Eddy Merckx honoré jeudi à Paris: "Le maillot jaune est mythique"
Eddy Merckx garde un souvenir ému de ses succès au Tour, surtout du premier.
- Publié le 24-10-2018 à 07h14
- Mis à jour le 24-10-2018 à 08h57
Eddy Merckx garde un souvenir ému de ses succès au Tour, surtout du premier. Comme de nombreux anciens porteurs du maillot jaune et vainqueurs du Tour de France, notamment les autres quintuples lauréats encore en vie, Bernard Hinault et Miguel Indurain, Eddy Merckx sera honoré jeudi à Paris, à l’occasion de la présentation de la prochaine édition. Laquelle sera notamment marquée par les cent ans du maillot jaune.
Mais le plus grand champion belge de tous les temps sera particulièrement fêté avec ce Grand Départ de Bruxelles qui rendra, lui, hommage au cinquantième anniversaire de la première des cinq victoires de Merckx dans la principale épreuve cycliste au monde.
"Ce premier succès au Tour, c’est le plus beau moment de ma carrière, son sommet, ma plus belle victoire. Cela reste un merveilleux souvenir, mon rêve d’enfant qui se réalisait. Quand j’étais gamin, j’écoutais le Tour à la radio, je jouais avec mes copains sur nos vélos dans le quartier, dans le parc de Woluwé, au Tour de France", répète Eddy Merckx qui habitait alors dans le quartier du Chant d’oiseau où ses parents tenaient une épicerie.
S’il a gagné pas moins de 445 courses chez les professionnels, Eddy Merckx conserve l’émotion de sa première victoire dans la Grande Boucle.
"Ce sont des images et des souvenirs inoubliables", dit le Roi Eddy. "Comme ce deuxième jour où, après la victoire dans le contre-la-montre par équipes avec mes équipiers de Faema, j’ai porté pour la première fois le maillot jaune sur les épaules, à Woluwé, pas très loin d’où j’avais grandi. Le maillot jaune est mythique. C’est le plus beau maillot qui existe. Le lendemain, on passait au départ par Tervuren où j’habitais alors. C’était unique. Après, il y a eu d’autres grands moments comme l’étape de Mourenx (voir ci-contre), mais le plus beau de tous, cela reste quand j’ai franchi la ligne d’arrivée, quand la victoire était assurée."
Merckx ne cache pas non plus sa fierté de voir la Grande Boucle partir de Bruxelles dans un peu plus de huit mois.
"Cela fait plaisir et c’est également une grande fierté", dit-il. "C’est un très beau cadeau."
Il y a un demi-siècle, c’est sur la Grand-Place, d’où partira la première étape du Tour 2019, le samedi 6 juillet prochain, que des milliers de Belges et Bruxellois enthousiastes avaient accueilli celui qui avait mis fin à trente années de disette des Belges au Tour de France.
"Rien que de songer à la foule qu’il y avait, j’ai encore la chair de poule", sourit-il.
Il continue : "Ce départ, c’est une belle reconnaissance, un honneur et un fameux coup de pub pour Bruxelles sur laquelle le monde entier aura les yeux tournés. Ce sera la fête au Tour. J’ai encore en tête le souvenir du formidable accueil de 2010 lors de la dernière venue du Tour à Bruxelles. C’est aussi l’occasion de promouvoir plus encore la pratique du vélo dans ses rues. J’espère que Bruxelles sera un peu plus encore cycliste pour l’occasion. Le vélo est un moyen de locomotion formidable et c’est un sport exceptionnel."
Ses 5 Tours victorieux
Tour de France 1969
Profondément meurtri par l’affaire de Savone où on lui a volé le Giro, Eddy Merckx découvre le Tour à 24 ans. Deuxième du prologue, il s’empare le lendemain de son premier maillot jaune chez lui à Woluwé-Saint-Pierre, après le succès des Faema dans le chrono par équipes. Dès la première étape de montagne, Merckx crucifie une première fois ses rivaux au Ballon d’Alsace. La suite est un long cavalier seul marqué par plusieurs exploits comme cette chevauchée fantastique de 140 kilomètres en solitaire dans les Pyrénées. En une étape, le Bruxellois a doublé son avantage, le portant à plus d’un quart d’heure sur Roger Pingeon. À Paris, il gagne encore le dernier chrono qui finit au vélodrome de Vincennes envahi par des milliers de Belges. Merckx met fin à trente ans d’insuccès de nos compatriotes dans la Grande Boucle.
Tour de France 1970
Bien que se ressentant au dos et à une jambe des suites de la grave chute effectuée à Blois à l’automne précédant, qui le diminuera (!) en montagne jusqu’à la fin de sa carrière, le Bruxellois réussit son premier doublé Giro-Tour. Il domine la Grande Boucle en y enlevant huit étapes (record égalé) dont le prologue et une victoire de prestige au sommet du mont Ventoux. Où son effort a tellement été violent qu’il doit un moment être placé sous masque à oxygène. Eddy Merckx domine une fois encore tous ses rivaux, dont Joop Zoetemelk est le premier, à 12:41 de celui qu’on surnomme désormais le Cannibale. Un Eddy Merckx qui n’a concédé le maillot jaune que quatre jours à son équipier Italo Zilioli.
Tour de France 1971
Candidat au triplé, Eddy Merckx semble bien parti vers un futur triomphe quand il subit une première alerte au puy de Dôme, puis une autre à Grenoble où il perd le maillot jaune. Ce n’est rien par rapport aux plus de huit minutes concédées à Luis Ocana à Orcières-Merlette. Le Tour semble perdu pour le Bruxellois, 5e du général à 9:46 de l’Espagnol. C’est mal le connaître. Dès l’étape suivante, au départ, il se lance à corps perdu dans une opération grignotage. Les 251 km vers Marseille sont terribles et offrent un duel entre Merckx, échappé avec une poignée de coureurs dont deux équipiers, et un peloton proche de la rupture, qui contient tant bien que mal l’offensive du Belge. Dès lors, Merckx va attaquer tous les jours et en cherchant à répondre à une nouvelle accélération dans la descente du col de Menté, Ocana tombe, est percuté et abandonne. On ne saura jamais si Eddy Merckx, vainqueur avec dix minutes d’avance sur Zoetemelk, serait parvenu à renverser la situation.
Tour de France 1972
Eddy Merckx, victorieux de six étapes, gagne le Tour pour la quatrième fois de suite, malgré un Ocana revanchard qui ne pourra jamais lui contester ce succès et abandonnera même dans les Alpes, exténué. C’est finalement Cyrille Guimard qui est le plus redoutable adversaire du Belge, mais le Nantais doit tellement puiser dans ses ressources qu’il abandonne à deux jours de Paris, les genoux en compote alors qu’il occupe pourtant la 2e place du classement. Felice Gimondi, désormais dauphin du Belge, termine à plus de dix minutes.
Tour de France 1974
Après avoir fait, en 1973, l’impasse sur le Tour où il ne se sentait plus désiré, Eddy Merckx est de retour sur la Grande Boucle l’année suivante. Il va gagner à nouveau huit étapes dans une édition où il ne sera jamais mis en péril même si, dans les Pyrénées, sa "mauvaise" jambe le fait souffrir. Finalement, son plus proche poursuivant se nomme Raymond Poulidor, 38 ans alors, devancé de huit minutes.