Alexander Scholz est notre invité du samedi: "Il se passe toujours quelque chose au Standard"
Alexander Scholz revient sur son départ du championnat belge, où il a passé un peu plus de trois ans, et son retour en forme à Midtjylland, au Danemark, où il est considéré comme l’un des meilleurs défenseurs de la compétition.
- Publié le 22-12-2018 à 07h52
- Mis à jour le 22-12-2018 à 09h14
Alexander Scholz revient sur son départ du championnat belge, où il a passé un peu plus de trois ans, et son retour en forme à Midtjylland, au Danemark, où il est considéré comme l’un des meilleurs défenseurs de la compétition. Parfois, tout peut aller très vite en football. Il y a trois ans, le Standard et Anderlecht se battaient pour décrocher la signature d’Alexander Scholz. Le défenseur privilégiait la piste liégeoise et attirait assez rapidement l’attention d’Everton. Aujourd’hui, il a quitté le championnat par la petite porte, après avoir perdu sa place en bord de Meuse et sans jamais avoir percé à Bruges. Il a donc décidé de rentrer au Danemark, à Midtjylland, où il a retrouvé son niveau et est considéré comme l’un des meilleurs défenseurs du pays.
Le Danois a quand même marqué la Belgique par la qualité de son jeu, mais aussi par son style, atypique. "J’ai trouvé chouette de parler une ou deux fois de ma vie mais, maintenant, cela commence un petit peu à me déranger" , dit-il depuis ses vacances à Medellin. "C’est la première interview que je donne depuis mon départ et ce sera également l’une des seules."
Comment pourriez-vous décrire votre période en Belgique ?
"J’y ai pratiquement passé six années et ce n’est pas évident de les résumer. Je suis arrivé comme un inconnu, sans pression, et j’ai disputé de bons matchs, ce qui m’a permis de décrocher un transfert dans un club du top, dans lequel j’ai été titulaire pendant deux ans et demi et j’ai passé six mois sur le banc. Mon passage à Bruges, je devrais le laisser entre parenthèses car je ne suis pas parvenu à m’y faire une place (sourire) . J’ai donc connu un petit peu de tout en Belgique. Cela me fait quand même sourire de voir que j’ai connu autant de bonnes périodes que de mauvaises."
Mais vous avez tout de même remporté des trophées chez nous.
"Oui, deux Coupes de Belgique et j’en garde un grand sentiment de fierté. La première parce que j’évoluais dans un petit club (Lokeren) , j’ai marqué en finale et nous avons atteint la Coupe d’Europe. Et la seconde, avec le Standard, était également énorme. Nous venions de rater la qualification pour les playoffs 1 et la pression sur nos épaules était immense. C’est dans ce genre de période que tu apprends le plus sur toi-même, quel que soit le résultat du match. Je me souviens que cette saison-là, j’avais été gêné par une blessure au pied mais j’avais quand même réussi à jouer. Je n’aurais pas voulu rater cette finale."
Êtes-vous encore un Rouche au fond de vous-même ?
"Liège a eu un plus gros impact sur moi que je l’aurais imaginé au début. C’est un endroit spécial, avec une mentalité que j’apprécie : une grande ouverture d’esprit et une combinaison entre beauté et laideur. Je continuerai à visiter cette ville après ma carrière, c’est une certitude."
Le Standard reste un club particulier. L’avez-vous ressenti ?
"J’ai aimé les émotions vécues durant mon passage à Sclessin, j’y ai donné tout ce que j’avais dans le ventre. C’était également très compliqué car il se passait toujours quelque chose dans ce club. J’y ai connu sept entraîneurs, deux présidents et je ne saurais même pas vous dire combien de nouveaux joueurs. Le tout en seulement… trois ans ! Finalement, c’est à cause d’un entraîneur (NdlR : Ricardo Sa Pinto) que j’ai perdu ma place, au cours d’une période où je n’étais plus aussi performant qu’auparavant. Ce fut pour moi une période mouvementée mais je ne me suis jamais plaint dans la presse et je n’ai rien fait qui aurait pu porter préjudice au club."
En voulez-vous à quelqu’un particulièrement ?
"Je l’avais senti venir durant l’été, bien avant que je ne perde ma place dans l’équipe. Mais penser à ce qui aurait pu arriver si j’avais fait ceci ou cela, ce n’est pas dans mon tempérament. Cela appartient désormais au passé. J’ai toujours eu une bonne relation avec le président, les gens qui travaillent pour le Standard et mes équipiers mais, à partir du moment où je ne recevais plus ma chance - je n’ai pas reçu une chance en Coupe de Belgique -, je devais prendre une décision. Je devais partir."
Signer à Bruges était une erreur, finalement ?
