On a suivi l’étape au coeur du peloton: un cortège un peu fou dans une ambiance (presque) jamais vue
Nous avons eu la chance de parcourir la première étape aux côtés du peloton.
- Publié le 06-07-2019 à 22h14
- Mis à jour le 07-07-2019 à 07h52
Nous avons eu la chance de parcourir la première étape aux côtés du peloton "Ce n’était pas le Grand Départ le plus impressionnant de mes dix Tours de France, car le Yorkshire était au-dessus du lot, mais on est quand même très haut dans le classement avec cette édition."
En descendant de moto, quelques mètres après la ligne d’arrivée et la victoire de Teunissen, Philippe Cluzel nous livrait ce verdict plutôt flatteur. Il faut dire que la foule, présente sans discontinuer durant plus de 200 kilomètres (en comptant le départ fictif), a impressionné notre pilote du jour.
Employé dans un garage automobile, Philippe prend ses congés annuels en juillet depuis dix ans pour pouvoir suivre le Tour avec, chaque jour, un journaliste différent pour partager sa bécane. Ce samedi, c’était donc notre jour de chance.
Après un bref briefing de sécurité, nous nous élancions pour un départ fictif mémorable avec quelques minutes d’avance sur le peloton. L’occasion de profiter de ce bain de foule qui n’était évidemment pas destiné à notre moto mais qui nous a tout de même permis de recevoir des centaines de signes de main, de sourires et d’encouragements.
Une fois l’échappée dessinée, nous pouvions alors nous intercaler dans la course. Plus précisément derrière le groupe de Greg Van Avermaet. L’occasion de croiser Bradley Wiggins, présent sur une "moto télévision" dans un rôle de consultant. "Je ne crois pas que Greg ira au bout, ce sera un sprint massif. Quatre hommes, ce n’est pas assez pour résister au peloton", nous criait-il pour vaincre le bruit du vent, dans un français parfait.
Difficile de dire si le public y croyait plus que le vainqueur du Tour 2012 mais une chose est certaine : la foule était euphorique au moment du passage de Golden Greg. Avec en point d’orgue, une traversée de Grammont qui nous a donné des frissons.
Après l’acquisition du maillot à pois par notre compatriote et une très brève pause sandwich (qui avait nécessité de distancer les échappés), nous réintégrions la course derrière le peloton. L’occasion de prendre conscience que le convoi du Tour est une sorte de village mobile. "Je vais aller saluer Dominique Arnould, qui est dans la deuxième voiture de Direct Energie", nous prévenait notre pilote avant de se laisser glisser en queue de convoi pour échanger quelques mots avec son copain.
On se laissera même descendre jusqu’au camion balai, dont le chauffeur nous confirmera que c’est effectivement "une des journées les plus calmes du Tour", pour lui.
On verra ensuite la course exploser brièvement, au passage du secteur pavé de Thiméon. Les directeurs sportifs de UAE Team-Emirates sont sans doute ceux qui ont eu le plus de boulot avec les ennuis mécaniques de Kristoff et Laengen pendant que Dan Martin se faisait distancer par les autres prétendants au classement général.
On n’a pas vu les quatre heures et demie de course passer, tant il y a toujours de l’animation dans ce cortège un peu fou. Même pendant les vingt derniers kilomètres, durant lesquels la plupart des motos doivent laisser le peloton prendre de l’avance pour des raisons de sécurité, nous faisions des yeux grands comme ça devant la foule présente, notamment sur l’Avenue de Tervueren. Tout en tendant l’oreille vers Radio Tour, évidemment.
Des réflexes impressionnants
Entre klaxons, coups de frein et coups de guidon, le convoi du Tour passe parfois tout près de l’accident. Faire partie de la course nous a permis de prendre la mesure du talent de tous ces motards et tous ces directeurs sportifs présents sur les courses cyclistes. Bien sûr, des codes existent. Le premier : les motos roulent à gauche, les voitures à droite. Mais toute cette organisation peut vite partir en vrille quand certains directeurs sportifs déboulent en klaxonnant pour aller dépanner un coureur en queue de peloton et quand les autres veulent ensuite aller récupérer leur place (sur ce Tour, la voiture Ineos dispose par exemple du n°1 et elle doit donc passer son temps à aller regagner sa place en queue de peloton).
En parallèle, ils doivent garder un œil sur la foule et, bien sûr, sur les coureurs. Notre grosse frayeur du jour est intervenue du côté de Genappe, lorsqu’une fillette présente dans le public a fait tomber sa casquette sur la chaussée alors que notre moto s’était rapprochée d’une voiture Direct Energie pour échanger quelques mots. Dans un même geste, les deux conducteurs ont donné un coup de volant sur la gauche, anticipant la possibilité que cette fillette s’encoure sur la route. Avant de reprendre leur discussion, comme si de rien n’était.
Quelques kilomètres plus tard, Fabio Felline (Trek-Segafredo) s’offrait un numéro d’équilibriste pour se faufiler entre notre moto et une voiture de l’organisation, après un gros freinage. Qu’est-ce que ce doit être dans les descentes de cols !