Tim Declercq, le nouveau Julien Vermote, se met volontairement à plat ventre pour Quick-Step
- Publié le 12-07-2018 à 11h34
- Mis à jour le 12-07-2018 à 11h35
Le Flandrien est mis en lumière sur ce Tour pour son travail de l’ombre. Pendant des années, Julien Vermote a été connu pour son boulot effectué en tête du peloton du Tour de France. Un travail de l’ombre que le Flandrien effectuait toute l’année pour Quick Step Floors mais qui n’était mis en lumière que pendant le Tour de France, avec la diffusion en intégralité des étapes de la course au maillot jaune.
Rien, ou presque, n’a changé depuis le début de cette Grande Boucle : la formation belge continue de gagner les sprints, même si ce n’est plus avec le même sprinter (Gaviria à la place de Kittel) et il y a toujours un maillot Quick Step Floors en tête de peloton pour travailler. Mais ce n’est plus Julien Vermote, parti cette saison chez Dimension Data, qui se met à la planche : il a été remplacé pour ce rôle par Tim Declercq.
Un travail que ce coureur de 29 ans effectue sans rechigner.
"C’est mon job", clame-t-il. "Et j’aime mon boulot. Je connais mes qualités, aussi. Je sais que je ne suis pas assez explosif pour jouer ma carte personnelle chez les pros. Ou alors il me faudrait beaucoup de réussite ! Je préfère me concentrer sur ce que je sais faire. Et bien le faire. Comme ce boulot. C’est certes un travail de l’ombre, que le grand public ne voit généralement pas ou peu, hormis sur le Tour de France… Mais grâce à ce boulot, je suis… sur le Tour de France, que je découvre cette année. C’est une grande joie. C’est un rêve."
Un rêve qui s’est transformé en euphorie, puisqu’il a été un acteur des deux victoires de Fernando Gaviria. Le Colombien n’avait d’ailleurs pas manqué de remercier chaleureusement le Belge pour son boulot effectué en tête de peloton lors des premières étapes. "Oui, j’aime mon job. Que je fais avec sérieux, sans arrière-pensée. Et qui me permet d’être dans une des meilleures équipes du monde. Regardez les noms de mes sept coéquipiers sur ce Tour de France : ce ne sont que des grands coureurs. Et c’est gratifiant de recevoir leurs remerciements et de participer à leurs succès."
Niki Terpstra avait d’ailleurs offert une Rolex à Tim Declercq après son boulot de l’ombre effectué en tête de peloton au Tour des Flandres.
Un travail au radar
Tim Declercq nous décrit les clés de son boulot en tête de peloton.
Il a l’air simple, vu de la télévision, le boulot de Tim Declercq. Rouler au tempo en tête de peloton. Mais c’est loin d’être le cas. Décryptage avec le principal intéressé.
1. Échauffement primordial
"Je dois être prêt à mettre en route directement, dès le kilomètre zéro. Il est donc important que je m’échauffe bien avant le départ de l’étape. J’essaie donc de toujours un peu rouler entre le moment où nous arrivons sur le lieu de départ et le lancement de la course. Et lors de la neutralisation, entre le départ fictif et le départ réel, je dois être bien placé, mais j’essaie aussi de bien tourner les jambes. Pour que les muscles soient bien échauffés. Car je peux devoir mettre en route directement."
2. Surveiller le nombre d’échappés
"Une des règles de base de mon boulot, c’est de ne pas laisser partir un groupe trop important. C’est simple à comprendre : une échappée de quinze coureurs sera plus difficile à aller rechercher qu’un petit groupe de trois hommes. Dès que trop de gars partent dans un coup, je dois mettre le turbo pour condamner cette tentative. Cela peut être très intense en début de course."
3. Contrôler qui part à l’attaque
"Un autre point important de mon boulot en début de course, c’est de voir quels coureurs partent à l’équipe. Pour une étape de sprinters, je ne dois par exemple pas laisser partir des coureurs d’équipes qui ont un sprinter. Car, alors, ces équipes ne travailleraient pas avec nous dans le final pour reprendre les échappés. Au briefing, au matin, les directeurs sportifs me donnent leurs consignes. À moi ensuite d’analyser, en quelques secondes, quels sont les maillots qui partent à l’attaque. Si trois ou quatre hommes partent et appartiennent à des formations qui n’ont pas de grands sprinters, alors, c’est bon, je les laisse partir."
4. Garder un œil constant sur l’écart
"Une fois que l’échappée choisie est partie, je peux récupérer un peu. Mais il faut quand même veiller à contrôler l’écart. Il faut que les fuyards ne prennent pas trop d’avance. Je dois donc assurer le tempo en tête de peloton. Je suis bien renseigné par les directeurs sportifs."
5. Reprendre l’échappée : ni trop tôt ni trop tard
"Il faut bien doser son effort. C’est un effort diesel, au tempo, car il faut tenir longtemps. Il faut quand même hausser le tempo dans le final pour reprendre l’échappée. La règle, c’est de ne pas la reprendre trop loin de l’arrivée, pour ne pas s’exposer à une nouvelle attaque. Et l’autre règle, c’est bien évidemment de la reprendre avant l’arrivée !"
Un papa cabaretier, un frère coureur
Avant de signer en 2017 chez Quick Step Floors, Tim Declercq a évolué durant cinq ans chez Top Sport Vlaanderen-Baloise, une équipe dans laquelle évolue son petit frère, Benjamin. Le nom de Declercq revient donc souvent dans les pelotons. Mais aussi en dehors : leur papa, Karel, est cabaretier et enchaîne les spectacles. "Je ne croyais pas vraiment que je parviendrais un jour à être coureur pro ", se rappelle Tim Declercq. "Je me suis donc concentré sur mes études. Mais, en 2010, j’ai fini septième de Paris-Roubaix espoirs. Et là, je me suis dit : pourquoi pas. Avant, l’année suivante, de commencer à gagner. Comme deux étapes du Tour de Namur et le Championnat de Belgique espoirs. Cela a lancé ma carrière. Je suis fier d’être arrivé jusque chez Quick Step. Équipe dans laquelle j’espère rester le plus longtemps possible !"