Déjeuner chez Eddy, visite chez le roi, interviews, réunions et gueuleton: la folle journée de Christian Prudhomme
La veille du Grand Départ est synonyme de journée à rallonge pour le patron de la plus grande course du monde.
- Publié le 06-07-2019 à 07h36
- Mis à jour le 06-07-2019 à 08h25
La veille du Grand Départ est synonyme de journée à rallonge pour le patron de la plus grande course du monde. 6h40, dans le hall du Sofitel "le Louise". Christian Prudhomme nous salue avant de prendre la route pour Meise. "Le direct radio sur France Inter n’est qu’à 8h10 mais vu qu’on le fait chez Eddy, on part tôt pour éviter les embouteillages. J’ai d’ailleurs un autre direct vers 7h45 par téléphone, sur RMC. Il faudra qu’on soit à l’arrêt avec un bon réseau."
Dans la voiture, c’est le calme avant la tempête. Ou presque. Les messages se multiplient déjà sur le téléphone du patron du Tour. À 8h30, il aura répondu à une douzaine d’interlocuteurs, essentiellement des élus des quatre coins de la France. "Suis-je dans ta voiture pour l’étape du samedi ?", lit Christian Prudhomme à voix haute avant de tapoter sur son téléphone.
À 7h25, la Skoda estampillée Tour de France se gare devant la propriété des Merckx. Le Parisien lâche à son attaché de presse une consigne précieuse : "Ne nous montrons pas devant l’entrée car il est tellement gentil qu’il va venir nous ouvrir. On ne va pas le sortir du lit…"
Un direct sur RMC plus tard, ça ne loupe pas : Eddy vient nous accueillir. Les cinq personnes présentes sont invitées à prendre le petit déjeuner avec Eddy, Axel et Sabrina. "Claudine est excusée, elle est chez le coiffeur en vue de la réception royale de tout à l’heure", sourit le Cannibale quand Christian Prudhomme s’inquiète de son absence.
La discussion tourne rapidement autour de l’ovation reçue par le quintuple vainqueur du Tour sur la Grand-Place, jeudi. "C’était magnifique, je me suis cru en 1969… sauf que cette fois, je n’étais pas sur le balcon", rigole l’intéressé.
Christian Prudhomme complimente le champion pour toutes les émotions qu’il a transmises, ainsi que pour sa gentillesse. "Espérons qu’on aura un Tour digne de tes offensives, Eddy. Enfin, s’ils attaquent à 100 bornes de l’arrivée plutôt qu’à 150, je ne leur en voudrai pas. D’ailleurs, tu aurais été dans la merde cette année avec l’étape du Tourmalet qui ne fait que 117 kilomètres. Tu aurais attaqué dès le départ fictif !"
L’intervention en direct sur les ondes de France Inter, depuis la banquette arrière de la voiture équipée de tout le matériel nécessaire, durera une dizaine de minutes. Une accolade plus tard, Christian Prudhomme quitte Meise pour prendre la direction de Brussels Expo, où il retrouve une grande partie de son équipe.
Il y passe plusieurs coups de fil avant la réunion des directeurs sportifs, à 10h30. Celle-ci débute dans une grande salle comble. Des membres de l’UCI, des commissaires de course et deux directeurs sportifs de chaque équipe sont présents.
La réunion se déroule à l’abri des journalistes mais nous avons toutefois pu assister à son introduction, durant laquelle le patron du Tour a invité les boss des équipes à faire d’Eddy Merckx un exemple auprès de leurs coureurs : "C’est grâce à lui, et pour lui, que nous sommes ici, je vous propose de l’applaudir." L’assemblée s’exécute malgré l’absence de celui qui fait l’objet de tant d’attention. "Cette réunion sert surtout à repréciser les différentes règles de sécurité et à répondre aux questions sur la logistique. Généralement, les directeurs sportifs connaissent la musique donc les questions se font rares mais je m’attends à en avoir sur la nouvelle arrivée de la Planche des Belles Filles, située un kilomètre plus haut que d’habitude", souriait Prudhomme avant que la salle se remplisse.
12h15. Les patrons d’équipe et Christian Prudhomme, accompagné de son n°2 Pierre-Yves Thouault, prennent la direction du palais royal. Bernard Thévenet et Bernard Hinault s’invitent dans le bus qui amène tout ce beau monde à la réception d’Eddy Merckx par le Roi (voir page suivante). "Impossible de remettre la main sur mon pantalon de costume, ce matin. J’ai dû enfiler un autre costard en vitesse, sans quoi je débarquais avec une veste et un pantalon dépareillés chez le Roi", rigole Prudhomme. "Je suis un peu bordélique mais pour ma défense, je circule dans trois voitures différentes sur le Tour et l’enchaînement des hôtels n’aide pas."
De retour à Brussels Expo deux heures plus tard, l’ancien journaliste retrouve quelques ex-confrères le temps d’avaler rapidement un repas en salle de presse. Avec le sentiment du devoir accompli : chez le roi Philippe, Eddy était tout heureux des honneurs qui lui étaient faits, ce qui conforte Prudhomme dans le choix de Bruxelles comme ville départ de ce Tour 2019.
Après quelques coups de fil, il retrouve Pierre-Yves Thouault, son homme de confiance, pour une ultime mise au point. À deux reprises durant la journée, on a d’ailleurs entendu Christian Prudhomme demander à ses collaborateurs de tenir Thouault informé : "Si tu me l’as dit juste à moi, ça ne suffit pas. Mais si tu l’as dit à Pierre-Yves, il s’en souviendra", énonce-t-il à propos d’une information à ne surtout pas oublier.
Il est déjà 16h et Fabrice Tiano, attaché de presse d’ASO, réapparaît en même temps que plusieurs journalistes venus interviewer le patron du Tour : "On ne va pas dire que le timing de la journée est minuté mais ce n’est pas loin d’être le cas", sourit celui qui tient l’agenda de Prudhomme à jour. L’Équipe (par téléphone), Al Jazeera (face caméra) et RTL (direct radio) prennent chacun quelques minutes du temps de Prudhomme, avant un petit point presse organisé avec plusieurs radios françaises.
Le patron du Tour quitte Brussels Expo vers 19h. Ce qui lui laisse à peine le temps de repasser par sa chambre d’hôtel, avenue de la Toison d’or, avant de filer au traditionnel souper de veille de Grand Départ.
Toujours ponctuel malgré son agenda chargé, Prudhomme arrive à 20h pour ce repas au Musée royal des beaux-arts. 200 personnes y sont conviées, dont 80 d’ASO et de nombreux élus, à commencer par Didier Reynders, Guy Vanhengel et Philippe Close. L’heure est alors au gueuleton mais aussi aux derniers discours et aux discussions, notamment avec Eddy Merckx, toujours présent et toujours autant sollicité.
Le repas se terminera après minuit et la journée du patron du Tour aura duré 19 heures. "Non, les suivantes ne seront pas plus calmes entre les transferts, les repas presque tous les soirs et, évidemment, la course."
On sent malgré tout que l’homme fort du troisième plus grand événement sportif au monde est dans son élément…