse par être dépassé par l’élève. "Il savait que j’étais susceptible de lui piquer sa place mais il passait me chercher le matin en voiture et me ramenait ensuite", a encore dévoilé Griezmann dans une interview à GQ en mai dernier. "Il m’a aussi appris à me situer par rapport aux défenseurs sur les ballons aériens ou à orienter mon corps."
Cet altruisme a profondément marqué le Français. "Parce que dans le foot, chacun pense à soi. Les Sud-Américains se comportent différemment. Ils avaient tous 30 ans alors que moi, j’en avais 17. Ils faisaient tout pour que je me sente bien. On est trop négatif en Europe. Eux, ils grandissent dans des maisons en tôles et ils prennent les bonnes choses de la vie, ils ne se plaignent jamais. Leur culture s’est inscrite en moi naturellement."
Elle l’a poussé à prendre contact avec Diego Godin lorsqu’il a fallu se décider ou non à rejoindre l’Atlético Madrid à l’été 2016. Entre le défenseur et l’attaquant, la connexion s’est opérée naturellement. Jusqu’à ce qu’ils deviennent inséparables et que l’Uruguayen accepte de devenir le parrain de Mia, la petite fille du Français.
"La première fois que j’ai signé à l’Atlético, c’est lui que j’ai appelé, il m’a parlé en bien du club et c’est ce qui m’a donné envie de signer là-bas", confirme Griezmann pour qui "Diego est un grand ami, je suis tous les jours avec lui, que ce soit au vestiaire ou en dehors des terrains".
Cette proximité qui s’étend en dehors du terrain au travers des bonnes relations entretenues par les compagnes des deux joueurs (Griezmann sera d’ailleurs l’un des invités d’honneur du mariage de Godin en décembre prochain) se nourrit d’une estime réciproque.
Quand l’attaquant considère le défenseur "comme un mur" et le voit comme le joueur qui l’impressionne le plus parce que "c’est un leader de vestiaire qui a cette faculté à parler à l’équipe. Moi, j’aimerais le faire mais j’en suis incapable", Godin voue lui aussi une forme d’admiration à son partenaire qu’il considère "aussi fort que Neymar, Ronaldo ou Messi" et qu’il protège volontiers.
Quand le Wanda Metropolitano a commencé à siffler Griezmann lors du dernier match de Liga cette saison, l’Uruguayen s’est empressé d’aller voir le capo des ultras madrilènes. Qui se sont mis ensuite à entonner des chants à la gloire de Griezmann.
Mais une telle complicité entre des joueurs qui se connaissent par cœur n’entraînera pas de traitement de faveur.
L’attaquant l’a rappelé : "Godin ne sera pas moins dur avec moi."
Parce qu’un Uruguayen ne lâche jamais rien. Griezmann est bien placé pour le savoir. Et il en fera de même.
Suarez : "Antoine ne sait pas ce qu’est le sentiment d’être uruguayen"
Si la fibre uruguayenne d’Antoine Griezmann a été au cœur des sorties médiatiques des joueurs de la Celeste qui ont tous apprécié cette forme d’hommage à leur culture, Luis Suarez a, lui, montré les dents. Après avoir convenu du grand talent du Français, le Barcelonais a retrouvé son mordant. "En réalité, comme il est Français, Antoine ne sait pas ce qu’est le sentiment d’être uruguayen. Il ne sait pas l’effort qu’il faut faire, enfant, pour pouvoir réussir dans le football avec une population aussi faible. Nous, on le ressent cela, a-t-il lancé. Il peut prendre les habitudes des Uruguayens, la façon de parler des Uruguayens mais le sentiment, non."