Jalabert: "On a compris la déception de De Gendt l’an passé"
Laurent Jalabert évoque les spécificités des prix de la Combativité et du Super Combatif du Tour de France
- Publié le 26-07-2018 à 13h43
- Mis à jour le 26-07-2018 à 13h44
Laurent Jalabert évoque les spécificités des prix de la Combativité et du Super Combatif du Tour de France La déception de Thomas De Gendt avait été très grande, l’an passé, quand il n’avait pas été élu Super Combatif du Tour de France. L’offensif coureur belge avait rappelé cette déception au début de cette édition de la Grande Boucle. Et il avait répété son envie d’obtenir ce titre un jour, dans sa carrière. Mais comment le Prix Antargaz de la Combativité, attribué à chaque étape, et celui du Super Combatif, décerné à Paris, au bout des trois semaines du Tour de France, sont-ils décidés ?
Le point avec Laurent Jalabert. L’ancien pro français a été élu deux fois Super Combatif du Tour de France (en 2001 et 2002) et est membre du jury de la combativité depuis 2003, quand il a mis un terme à sa carrière.
Laurent, comment sont attribués le prix de la combativité pour les étapes et le prix du Super Combatif du Tour de France ?
"Nous sommes quatre dans le jury (NdlR : avec Thierry Gouvenou et deux journalistes français). Sur les étapes, nous sommes à des endroits différents. Moi, par exemple, j’enchaîne les directs, comme je suis consultant sur France Télévisions et sur RTL. Nous envoyons donc chacun notre vote par SMS à Thierry Gouvenou, le président de ce jury, qui tranche. Pour le prix du Super Combatif, on se réunit à la veille de l’arrivée. Car il y a souvent deux ou trois coureurs qui le méritent."
Quels sont les critères qui entrent en jeu pour cette combativité ?
"Pour chaque membre du jury, c’est une appréciation personnelle. Moi je juge plus en fonction des habitudes que j’avais quand j’étais coureur. Pour moi, il faut récompenser un combatif qui met tout en œuvre pour gagner une course. Pour moi, cela ne doit pas seulement attaquer pour montrer le maillot. Cela reste important, et c’est plus combatif que celui qui reste dans le peloton. Mais pour moi, ce n’est pas seulement le nombre de kilomètres passés en tête de course qui compte. J’ai déjà donné mon vote à un coureur qui était ressorti de l’arrière, qui a relancé la course dans un second temps plutôt qu’à l’homme qui était seul devant. Pour d’autres membres du jury, c’est surtout le courage qui compte : celui qui est blessé ou malade et qui se bat pour aller au bout. Comme Michaël Matthews une année (NdlR: ou comme Philippe Gilbert mardi, après sa chute dans le ravin). C’est donc en fonction de l’appréciation des uns et des autres. Pour moi, c’est la notion de combat qui prime. Celui qui donne de l’émotion à la course et des frissons au public a mon vote."
Les discussions sont animées pour le prix du Super Combatif ?
"Cela peut l’être, oui ! Vous savez, le cyclisme, c’est simple : le premier qui franchit la ligne gagne ou celui qui a été le plus rapide sur un chrono s’impose. Mais pour avoir ce prix, c’est différent. Alors, oui, des fois, il y a des grosses discussions. Je me souviens qu’une année je voulais mettre Voeckler en super-combatif car il avait fait un super Tour de France. Et c’est Chris Anker Sorensen qui avait été élu (en 2012) . Et je n’ai toujours pas compris pourquoi !"
L’an dernier, ce prix avait fait beaucoup parler en Belgique, avec Thomas De Gendt qui avait publiquement fait part de sa déception de ne pas obtenir ce prix…
"Je me souviens que nous avions beaucoup discuté à son sujet. Il méritait certainement ce prix. Mais Warren Barguil aussi. Ils ont beaucoup attaqué tous les deux. Et au bout du compte, Warren avait pour lui l’avantage d’avoir gagné deux étapes et le maillot à pois. Nous avons donc compris la déception de De Gendt l’an passé. Mais le prix décerné à Warren Barguil nous semblait indiscutable."
"Monter sur le podium à Paris, ce n'est pas rien"
On ne retient généralement que les vainqueurs. Quelle est donc la valeur du prix du Super Combatif du Tour ? "Attention, ce n’est pas un lot de consolation", répond Laurent Jalabert. "Dans le vélo, c’est vrai, on veut avant tout gagner en passant la ligne d’arrivée en premier. Ce prix du Super Combatif n’intéresse donc pas tout le monde. Mais il y a quand même de la bagarre pour l’avoir. Car cela reste un honneur d’avoir ce prix, qui t’offre l’opportunité d’être sur le podium des Champs-Élysées, à Paris. Il n’y a pas beaucoup de coureurs, hormis les grands leaders, les super-sprinters ou les super-grimpeurs, qui peuvent y prétendre ! Avec ce prix, nous touchons à un panel plus large de coureurs, ceux qui ont les atouts pour faire plaisir au public."
"Je me reconnais un peu dans le profil d'Alaphilippe"
Avant le départ du Tour de France, lors de cette rencontre organisée avec Laurent Jalabert, nous lui avions demandé s’il se reconnaît dans un coureur de la génération actuelle. Il avait directement répondu : "Julian Alaphilippe". Avant ses deux victoires d’étape et sa conquête du maillot à pois. "Il me plaît bien", détaille Jaja. "Il a les mêmes caractéristiques que moi. Il a gagné la Flèche wallonne. Et je pense qu’il pourrait remporter un grand Tour. Un Tour d’Espagne comme je l’ai fait. Sur la Vuelta, il n’y a en général pas de massifs comme au Giro ou au Tour de France. Et puis, souvent, sur le Tour d’Espagne, cela se termine par des arrivées très sèches mais qui ne sont pas très longues et qui peuvent donc lui convenir. C’est donc une possibilité, même s’il n’a pas encore franchi le cap. Il doit d’abord gagner un Paris-Nice avant de s’y attaquer."