Les motards du Tour poussent un coup de gueule: “Ces motos à trois roues sont catastrophiques”

Un curieux engin a fait son apparition sur le Tour cette année grâce à un contrat lucratif avec Yamaha. Ceux qui doivent les utiliser sont dégoûtés.

Christophe Franken (avec M. J.)
“Ces motos à trois roues sont catastrophiques”
©Pauline Ballet

Un curieux engin a fait son apparition sur le Tour cette année grâce à un contrat lucratif avec Yamaha. Ceux qui doivent les utiliser sont dégoûtés.

À Bruxelles, à Binche ou à la télévision, vous n’avez pas pu les manquer : des motos à trois roues ont fait leur apparition cette année sur le Tour de France. Deux roues à l’avant et une à l’arrière donnant un aspect d’un tricycle inversé qui slalome près des coureurs.

On a tenté de connaître les raisons de cette curieuse nouveauté sur le Tour. On n’imaginait pas qu’on toucherait une corde si sensible dans l’organisation de la course. “Parler de la moto à trois roues ? Euh, adressez-vous au service communication d’ASO”, nous répond un motard dans l’attente du départ, près des camions des équipes. “La moto à trois roues ? Je n’ai pas le droit d’en parler”, lâche un caméraman, en prenant soin de retourner son accréditation autour du cou pour bien cacher son nom.

Un problème avec ces machines à trois roues ? Pour avoir la réponse, il faudra promettre l’anonymat. “Ces motos à trois roues, c’est une catastrophe”, explique alors un photographe expérimenté sur le Tour. “On avait vendu cet engin comme une révolution pour nous stabiliser sur la route mais c’est une grosse c… Sur les caméras et sur les appareils photos, c’est l’objectif qui stabilise la prise de vue. Et le pire de tout, c’est que cette moto à trois roues n’est même pas plus stable qu’un modèle à deux roues. D’ailleurs, regardez bien autour de vous. Qui est en trois roues ?”

Une bonne observation : tous les photographes et cameramen sont sur une deux roues avant le départ. Les modèles trois roues tout neuf semblent délaissés. En fait, ils ne sont utilisés que comme moto ravitaillement ou moto technique. “Il n’y a que les gens d’ASO (Ndlr : la société organisatrice du Tour) qui sont obligés de les utiliser. Les autres gardent précieusement les deux roues. La moto est moins large et tient plus facilement une ligne. C’est important sur des espaces aussi restreints. On se faufile mieux qu’avec les trois roues”, nous explique un motard avec dix-sept Grandes Boucles au compteur.

Pourquoi ces motos à trois roues alors ? L’argument de la sécurité a aussi été avancé. La plupart des accidents de moto partiraient de la roue avant. Avec deux roues, moins de risque donc. Là aussi, les motards rejettent en bloc. “Par temps de pluie, les bandes blanches des passages piétons sont un danger pour nous, ça glisse fort. Avec un deux roues, tu arrives à passer entre les bandes, pas avec la trois roues…”

Pour la bande des motards/cameramen/photographes, qui forme quasiment une équipe supplémentaire sur ce Tour, ces motos à trois roues sont juste un coup marketing. ASO a signé un contrat lucratif de trois ans avec Yamaha. Exit Kawasaki. “Yamaha a sorti ce modèle à trois roues, la Niken, il y a quelques mois. La marque tente de la faire accepter aux motards mais ce n’est pas simple. Elle s’est donc offert un formidable spot de publicité avec le Tour.”

Apparemment, ce n’est pas encore gagné…

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