Charleroi n’est pas prophète en son Pays Noir
- Publié le 11-05-2018 à 22h56
Les relations entre le club et les supporters carolos n’ont jamais été aussi tendues depuis la reprise du club en 2012 Ce dimanche, Charleroi se déplace à Genk pour un match capital dans l’optique d’une qualification européenne. On peut presque parler du match le plus important de la saison pour le Sporting. Celui où les Zèbres devront se transcender et donner leur vie sur la pelouse.
Dans ce contexte, on se dit qu’il serait logique que le bloc carolo soit plein à craquer pour encourager ses couleurs. Il n’en sera pourtant rien. Seuls 150 fans zébrés feront le déplacement à la Luminus Arena. Un chiffre qui traduit une réalité qui dure depuis plusieurs mois maintenant : les relations entre les supporters carolos et le club sont de plus en plus tendues, comme en témoignent les réactions au dernier incident en date (la présence de supporters brugeois en tribune carolo, jeudi soir - voir ci-après).
Mais comment en est-on arrivé là, alors qu’on se souvient qu’en août dernier, lors de la victoire des Carolos à Genk, ils étaient 400 à avoir fait le voyage (et la fête) dans le Limbourg ? La réponse est multiple. Car les reproches que les supporters adressent à leur direction sont nombreux.
Ils sont sportifs, d’une part. Échauffés par un début de saison extraordinaire (15 sur 15) puis une phase classique exceptionnelle, certains supporters se sont mis à rêver grand, très grand (trop grand ?) en s’appuyant fièrement sur les propos de Mehdi Bayat ("Charleroi est le premier club wallon"). Mais au fil des mois, des résultats décevants (trois mois très compliqués), un mercato hivernal raté (Lukebakio et Tainmont étaient des joueurs appréciés par le public, Grange et Semedo n’ont pas encore convaincu), un jeu trop peu spectaculaire et le retour au premier plan du Standard, l’ennemi héréditaire, ont eu raison des rêves des supporters, chez qui la déception s’est accumulée.
D’autres reproches sont plus structurels. Les fans zébrés sont lassés par les prix adoptés par le Sporting (un exemple : 25 € la place en T3 en PO1), par le manque d’action pour fidéliser les fans (femmes et enfants gratuits, prix réduits pour les abonnés…), par le peu de confort en tribune populaire (la T4 reste très basique), par une billetterie parfois dépassée, par un projet de scission de la T2 avorté (il n’y aura pas de deuxième kop carolo derrière le but), par un prix de boisson jugé trop cher (la bière coûte 2,5 €), par l’obligation du combi-car en déplacement (ce qui oblige chaque fois le supporter à payer le car en plus de son ticket), par les mesures drastiques de sécurité, par le manque de Carolos dans l’équipe…
Bref, les griefs sont nombreux et identifiables. Et donc connus par une direction qui ne cesse pourtant de se dévouer corps et âme pour le club, Mehdi Bayat (administrateur-délégué) et Pierre-Yves Hendrickx (directeur administratif) en tête. Une direction qui ne cesse de rappeler, à raison, qu’il y a cinq ans, le club n’était nulle part, que les progrès réalisés depuis la reprise par le duo Bayat-Debecq sont énormes, que voir Charleroi jouer le haut de tableau avec des moyens limités reste un miracle permanent, que le travail au quotidien est réalisé "à la carolo", sans paillettes, avec un esprit de famille et sans démesure. Intérieurement, dans les hautes sphères zébrées, on rêve de voir un stade plein à tous les matches (comme celui de Malines a pu l’être… pour une descente en D2). Il s’agirait du dernier maillon de la chaîne d’un plan 3-6-9 qui a (presque) fait ses preuves à tous les niveaux et qui est pris en modèle par de nombreuses autres équipes.
Dans ce contexte, comment faire pour permettre aux deux parties (supporters et club) de retrouver une véritable harmonie ? En se qualifiant pour l’Europe, tout simplement. Car cela permettrait à chacun de retenir le positif de cette saison 2017-18 et de mettre de l’eau dans son vin, sa bière ou sa coupe de champagne en vue de la prochaine…
Maxime Jacques