Il ne reste plus que six candidats à la victoire finale sur ce Tour de France
Maillot jaune en sursis, Alaphilippe est toujours un des prétendants d’un cercle de plus en plus restreint.
- Publié le 21-07-2019 à 22h28
- Mis à jour le 22-07-2019 à 08h08
Maillot jaune en sursis, Alaphilippe est toujours un des prétendants d’un cercle de plus en plus restreint. Au sortir des Pyrénées, alors que le peloton s’accorde la seconde journée de repos à Nîmes, où il va découvrir la canicule, Julian Alaphilippe est toujours en tête du classement général. Pourtant, alors que l’étape du Tourmalet, samedi, avait renforcé sa position, celle de Foix-Prat d’Albis, le lendemain, a sans doute pointé les limites du Français en haute montagne. Le maillot jaune semble en sursis mais, derrière lui, à l’exception de Thibaut Pinot, vainqueur du week-end, personne n’affiche une autorité digne d’un futur vainqueur.
Alaphilippe a prolongé le rêve
Euphorique après l’étape du Tourmalet, où il avait joué la gagne jusqu’à quelques hectomètres du sommet, le maillot jaune n’a pu reproduire la même prestation dimanche sur la montée finale vers le Prat d’Albis qui surplombe Foix. Il a craqué à cinq kilomètres du but. Le Français a laissé voir qu’il était friable à des rivaux qui commençaient à se poser de vraies questions quant à ses aptitudes à tenir jusqu’à Paris.
"Je ne suis pas déçu, juste complètement épuisé", a-t-il avoué. "Je suis cramé. C’est une étape qui a fait beaucoup de dégâts mais il n’y a rien en particulier qui m’a mis en difficulté ; ce sont plutôt les deux dernières semaines, tout ce que j’ai fait, tout ce que je donne : je commence à le payer."
Normalement, Alaphilippe va pourtant profiter encore de son maillot jusqu’à jeudi et la première des trois terribles étapes alpines.
Thomas, toujours premier des favoris
Paradoxalement, le vainqueur sortant est toujours deuxième du général, et premier des favoris d’avant-Tour. Cependant, il est le seul de ses suivants à avoir perdu du temps, 9 secondes, sur Alaphilippe durant le week-end. Car, pour le Gallois, le Tourmalet s’est révélé indigeste et Prat d’Albis, à peine moins. Dans les chiffres, car le vainqueur 2018 affirme avoir été pris au piège du jeu d’équipe.
"J’avais de très bonnes jambes, mais Egan (Bernal) était devant ; je ne voulais pas ramener les autres", disait Thomas, dont l’attaque a définitivement fait sauter Alaphilippe. Le voici qui bénéficie de trois, quatre jours de répit supplémentaires avant de devoir, peut-être, céder son flambeau de leader chez Ineos.
Kruijswijk, la chance de sa vie
Même sans Wout Van Aert, l’équipe Jumbo-Visma continue d’impressionner. Cette fois en montagne, au point que Steven Kruijswijk fait figure de prétendant au podium. Pourtant, il a légèrement faibli en deuxième partie de week-end et est celui, après Thomas, qui en a perdu, à avoir repris le moins de temps au maillot jaune.
"Chaque jour est différent ; cette fois, Pinot montait trop vite, je n’ai pu le suivre", avouait le Néerlandais, dimanche. "Je me suis accroché à la roue de Thomas et j’ai limité la casse. Maintenant, vivement le repos car ce qui nous attend est encore pire."
Pinot, il grimpe, il grimpe
Thibaut Pinot est le grand gagnant des deux dernières étapes. Libéré par sa victoire d’étape au Tourmalet, le protégé de Marc Madiot a mis à profit la traversée des Pyrénées pour effacer le retard concédé dans la bordure d’Albi. Dès que la route s’élève, il a démontré qu’il est le plus costaud, bien entouré par une solide formation Groupama-FDJ, où le petit David Gaudu est un futur grand.
"J’ai repris du temps à tout le monde, c’est le principal", disait le Français ce dimanche. "On est partis pour remonter au classement général ; les étapes les plus dures arrivent : les Alpes."
Seul hic pour le Franc-Comtois : la canicule qui arrive et qu’il ne supporte vraiment pas.
Bernal prêt à remplir son rôle
Le Colombien est, après Thibaut Pinot et avec… Emmanuel Buchmann, le plus régulier. Il reste pourtant la deuxième carte d’une équipe Ineos moins dominatrice que les années précédentes, mais qui avait pourtant encore trois coureurs dans les dix-douze premiers en vue de l’arrivée.
"Nous sommes cinq ou six à pouvoir gagner", dit Bernal, qui, sauf accident, va enlever le classement des jeunes. "Mais je reste les pieds sur terre ; la chance que je m’impose est très petite. Si je dois me sacrifier pour Geraint Thomas, je le ferai."
Buchmann, celui qu’on n’attendait pas
Sans faire de bruit, Emmanuel Buchmann n’est qu’à 39 secondes de Geraint Thomas et donc toujours un vrai candidat au top 5, au podium et même à la victoire. Ce qui serait bien sûr la plus grosse surprise du siècle. L’Allemand est solide, il plie sans jamais rompre et sa chance est sans doute que peu de monde s’en inquiète réellement. Il est la grande inconnue parmi les six premiers du général, mais son tempérament, peu offensif, ne plaide pas pour un exploit de sa part.
Pour les autres, il faudra sauver l’honneur
Le week-end a été plus ou moins fatal aux autres favoris. À des degrés divers, Romain Bardet, Enric Mas, Nairo Quintana, Dan Martin, Adam Yates ou Bauke Mollema ont sombré. Ils ne peuvent plus sauver leur Tour qu’en se mettant au service d’un équipier et/ou en visant une étape. Largement repoussés eux aussi, les Movistar ne peuvent plus gagner le Tour, Mikel Landa et Alejandro Valverde étant trop loin, mais leur esprit offensif peut faire basculer la course, dans un sens comme dans l’autre. Pour Jakob Fuglsang, Rigoberto Uran, Richie Porte ou Warren Barguil, dominés par les meilleurs, l’ambition se résumera sans doute à chercher à finir par les dix premiers, le plus près possible du top 5.