Une journée vertigineuse attend les coureurs ce jeudi
Avec trois cols perchés à plus de 2 000 mètres ce jeudi, le peloton va être exposé aux effets très spécifiques de l’altitude.
- Publié le 25-07-2019 à 08h00
- Mis à jour le 25-07-2019 à 11h44
Avec trois cols perchés à plus de 2 000 mètres ce jeudi, le peloton va être exposé aux effets très spécifiques de l’altitude. "Tutoyer les sommets !"
L’un des slogans du Tour de France, qui invite ses acteurs au dépassement de soi, n’aura sans doute jamais été autant de circonstance. Cette édition 2019 de la Grande Boucle propose en effet au peloton le franchissement de sept cols à plus de 2 000 mètres dont un seul, le Tourmalet (2 115 mètres), a été gravi jusqu’ici.
Ce jeudi, sur la 18e étape qui reliera Embrun à Valloire sur 208 kilomètres, les coureurs escaladeront successivement le col de Vars (2 109 m), l’Izoard (2 360 m) et le Galibier (2 642 m) lors d’une journée vertigineuse !
"L’ascension de trois cols culminant au-dessus de la barrière des 2 000 mètres sur une seule et même étape, c’est une première dans l’histoire du Tour de France", avance Thierry Gouvenou, le directeur de course de la Grane Boucle. "Pour célébrer les cents ans du maillot jaune, Christian Prudhomme souhaitait que nous empruntions les cols les plus légendaires de cette épreuve pour ‘prendre un peu de hauteur sur l’histoire’comme il me l’a dit dans un sourire. L’altitude constituera très probablement un paramètre déterminant dans la désignation du vainqueur final…"
Un environnement très spécifique qui impacte directement la performance physique. Tous ceux qui ont déjà séjourné à la montagne ont pu constater que le souffle s’y fait rapidement plus court… même lorsque l’on va chercher le pain au village. Que dire alors quand il s’agit d’enquiller près de 5 000 mètres de dénivellation positive ?
"La diminution de la pression atmosphérique fait qu’un même volume d’air contiendra en montagne moins d’oxygène qu’au niveau de la mer", explique Samuel Bellenoue, entraîneur de l’équipe Wanty-Groupe Gobert et spécialiste de l’altitude. "Cela se chiffre à environ 10 %. Cela veut donc dire que l’on manquera donc plus rapidement de carburant lors d’un effort intense. Les coureurs possédant une grande capacité pulmonaire ainsi qu’un taux de globules rouge élevé dans le sang verront leurs performances moins impactées puisqu’ils oxygéneront plus aisément leur organisme. Le cœur battra, quoi qu’il arrive, plus vite qu’au niveau de la mer et les efforts y apparaîtront rapidement beaucoup plus énergivores. Les études tendent à prouver que le niveau de performance d’un athlète pro chute de 2 à 10 % en altitude."
Le phénomène de raréfaction de l’oxygène devrait, de plus, être un peu plus exacerbé encore ce jeudi. "La chaleur accentue en effet la dispersion des gaz (NdlR : les prévisions annoncent 23°C au sommet du col de Vars au moment du passage de la course), poursuit Samuel Bellenoue. Mais plus que cette variable, je crois que c’est la fatigue qui décuplera le plus les effets de l’altitude. Nous sommes dans la dernière partie d’une troisième semaine de Tour déjà extrêmement éprouvant jusqu’ici. Certaines défaillances pourraient être assez terribles… Les coureurs attaqueront également, pour la première fois depuis le Grand Départ à Bruxelles, des ascensions d’une heure et demie à deux heures…"
Si les meilleurs coureurs du monde ont la réputation de pouvoir s’acclimater à de très nombreuses conditions, Dylan Teuns juge que l’altitude est sans conteste la plus directement impactante sur la performance.
"On dit que la barre des 2 000 mètres constitue souvent une sorte de cap au-delà duquel les efforts se sont réellement plus difficiles", avance le vainqueur de l’étape de la Planche des Belles Filles. "Je confirme totalement (rires) ! Je me souviens que lors de la dernière Vuelta, nous étions montés à une très haute altitude dans la région d’Andorre. J’avais alors le sentiment que je pesais trois à quatre kilos de plus… Je me sentais comme collé à l’asphalte."
Une sensation qu’un coureur déteste mais avec laquelle le peloton devra composer…