8 février 1989 : Malines s'offre la Supercoupe, dernier trophée européen d'un club belge
Il y a 30 ans, le 8 février 1989, le PSV d'Eric Gerets, champion d'Europe en titre, laissait au FC Malines le statut de meilleure équipe de la saison. Cette Supercoupe 1988 reste le dernier trophée européen remporté par un club belge...
- Publié le 08-02-2019 à 17h03
- Mis à jour le 08-02-2019 à 17h04
Il y a 30 ans, le 8 février 1989, le PSV d'Eric Gerets, champion d'Europe en titre, laissait au FC Malines le statut de meilleure équipe de la saison. Cette Supercoupe 1988 reste le dernier trophée européen remporté par un club belge...
Le KaVe avait déjà créé la surprise, le 11 mai 1988, au stade de La Meinau de Strasbourg, en remportant la Coupe d’Europe des Vainqueurs de Coupe aux dépens de l'Ajax, lors de sa première participation à une épreuve continentale (Malines avait gagné la Coupe de Belgique 1987 face au FC Liège). 31 ans plus tard, le but de Piet den Boer raisonne encore aujourd'hui comme le dernier goal qui a permis à un club belge de gagner une Coupe d'Europe.
Vainqueurs de la C2, les hommes d'Aad de Mos avaient donc gagné le droit de défier le tenant de la Coupe des Clubs champions, la Ligue des Champions de l'époque, le PSV d'Eric Gerets. La Supercoupe d'Europe se disputait alors en aller-retour, et en hiver ! Et les valeureux Sang et Or ne partaient une nouvelle fois pas avec les faveurs des pronostics face aux champions néerlandais, emmenés par Ronald Koeman et Romario...
Les Malinois avaient pris option sur cette Supercoupe d'Europe lors du match aller, disputé Derrière les casernes le 1er février. Ils offrirent ce soir-là à leurs supporters un véritable festival, après une prestation frisant la perfection. Les vainqueurs de la Coupe des Coupes s'alignaient pourtant sans trois de leurs meilleurs éléments, en l'occurrence Clijsters, Ohana et Leen, tous blessés. Certes, le PSV était aussi handicapé par les forfaits de Van Breukelen, Kift, Chovanek et Heintjes, mais les champions d'Europe semblaient posséder davantage de réserve. Les Néerlandais furent pourtant asphyxiés par des Malinois en furie. Après 20 minutes, c'était déjà 2-0 pour le KaVe : Bosman, d'un tir croisé, et De Wilde, servi par une talonnade géniale de Emmers, avaient déjà fait trembler les filets de Patrick Lodewijks. Et quand Bosman fit 3-0 à la 50e, on comprit que le PSV de Guus Hiddink ne pourrait rien faire contre ces Malinois-là.
Le 8 février 1989, lors du retour au Philipstadion, les hommes d'Aad de Mos feront le job. Mortifiés par leur déroute malinoise de l'aller et mis en demeure de se racheter devant leur public, Eric Gerets et ses équipiers tentèrent de renverser la vapeur, ce qui s'apparentait à un pari désespéré, mais ils se heurtèrent à une organisation défensive impitoyable, malgré l'absence de Leo Clijsters, doublé au libero par un Erwin Koeman impeccable, et à un Michel Preud'homme infranchissable. Et quand Ronald Koeman envoya le ballon dans les gradins après un penalty généreusement accordé, on se dit que cette Supercoupe ne pouvait pas échapper aux Malinois. Le but de Gillhaus, inscrit dans le dernier quart d'heure, ne provoqua aucune panique dans les rangs malinois. Le KaVe ajoutait déjà un nouveau trophée à son palmarès naissant : l'équipe d'Aad de Mos construite par John Cordier était bien la meilleure équipe du Vieux Continent, la plus complète, la mieux équilibré. N'en déplaise à nos voisins hollandais, qui avaient cru que le PSV pourrait venger l'Ajax…
“Nous composions une équipe de vrais copains, solidaires et altruistes", se souvient Pascal De Wilde. "Aucun de nous ne se prenait pour une vedette. En venant à Malines, la plupart d’entre nous héritaient aussi d’une seconde chance. C’était notamment le cas de Preud’homme, de Rutjes, de Den Boer. Quand je suis arrivé, le club venait juste de remporter la Coupe de Belgique. Le groupe m’a intégré instantanément. Cette mentalité-là fortifiait notre cohésion. Des leaders s’étaient dégagés naturellement: Preud’homme, Clijsters, Erwin Koeman, Den Boer : ils constituaient l’épine dorsale de l’équipe. Michel Preud’homme mais aussi Aad de Mos, notre formidable entraîneur, en étaient les grands prêtres. Michel était incroyable. Il était truffé de manies. Gare à celui qui, pour l’échauffement, aurait osé s’aventurer sur le terrain avant lui : il devait toujours être le premier. Et jamais, il n’a avancé le pied gauche avant le droit. Il avait besoin de ces superstitions pour briller. Aad de Mos enfouissait dans chacune de ses poches trois pièces de monnaie diffférentes. Il les triturait en permanence. Dans la salle des joueurs, il s’asseyait toujours dos au mur, pour avoir l’oeil sur tout le monde ”
Quelques mois plus tard, le KaVe est champion de Belgique, après avoir échoué en demi-finales de la Coupe des Coupes. On pense le club malinois partit pour régner sans partage sur la planète foot, mais Aad de Mos choisit de passer à l'ennemi, et rejoint Anderlecht. C'est Ruud Krol qui prend sa succession, mais la greffe ne prend pas et il faut rappeler le fidèle Fi Van Hoof. Les Sang et Or terminent à la 3e place du championnat, et échouent en quarts de finale de la C1, face au Milan AC. Les Malinois ne parvinrent plus à décrocher de trophée, malgré un titre de vice-champion en 1991, et deux finales de Coupe de Belgique perdues (1991 et 1992). Las, John Cordier coupe le robinet, doit vendre ses meilleurs joueurs pour compenser ses pertes et quitte enfin le navire, laissant un club exsangue qui provoqua même sa mise en liquidation en 2002… Aujourd'hui, le Yellow Red KV Malines est en passe de retrouver l'élite, même si le football gate pourrait mettre à mal son envie de retour au sommet...
01/02/1989 Malines – PSV 3-0
- FC Malinois: Preud'Homme; Hofkens, Emmers, Rutjes, Versavel; Sanders, De Wilde, E. Koeman (60e Deferm) et Bosman (88e Wilmots); De Mesmaeker et Den Boer.
- PSV Eindhoven: Lodewijks; Gerets, Valckx, R. Koeman et Veldman; Lerby, Van Aerle, Vanenburg; Romario, Gilhaus et Janssen (70e Ellerman).
- Les buts: 16e Bosman (1-0); 18e De Wilde (2-0); 48e Bosman (3-0).
08/02/1989 PSV – Malines 1-0
- PSV Eindhoven: Lodewijcks, Gerets, Chovanec, R. Koeman, Heintze, Liskens (65e Valckx), Van Aerle, Vanenburg, Romario, Gillhaus et Ellerman.
- FC Malinois: Preud'homme,Sanders, Emmers (35e E. Koeman), Rutjes, Deferm, Hofkens, Versavel, De Wilde, Bosman, De Mesmaeker et Den Boer.
- Le but: 78e mn: Gillhaus (1-0).