Carcela après l'élimination du Maroc: "Je suis dégoûté et j'ai hâte de retrouver Preud’homme"
Mehdi Carcela a fait ses grands débuts en Coupe du Monde. En exclusivité pour La DH, il confie sa frustration et ses ambitions pour la suite.
- Publié le 21-06-2018 à 07h16
- Mis à jour le 21-06-2018 à 09h58
Mehdi Carcela a fait ses grands débuts en Coupe du Monde. En exclusivité pour La DH, il confie sa frustration et ses ambitions pour la suite. Il s’est échauffé, trépignant d’impatience. Puis à la 75e minute, son tour est enfin arrivé. Le panneau a affiché le numéro 23. Mehdi Carcela allait monter au jeu et signer ses grands débuts en Coupe du Monde.
Un rêve, pour un joueur qui a longtemps été très incertain de figurer dans les 23. Hélas, une vingtaine de minutes plus tard, le Standardman a été ramené à la dure réalité. Malgré ses efforts, malgré les multiples occasions, le Maroc s’est incliné 1-0, devenant la première nation éliminée de cette Coupe du Monde. Sortant du vestiaire un peu abattu, le casque sur les oreilles, il s’est tout de même arrêté en zone mixte pour raconter cette expérience particulière.
Mehdi, quel sentiment gardez-vous de cette première en Coupe du Monde ?
"Je suis avant tout dégoûté. Sur base de ce qu’on a montré, c’est clair qu’on méritait beaucoup plus. On était meilleurs que le Portugal. On a développé un bien meilleur football que cette équipe championne d’Europe. On s’est fait plaisir dans notre façon de jouer et je pense qu’on a offert du plaisir aux spectateurs. Mais dans des compétitions comme la Ligue des Champions ou la Coupe du Monde, tout se joue sur des petits détails… Et sur l’efficacité devant le but. Les Portugais ont eu deux occasions et ils en ont planté une… C’est le talent des grands joueurs comme Ronaldo, qui font basculer un match sur une petite action. Leur efficacité vous tue. On gardera énormément de regrets."
Tous les Marocains ont contesté la validité du but portugais…
"On ressent un grand sentiment d’injustice. Mais pas seulement sur cette phase. On aurait aussi dû recevoir un penalty pour une faute sur Boutaïb. C’est vraiment triste. On peut dire que l’arbitre n’était pas avec nous. D’ailleurs, mon équipier Nordin Amrabat m’a même dit que l’arbitre voulait repartir avec le maillot de Pepe…"
Comment avez-vous vécu votre montée au jeu ?
"Tout était réuni pour que je vive un grand jour. Pour que tout le Maroc vive un grand jour. En entrant sur le terrain, je me disais qu’il fallait que je marque ou que je donne un assist. Il fallait qu’on revienne, ce n’était pas possible autrement ! J’ai tenté ce que j’ai pu et les occasions, on les a eues… Malheureusement, aucune n’a fini au fond. C’est dur."
Avez-vous des chances de débuter le match contre l’Espagne ?
"Je l’espère. J’ai prouvé ce que je valais, j’ai reçu une chance et maintenant je dois continuer sur ma lancée. Collectivement, notre objectif sera surtout de sortir du tournoi la tête haute."
"J’ai hâte de retrouver Preud’homme"
Mehdi Carcela est heureux de bosser avec MPh mais rend aussi hommage à Sa Pinto : "Il était un père pour moi"
Mehdi Carcela ne s’était pas encore exprimé sur le Standard depuis que le club avait levé son option. Il fait le point sur ce choix de carrière important.
"C’était dans l’ordre des choses. La balle était dans le camp des dirigeants du Standard et ils ont réussi à me faire rester, comme prévu. J’aurai vécu de belles choses à l’étranger. Je n’ai pas de regrets. J’ai aimé mon passage à Benfica. À l’Olympiakos, ils ont trop vite viré Besnik Hasi, le coach qui m’avait fait venir et son remplaçant ne me parlait pas. Heureusement, j’ai pu rebondir au Standard et je suis très heureux d’y rester."
Qu’attendez-vous de Michel Preud’homme ?
"Il a été mon premier entraîneur en A. Il ne m’avait pas fait monter au jeu mais il me prenait régulièrement dans l’équipe pour les entraînements. Lors de la saison du titre en 2008, j’ai découvert avec lui l’ambiance d’une équipe première et d’un titre de champion. Preud’homme est un coach que j’apprécie et que je respecte beaucoup. J’ai hâte de travailler avec lui ! Comme moi, il connaît la maison et il va y faire du bon travail. J’avais déjà eu des contacts avec Preud’homme quand il était à Bruges et on avait déjà failli se retrouver là-bas. C’est le coach avec lequel j’avais le plus envie de travailler."
Allez-vous tout de même regrettter Sa Pinto ?
"Il faut aller de l’avant et se concentrer sur la suite. Mais ne me comprenez pas mal : j’ai adoré la période que j’ai vécue avec Ricardo Sa Pinto. C’est un bon coach et une bonne personne. Il est aussi fou que moi donc on s’est bien entendu. Il a même été un père pour moi. Tous les jours, nous discutions ensemble. Il aime le football, il donne sa vie pour ça. Il aurait mérité de repartir avec un titre de champion, mais il a déjà fait un boulot énorme avec nous. Je ne doute pas qu’il rebondira et il a les capacités pour entraîner un grand club un jour, pourquoi pas au Portugal..."
"Mehdi s’est bien débrouillé"
Mbark Boussoufa a salué l’entrée de Carcela mais était dépité par l’élimination.
Le Portugal a appliqué sa recette habituelle. Il s’est contenté de défendre et Ronaldo a fait le reste, inscrivant le seul but du match. Le Maroc a pourtant crânement joué sa chance et il aurait dû mettre au fond l’une de ses nombreuses occasions.
À la sortie des vestiaires, les mines étaient bien basses. Comme celle de l’ancien Anderlechtois Mbark Boussoufa, qui a accepté de débriefer ce douloureux match avec nous.
"C’était frustrant contre l’Iran, ça l’est encore plus ici. Tout a été positif dans notre prestation… sauf le résultat. Malheureusement, c’est le football : voilà ce qui arrive quand tu ne marques pas… J’ai été bon ? Oui mais peu importe : cela ne nous évite pas l’élimination. C’est douloureux parce qu’on sait toute l’importance qu’avait ce match pour le peuple marocain. On voulait juste le rendre heureux. Les supporters qui le représentaient ici dans le stade ont été fantastiques. On les a entendus tout le match. C’est dommage de ne pas avoir pu leur rendre quelque chose. Avec un peu de chance, on aurait signé 6 sur 6…"
Comme tous ses équipiers, Bouss estimait avoir été lésé par l’arbitrage. "Le premier but est contestable : il y avait faute sur notre joueur en première zone. Pourquoi l’arbitrage vidéo n’est-il pas intervenu ? Je ne comprends pas !"
Mais pour le Maroc, tout n’est pas à jeter dans ce match. Si Mehdi Carcela a pu mesurer la différence entre la Pro League et le plus haut niveau, il a pu recevoir les encouragements de Boussoufa. "Ce n’était pas facile de rentrer dans un match comme celui-là et Mehdi s’est bien débrouillé. Je suis content qu’il ait reçu sa chance. Comme chacun de nous, il a fait le match qu’il fallait. Mais je l’ai bien vu après le match : il était aussi très déçu. Cela lui servira d’expérience. Mehdi a énormément de qualités, comme il l’a montré ces six derniers mois au Standard. Je ne le souhaite que du positif pour la suite."