L'édito: le Tour a failli tomber dans le Piège

Eric de Falleur
L'edito: le Tour a failli tomber dans le Piège
©Montage DH

L'édito est signé Eric De Falleur.
Comme il est devenu en un peu plus d’un siècle une énorme caisse de résonance, il arrive que le Tour, dont les images télévisées sont retransmises dans 190 pays, soit pris en otage. Et donc surtout ses coureurs. 
Ce fut le cas, ce mardi, peu après le départ de la 16e étape qui menait le peloton de Carcassonne à Bagnère-de-Luchon quand une vingtaine d’agriculteurs de la région de La Piège (dans l’Aude) voulurent bloquer la course. En fait d’images, nous eûmes droit à une empoignade entre gendarmes et manifestants, le tout sur fond de gaz lacrymogènes qui incommodèrent le peloton à son passage, quelques minutes plus tard. Rien à voir donc avec les fumigènes tirés ces jours derniers par des idiots devant les coureurs et qui sont désormais interdits. 
Fallait-il pourtant, pour qu’ils en arrivent à ces extrêmes, que ces agriculteurs, qui cherchèrent à faire basculer sur la route des ballots de paille avant d’y faire prendre place un troupeau de moutons, se sentent hors d’eux de ne pas avoir vu leur région reconnue en difficulté, mais surtout perdus et acculés, leur avenir et celui des leurs sans issue. Le Tour de France et la ruralité sont liés de tout temps, la course passant dans sa grande majorité dans les campagnes. Pendant des décennies, journaux et magazines ont reproduit des images en noir et blanc d’un peloton filant devant des fermiers qui arrêtaient leur dur labeur pour voir passer la course. 
À l’époque, les forçats de la route côtoyaient ceux des champs dans la difficulté de leur métier. Ce n’est plus tout à fait le cas, le coureur de Wanty-Groupe Gobert Frederik Bakaert, absent du Tour cette année, lui-même fils de et futur fermier, en témoigne : être coureur cycliste est bien moins dur que d’être paysan.

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