"J’avais toutes les raisons de penser que cela allait être une réussite et il m’est même difficile d’expliquer, aujourd’hui, pourquoi cela n’a pas fonctionné. L’entraîneur me voulait, son assistance me connaissait et le style de jeu me correspondait. Je manquais de rythme et je suis arrivé dans une équipe qui tournait et a décroché le titre. J’étais arrivé par une petite porte et c’est également pour cela que mon départ n’a pas été trop difficile."
Pourtant, le staff semblait encore compter sur vous cette saison…
"J’étais en pleine forme lorsque je suis revenu de notre trêve estivale. J’avais confiance en moi et j’étais assez optimiste. Je recevais aussi de bons retours de la part du staff technique mais, au début du mois de juillet, j’ai senti que le vent commençait à tourner. Il s’est passé des choses bizarres et les nuages ont commencé à s’assombrir au-dessus de moi. Mais je n’en connais toujours pas la raison. Même lorsqu’une situation ne m’est pas favorable, j’essaye d’en tirer des leçons. Par exemple, j’ai marqué contre Horsens la semaine dernière (NdlR : une frappe des 25 mètres) et je n’y serais jamais arrivé si je n’avais pas appris à jouer plus haut comme au Club Bruges."
Vous avez bien rebondi depuis votre départ en étant un titulaire indiscutable à Midtjylland.
"En effet, je joue tous les matchs et j’ai retrouvé mon rythme. L’équipe tourne bien et nous nous disputons la première place avec Copenhague (NdlR : il accuse trois points de retard sur le leader) . Il y a également des playoffs dans le championnat danois pour les six premiers classés mais, ici, les points ne sont pas divisés par deux au terme de la phase classique."
Votre prédécesseur à Midtjylland, Sanneh, connaît quelques difficultés à Anderlecht. Pouvez-vous comparer les deux compétitions ?
"Je dois bien dire que le niveau est plus élevé en Belgique. Chez vous, il y a plus de supporters, d’équipes en Coupe d’Europe et plus de pression sur les joueurs. Ici, j’ai le sentiment que le club me laisse être qui je suis et cela explique également pourquoi mes prestations sont bien meilleures. Il y avait de l’intérêt pour moi (NdlR : en D2 allemande et italienne) mais ce n’était pas évident d’y donner une suite favorable car je n’avais plus joué depuis un petit temps. Je suis content avec mon choix."
Vous êtes rentré dans votre pays mais, finalement, les supporters ne vous connaissaient pas si bien que cela.
"C’est quand même drôle de se dire qu’un joueur danois est davantage connu en Islande et en Belgique que chez lui (sourire) . C’est logique car je n’ai joué que 17 matchs avec Velje, un plus petit club, alors que je n’avais que 18 ans. Depuis, les Danois ont quand même appris à découvrir mon style de jeu et, comme en Belgique, ils accordent beaucoup d’attention à mes chaussures de foot, des World Cup (rires) ."
Avez-vous suivi le scandale qui a touché notre football ?
"Avec mon expérience, je peux dire que j’ai été surpris… et pas surpris. Dans le football, on voit beaucoup de choses. Cela reste un business très spécial…"
"Je ne pouvais pas refuser le brassard"
C’est lorsqu’il est devenu le capitaine du Standard que son niveau a baissé.
C’était en décembre 2016. Adrien Trebel était plus que jamais sur le départ et Aleksandar Jankovic avait posé un geste fort en donnant le brassard de capitaine à Alexander Scholz. À cette époque, le défenseur danois est l’une des grandes satisfactions liégeoises sur la pelouse mais son caractère ne semblait pas vraiment correspondre à celui d’un leader.
Quelques jours plus tard, Adrien Trebel signait à Anderlecht et Scholz était, pour de bon, le nouveau capitaine du Standard. "Le club n’était pas au mieux et les circonstances n’étaient peut-être pas les meilleures. Mais j’ai toujours aimé les défis et l’honneur était trop grand pour le refuser. D’ailleurs, je ferais encore la même chose aujourd’hui", explique-t-il.
Coïncidence (ou pas), c’est à partir de ce moment bien précis que le niveau de ses performances a commencé à diminuer. Il n’était plus aussi intransigeant et perdait quelques duels décisifs face aux attaquants adverses. Comme si le poids du brassard était trop lourd pour lui. "Ce n’est pas un rôle qui te permet de te protéger et les critiques sont parfois deux fois plus fortes qu’auparavant. Je devais faire plus de choses à l’extérieur et cela ne collait peut-être pas à ma personnalité. Par exemple, je préfère ne pas trop parler aux journalistes, dit-il. Mais quoi qu’il arrive, je serai toujours fier d’avoir été un joueur danois de 24 ans qui portait le brassard de capitaine d’un club comme le Standard."