19 décembre 1978: tombeur de Liverpool, Anderlecht s'offre une seconde Supercoupe d'Europe!
Il y a 40 ans, le 19 décembre 1978, Anderlecht remportait sa deuxième Supercoupe d’Europe, à Liverpool ! Le 4e de ses 5e trophées européens...
- Publié le 19-12-2018 à 16h38
- Mis à jour le 19-12-2018 à 16h40
Il y a 40 ans, le 19 décembre 1978, Anderlecht remportait sa deuxième Supercoupe d’Europe, à Liverpool ! Le 4e de ses 5e trophées européens...
Si Anderlecht ne remporta que deux championnats de Belgique au cours des seventies (1972 et 1974), il soigna davantage sa notoriété sur la scène européenne, avec trois finales de rang dont deux gagnées (1976 et 1978) en Coupe des Vainqueurs de Coupe. La dernière en date (face à l’Austria de Vienne à Paris) permit aussi aux Mauves de décrocher une deuxième Supercoupe : après le Bayern en 1976 (battu 2-1 à Munich, les Bruxellois furent irrésistibles au retour : 4-1!), c'est un autre grand d'Europe qui tomba : Liverpool, vainqueur du... Club Bruges en C1 quelques mois plus tôt.
Cette année-là, les pontifes de l’Uefa ne virent aucun inconvénient à ce que les Mauves et les Reds en décousent en pleine saison (traditionnellement, la Supercoupe se dispute en août). Pire, c'est à l’approche de l’hiver, quand la météo devient de plus en plus scabreuse, que les deux clubs se défièrent. Lors du match-retour disputé le 19 décembre 1978 à Anfield (le Sporting l’avait emporté 3-1 à l’aller, buts de Vercauteren, Van Der Elst et Rensenbrink), l’arbitre roumain Nicolae Rainea se fit reprendre de volée par le mentor de Liverpool, Bob Paisley, pour avoir autorisé le déroulement de la rencontre. En cause, un épais brouillard qui obligea les 24.000 spectateurs à s’écarquiller les yeux de bout en bout de la rencontre.
Jamais à court d’humour, les supporters de Liverpool exploitèrent l’omniprésence de ce fog typiquement britannique pour charrier gentiment le gardien Ogrizovic, le substitut de Ray Clemence. “Oggy, Oggy, tell us who scored”, scandèrent-ils lorsque le capitaine Emlyn Hughes ouvrit la marque à la 13e minute.
L’égalisation signée Van der Elst à un peu moins de vingt minutes de la fin passa elle aussi inaperçue avant que Fairclough ne redonne un avantage insuffisant aux siens à la 87e.
Si le referee roumain persista et signa en déclarant après la rencontre qu’il avait pu diriger les échanges sans difficulté aucune, Bob Paisley ne mâcha pas ses mots : “C’est clownesque d’avoir contraint les joueurs à jouer dans de telles conditions.”
Il se consolera en devenant champion quelques mois plus tard. Par contre, Anderlecht se contentera d’être le dauphin de Beveren…
Gilbert Van Binst : "J'ai caché mon mégot dans la coupe"
Rencontrer Gilbert van Binst, c’est l’assurance de sourire à l’évocation de ses souvenirs...
“Avant la finale de la Coupe des Coupes contre West Ham, en 1976, deux bookmakers m’ont proposé un million de FB pour que j’empêche Anderlecht, mon club, de remporter le match. Un million ! Cash, pas libellé sur un chèque. La prime de victoire, forcément aléatoire, était fixée à 375.000 FB. Bruts. J’ai décliné la proposition. Pour quelles raisons ? Le match se disputait à Bruxelles, il allait attirer 60.000 spectateurs et c’était la première fois que le Sporting avait une chance de remporter cette épreuve. Je ne pouvais vraiment pas corrompre ce match. Dernière raison: on ne devait pas voler. J’ai toujours eu peur de prendre l’avion...”
Quand tonton Gilbert évoque les grands moments de la carrière du Sporting, cette seconde Supercoupe d’Europe remportée contre Liverpool en 1978, figure parmi ses beaux souvenirs. Un de ces instants privilégiés qui ne supportent pas qu’on les altère. Encore que...
“Nous l’avions préparé avec sérieux. Puis-je révéler un petit secret ? La Supercoupe, que nous avions déjà remportée deux ans auparavant contre le Bayern Munich, nous apparaissait plus prestigieuse que la Coupe des Coupes. Car son vainqueur avait triomphé du lauréat de la Coupe des Clubs Champions, la C1 qui allait devenir la Ligue des Champions. À cette époque, elle représentait, à l’étranger, la plus flatteuse des introductions.”
En 1978, Anderlecht allait donc s'imposer devant le Liverpool de Neal, de Hughes, de Dalglish, de Souness et de Kennedy. Et le match retour, ouaté, reste assez clair dans les souvenirs de Van Binst : “Il s’est disputé dans un brouillard opaque. Nous n’avons pas vu grand-chose, nous les joueurs. Que dire alors des spectateurs ? J’apercevais tout juste Ludo Coeck, mon voisin dans la défense. Et mon adversaire direct : Fairclough. J’avoue que je ne l’ai pas ménagé. Je pouvais le faire : je ne risquais pas d’être sanctionné. Un moment, nous avons entendu du bruit et semblé déceler des joueurs mauves qui sautaient de joie : Van der Elst venait d’égaliser. François a toujours prétendu que ce but était un des plus beaux goals de sa carrière. Il pouvait dire ce qu’il voulait : personne n’avait pu l’apprécier. Au coup de sifflet final, Raymond Goethals, notre entraîneur, m’a demandé comment j’avais joué. Je l’ai assuré que j’avais livré un de mes meilleurs matches et qu’il serait bon, dès lors, que j’obtienne une petite augmentation. Il n’avait rien vu, mais ma ruse n’a pas marché…”
Cette consécration n’a pas empêché Gilbert Van Binst de commettre un crime de lèse-supercoupe : “Un jour, j’accordais une interview dans le hall du Sporting. Je grillais une cigarette, ce qui était interdit. Avant d’être surpris, j’ai cherché un endroit pour jeter mon mégot. Il n’y avait pas de cendrier : je l’ai caché dans la Coupe. Je ne vous dis pas le scandale quand on l’a découvert ! Les dirigeants ont fait presque autant de foin que les barbouzes d’Arsenal quand Wilfried Puis, pressé par un besoin urgent, a uriné dans le rond central d’Highbury...”
SUPERCOUPE 1978
Aller : ANDERLECHT – LIVERPOOL (Ang) 3-1
- Lundi 4 décembre, Parc Astrid.
- Anderlecht : De Bree; Vander Elst, Broos, Dusbaba, Thissen, Haan, Coeck, Vercauteren, Nilssen, Geels, Rensenbrink.
- Les buts : 17e Vercauteren (1-0), 27e Case (1-1), 38e Vander Elst (2-1), 87e Rensenbrink (3-1).
Retour : LIVERPOOL (Ang) – ANDERLECHT 2-1
- Mardi 19 décembre 1978, Anfield Road.
- Anderlecht : Munaron; Van Binst, Coeck, Dusbaba, Thissen, Van Toorn, Vander Elst, Vercauteren, Rensenbrink, Geels (46e Martens).
- Les buts : 13e Hughes (1-0), 71e Vander Elst (1-1), 87e Fairclough (2-1).